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Sur le chemin de Notre-Dame de Velankanni

d'Aymeric D.         9 novembre 2011

De fines gouttelettes de pluie coulent sur nos visages encore marqués par le sommeil. Il est quatre heures et demie du matin. Tout est sombre et calme dehors quand nous sortons du Point-Cœur, vêtus en orange de la tête au pied (chemise, « kavi », foulard) et chaussés de simples sandales.

Cette atmosphère un peu lugubre n’entame aucunement notre moral. Au contraire, Pascal et moi-même sommes très excités de rejoindre le groupe de notre paroisse avec lequel nous entamons ce matin le pèlerinage annuel vers le sanctuaire dédié à Notre-Dame de la Santé, situé à Velankanni, à près de trois cent kilomètres de Chennai.

Neuf jours de marche, autrement dit le temps d’une neuvaine. Nous emportons avec nous toutes les intentions de nos amis du quartier, nos parrains, nos familles et l’Œuvre Points-Cœur. La messe est dite. Il est six heures du matin, le cortège démarre. Pas moins d’une journée sera nécessaire pour traverser la capitale du Tamil Nadu et rejoindre Tambaram, situé dans la proche banlieue de Chennai.

A Chengalpett, nous nous affranchissons du groupe un instant pour faire une halte chez nos « Sisters » Points-Cœur. Le temps d’un échange autour d’un bon dîner, d’une douche et d’une lessive, et nous voilà repartis en direction de cet ancien Comptoir français qui nous faisait déjà rêver sur les bancs de l’école, Pondichéry.

Puis s’ensuivent les villes de Chidambaram, Karikal (cet autre ancien Comptoir) et enfin Nagappattinam avant l’arrivée à Velankanni.

La dernière journée sera la plus extraordinaire de toutes. Il faut avoir vu la procession finale vers l’église du sanctuaire. Les drapeaux et bannières arborant les couleurs de Notre-Dame, rassemblés en tête du cortège, portés haut et fier. Puis, dans un élan commun d’immense dévotion, l’ensemble des pèlerins entame un pas de plus en plus prompt et c’est bientôt une foule immense qui, récitant inlassablement des invocations à la Vierge Marie, se dirige vers l’église. Enfin, nous voilà aux pieds de « Mada » ! Le but est atteint. C’est un beau chemin que nous venons de parcourir. Les pieds sont engourdis, mais à cet instant, l’âme chante de joie.  

Et sur ce chemin justement, quel enchantement, du matin au soir ! Nous sommes émerveillés par la beauté qui nous entoure. Les paysages somptueux de la campagne indienne, les scènes bucoliques de vie dans les villages où les femmes font la cuisine dans des fours en terre cuite. Enfin le travail des hommes et des femmes dans les champs de riz ou les palmeraies. Mais ce sont avant tout les visages radieux des enfants qui me touchent. Il y a aussi les regards incrédules des adultes, surpris de voir, parmi l’immense foule indienne de pèlerins, deux jeunes occidentaux marchant d’un pas alerte. L’étonnement vient aussi de nos compagnons de marche qui, avec une extrême gentillesse, s’émeuvent de notre présence parmi eux. Ce pèlerinage est aussi l’occasion pour nous de rentrer plus profondément dans la culture tamoule. Nous faisons l’expérience d’une immense prévenance à notre égard et d’une attention de chaque instant. Autant par nos hôtes sur la route qui nous accueillent chez eux comme des princes que par nos co-équipiers qui ne nous laissent jamais pendant les moments de pause sans un biscuit à grignotter ou un jus pour se désaltérer. Pas un jour nous ne ressentons ni la faim ni la soif ! Nous admirons aussi le courage de nos amis qui, malgré leurs ampoules au pied, n’en continuent pas moins d’avancer avec le sourire gardant pour l’après-pèlerinage le souci même de soigner les plaies. Enfin, nous sommes ravis de nouer de nouvelles amitiés avec des personnes habitants notre quartier. Nul doute que cette belle expérience de pèlerinage partagée est un ciment fort pour l’amitié !

Photo © Aymeric D.

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