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Au Sénégal, une victoire de la démocratie

de Moussa Sagna     28 mars 2012
Sénégal, Politique, Temps de lecture : 3 mn

Les cris de joie, les klaxons des voitures, les hurlements des jeunes et des vieux, en un mot l’euphorie a envahi les quartiers de la ville de Dakar. Le Sénégal vient de tourner la page d’une période d’incertitude et de violence.


Scènes de liesse à Dakar après les élections

Depuis le 26 janvier, date à laquelle le conseil constitutionnel a validé la candidature controversée de Me Abdoulaye Wade, le président sortant, qui cherchait à briguer un troisième mandat, le pays et surtout sa capitale a vécu au rythme de manifestations opposant les forces de l’ordre et l’opposition. La décision du conseil constitutionnel a déteint sur la bonne tenue de la campagne électorale, et à cause des violences, nombre d’électeurs se sont abstenus de se rendre aux urnes. Un climat de suspicion s’est installé entre les différents acteurs du jeu politique ; l’opposition accusant le pouvoir en place de menacer que ne se répète le scénario ivoirien.

Mais, cette soirée du 25 mars vient à nouveau témoigner de la présence d’une grâce divine sur le sol sénégalais. Vers 22 heures, le président Abdoulaye Wade accepte sa défaite et appelle son adversaire pour le féliciter alors que les médias continuaient à donner les résultats issus des bureaux de vote. Ce geste a concouru à libérer les sénégalais. Ces derniers, apeurés et inquiets que leurs votes soient confisqués, jubilent tout en magnifiant la grandeur du candidat malheureux et le triomphe de la démocratie.

Pourtant, ce n’est que le respect d’une tradition démocratique vieille de plus d’un siècle. En effet, les populations sénégalaises ont, dès 1885, commencé à voter. En plus, des alternances démocratiques ont eu lieu à plusieurs reprises : de l’élection de Blaise Diagne, au début des années 1900, à celle survenue en 2000 avec l’arrivée au pouvoir du Parti Démocratique Sénégalais en remplacement du Parti socialiste dirigé alors par M. Abdou Diouf. Ce dernier, à l’instar d’Abdoulaye Wade, avait appelé son vis-à-vis pour le féliciter de sa victoire et lui annoncer qu’il était le nouveau président de la République. Cette alternance, en somme, n’est qu’une suite logique pour un pays habitué à élire et à changer de dirigeants par la voix des urnes.

Par ailleurs, cette victoire de la démocratie sénégalaise est favorisée par la liberté de la presse à qui on a permis de sillonner les différents centres électoraux du pays et à diffuser en direct les tendances. De même, il y a au Sénégal un aspect plus fondamental, c’est son esprit de dialogue et son sens religieux, animé par certains grands dignitaires religieux aujourd’hui disparus tels Cheikh Ahmadou Bamba, El Hadj Malick Sy, le cardinal Hyacinthe Thiandoum et actuellement le cardinal Théodore Adrien Sarr : « Il porte la toge de sage avec grâce et classe, laisse tomber de la chaire ses bons mots au bon endroit et au bon moment. Le cardinal de Dakar, Théodor Adrien Sarr, joue à merveille son rôle de régulateur social, d’éveilleur des consciences et de vigie morale avec un rare talent. Et un savoir-faire fascinant. Il intervient courageusement sur les sujets brûlants de l’actualité nationale, interpelle avec franchise les tenants du pouvoir, puis guide sa communauté minoritaire (10%) sur une population musulmane de 90%, avec les vertus cardinales qui sous-tendent la nation sénégalaise. Depuis qu’il est archevêque de Dakar (2000), Théodor Adrien Sarr fait de son mieux pour porter la voix de l’Eglise sans ébranler les fondements de la nation sénégalaise. Sans mettre en péril les principes de la laïcité qui ont toujours jalonné la marche commune des Chrétiens et des Musulmans dans ce pays »[1].

Ainsi, ce peuple au même but et à la même foi a toujours recours à Dieu et aux palabres pour résoudre ses soucis. Qui disait que la démocratie était un luxe inaccessible aux Africains ?


[1] L’observateur, n° 2530, 25-26 février 2012, article de Mor Talla Gaye, « la voix de Monseigneur est pénétrante »

 

 

 

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