Home > Fioretti > Célestine « ma belle »

d'Alenjandra Manquepi  7 janvier 2013
Temps de lecture 2 mn

En arrivant au Sénégal, je pensais que le plus difficile pour moi serait de m’habituer à la présence des enfants. Je ne pouvais m’imaginer une telle quantité d’enfants présents dans la maison, pendant la permanence. Jouer avec eux, éviter qu’ils se tapent, qu’ils s’insultent, etc. En fait, après quatre mois de mission ici, je peux dire que la joie de me lever chaque matin est bien celle de savoir qu’ils viendront me donner de la vie. Ce sont les experts de la compassion.


© Points-Cœur

Un jour triste, vide, un frère qui m’a fait enrager, une situation incompréhensible, et il suffit qu’Aregina, Jimy, Niouniou, Yara, Sukunda, ou Célestine me serre dans leurs bras et tout prend une autre dimension.
Célestine a six ans. Elle avait une sœur jumelle qui, elle aussi, était née avec une hydrocéphalie. La sœur de Célestine n’a pas vécu longtemps. Mais ma petite amie, « ma belle », vit pour les deux. Cela fait seulement un an et demi que Célestine marche… vous pouvez vous imaginer combien pour nous, il est déjà assez fatiguant de marcher dans le sable. Sa grosse tête la déstabilise mais ne l’empêche pas de se mettre à genoux en entrant dans la chapelle et de faire son signe de croix. Elle est, par ailleurs, très intelligente, parle très bien le français et a toujours quelque chose à te répondre, une réponse qu’elle donne avec une certaine autorité. Célestine nous dit toujours des choses qui nous redonnent le moral, et à partir de rien elle nous lance des phrases comme : « Tu es très jolie aujourd’hui… Tout ce que tu as préparé pour le déjeuner était délicieux… Aujourd’hui je prie pour toi… Je vais chanter une chanson pour toi ».
Quand je m’absente de la maison un jour entier et que j’arrive la nuit, comme tous les enfants et les amis dans la rue, elle se tient sur le palier. Dans la rue sans lumière, il est bien difficile de nous reconnaître et il me suffit donc de crier : « Où se trouve ma belle ? » Et elle répond en criant : « Je suis ici ! » Elle m’embrasse alors fortement et me dit : « Où es-tu partie aujourd’hui ? Tu m’as manqué ».
 

Vous aimerez aussi
El Salvador, entre foi ardente et gangs
Vivre en ce temps
Vincent Munier ou « l’éternel émerveillé »
La petite fille et la lumière

2 Commentaires

  1. Mariana Claverp

    Grande Ale. Mil gracias por transmitir tu pasión por tu misión en Senegal y sus niños.

    Un gran abrazo para ti… ¡y Célestine!

  2. merci, Alejandra, pour ce joli portrait de votre petite Célestine. embrassez-la de la part de la maman de P.Tibo. je vous garde dans mon coeur et ma prière.

Répondre à Mabi Effacer la réponse