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La mission sacrée de l’armée libanaise

« Ersal » (« le trône de Dieu » en araméen) : c’est dans ce petit village situé au nord est du Liban, à la frontière avec la Syrie, que l’armée libanaise mène très courageusement un combat bien difficile contre des hommes armés de l’état islamique (Daech). Après la Syrie et l’Irak, Daech attaque aujourd’hui le Liban, et tout particulièrement l’armée libanaise, « l’armée des croisés » comme l’appellent en se moquant ces hommes armés.


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L'armée libanaise mène à Ersal un des combats les plus importants et les plus violents qu'elle ait jamais vécus. C'est aussi l'occasion pour elle de révéler son unité, son professionnalisme, et sa capacité à faire face à un assaut considéré comme particulièrement difficile car Daech a des façons inhabituelles de combattre. Si l'armée relève ce défi, c'est pour permettre à l’Etat libanais de « rester en vie ». Ces groupes terroristes ne menacent pas en effet seulement Ersal et la Békaa, mais le pays entier.  

Ce que défend l'armée libanaise, c'est un bout de pays qui n’est pas simplement un pays, comme n’a cessé de le rappeler saint Jean-Paul II aux Libanais, mais un message pour l’Orient et pour le monde entier. Le Liban est une terre libre et protégée par les "seigneurs de ces lieux" : les chrétiens et les musulmans, qui ne sont pas seulement réunis physiquement sur un territoire géographique, mais surtout unis et prêts à donner leur vie pour défendre fidèlement cette expérience qu’ils vivent depuis des siècles dans leur pays. Le Liban est pour cela un signe tout particulier d'espérance. Son armée est un signe visible et concret de cette unité car elle compte des soldats de toutes les régions du Liban et de toutes ses religions, qui défendent ensemble le Liban des chrétiens, des sunnites et des chiites. Parmi les soldats déjà tombés au combat ces derniers jours, il y a d'ailleurs tout à la fois des sunnites, des chiites et des chrétiens.

Dans la zone où ont lieu les combats vivent majoritairement des musulmans sunnites : beaucoup ont été tués car ils refusaient d'adhérer à Daech. L'armée libanaise a évacué adultes et enfants afin qu'ils puissent se réfugier dans le village voisin. On peut entendre un père de famille fuyant avec femme et enfants supplier devant la caméra : "Nous voulons la Miséricorde de Dieu, c'est la seule et unique chose que nous demandons !".

Le ministre de la justice Achraf RIFI a rappelé aux responsables libanais de toutes les confessions, leur devoir de fidélité au Liban, afin de soutenir et d'aider l'armée : "Je dis à tous les responsables : la solution n’est pas dans les mesures de sécurité, elle n'est pas non plus militaire ; la solution est premièrement dans la politique. La solution est uniquement dans la politique. Ensuite la sécurité et l’armée aident et traduisent cette décision politique. Je ne dirais pas qui porte la responsabilité de ce qui est en train de se passer. C’est avec une grande désolation que je dis : ce sont ces « petits états » dans l’Etat libanais qui nous ont mené à la situation qui est la nôtre aujourd'hui. Le salut de notre pays est uniquement dans notre attachement à notre Etat libanais, et il n’y a pas de deuxième choix, un choix autre que l'Etat libanais. « Ces petits états », même ceux qui appartiennent aux courants les plus importants, il faut qu'ils se retirent paisiblement et définitivement. Le Liban ne peut plus payer le prix d'aventures non prévues, d'aventures régionales qui dépassent ce qu'il est capable de supporter et ont des conséquences qu'il ne peut assumer. Nous sommes devant des moments décisifs sur le plan national. J’invite tous les responsables politiques à se serrer les coudes et à s’asseoir à la même table, à n'avoir qu'une seule main pour trouver une issue. »

Dimanche dernier, lors d’une conférence de presse, le commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi s’est adressé à tous les Libanais : "La situation est beaucoup plus grave que d'aucuns veulent le croire. Cette attaque terroriste n'est ni fortuite ni spontanée. Elle a été préméditée depuis longtemps, semble-t-il, et attendait le bon timing. Ceci se manifeste dans la rapidité avec laquelle manœuvrent les islamistes."

Le Premier ministre Tamam Salam, ainsi que tous les partis politiques, tous les chefs religieux et tous les Libanais ont assuré l'armée du "soutien total et de la confiance complète dans sa mission sacrée".

Cette mission sacrée est en réalité celle de tout le Moyen-Orient, comme le pape Benoit XVI l'a rappelé le 15 septembre 2012, lors de sa visite au Liban quand il s'est adressé à tous les chefs religieux et responsables politiques au palais présidentiel : « Avec vous, je viens de planter un cèdre du Liban, symbole de votre beau pays. En voyant cet arbrisseau et les soins qu’il demandera pour se fortifier jusqu’à étendre ses branches majestueuses, j’ai pensé à votre pays et à sa destinée, aux Libanais et à leurs espérances, à toutes les personnes de cette région du monde qui semble connaître les douleurs d’un enfantement sans fin. J’ai alors demandé à Dieu de vous bénir, de bénir le Liban et de bénir tous les habitants de cette région qui a vu naître de grandes religions et de nobles cultures. Pourquoi Dieu a-t-il choisi cette région ? Pourquoi vit-elle dans la tourmente ? Dieu l’a choisie, me semble-t-il, afin qu’elle soit exemplaire, afin qu’elle témoigne à la face du monde la possibilité qu’a l’homme de vivre concrètement son désir de paix et de réconciliation ! Cette aspiration est inscrite depuis toujours dans le plan de Dieu, qui l’a imprimée dans le cœur de l’homme. C’est de la paix que je désire vous entretenir car Jésus a dit : سَلامي أُعطيكُم  ("Je vous donne ma paix")."

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1 Commentaire

  1. Le Mée Louis

    Vive le Liban et son peuple! Qui garde son unité face à ce défi terrible qui veut encore anéantir ce beau pays avec ses personnes attachantes! Il y a bien longtemps que je ne suis pas retourné au pays des cèdres mais sur mes 19 mois de présence une partie de moi-même est resté là bas!