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Islamisation : Merkel met au défi les chrétiens

« Madame la chancelière, comment comptez-vous protéger l'Europe et notre culture de l'islamisation ? » Cette question posée à l'Université de Bern à Angela Merkel fait le buzz en ces jours où l'Allemagne accueille plus de 10.000 réfugiés et annonce en recevoir 800.000 sur l'ensemble de l'année (source).

Le courage d’être chrétien

La question posée au cours de la réception du titre de docteur Honoris Causa en 2009 reste d’actualité : « Avec tous les réfugiés qui viennent de Syrie, qui ont pour la plupart une culture musulmane, il se développe une grande peur de l’islamisation. Comment comptez-vous protéger l’Europe et notre culture de l’Islamisation ?»

La chancelière, après avoir précisé le débat en évoquant l’islam radical sévissant au Moyen-Orient, en Irak et en Lybie et la contradiction inhérente à une culture de la peur, répondait : « nous débattons aussi beaucoup en Allemagne sur le fait que nous avons beaucoup de musulmans, mais du moment qu’il y a déjà plus de 4 millions de musulmans, il ne convient pas de se demander si l’Islam appartient ou non à l’Allemagne. Mais il est clair qu’il subsiste une inquiétude, et je dois dire que nous avons toutes les possibilités et la liberté de confesser et pratiquer notre religion et de mieux la connaître. La question ce n’est pas de rejeter la religion musulmane, mais de nous demander si nous avons encore le courage de dire que nous sommes chrétiens. Avons nous le courage d’entrer de cette manière dans un dialogue ? »

Elle continue : « Nous pouvons encore retrouver la tradition de participer à la messe ou de lire la Bible, ou d’entrer dans une église pour expliquer un tableau. Et si nous avions la possibilité de faire écrire en Allemagne sur la signification de la Pentecôte, nous nous rendrions compte que les connaissances sur l’Occident chrétien ne sont peut-être pas si lointaines. Je trouve donc étrange qu’on puisse se plaindre que les musulmans connaissent mieux le Coran que nous la Bible. Et peut-être pourrait-on faire avancer un peu ce débat si nous nous occupions de nos propres racines en ayant un peu plus de connaissances sur le sujet. »

De la vulnérabilité au témoignage

Ainsi, la prise de conscience toujours plus aigüe de la confrontation inéluctable de deux cultures pose les Européens devant la consistance réelle de leur identité, comme en témoigne les mouvements de contestation populaire en Allemagne. Pourtant, dans certains villages bavarois la construction de mosquées par des immigrés récemment installés ne représente aucune agression pour des habitants sûrs de leur foi. La rencontre des cultures ne pose donc problème que dans un contexte d’incertitude et de fragilité, précisément dans la mesure où l’on a déjà perdu ses assises. C'est bien la situation de nos pays.

Devant le risque de se faire absorber, une culture menacée peut se laisser faire passivement, en se targuant d’un laïcisme anachronique pour tenter de sauver le « vivre ensemble », ou se défendre par la violence et l’extrémisme comme on le voit en Inde ou au Moyen Orient. Mais la chancelière dans son style à la fois consensuel et implacable suggérait un défi intéressant. Cette troisième voie consiste à prendre au sérieux son identité, à se hisser à la hauteur de sa propre tradition. Elle peut devenir celle du témoignage chrétien. En effet, si le but de la vie humaine est de connaître le bonheur, si par ailleurs, l'islam est de plus en plus proposé comme une alternative au vide des sociétés occidentales, il est raisonnable et respectueux de répondre à ces réalités en prenant au sérieux son propre point de départ culturel. Comme le Dalaï Lama le rappelait à propos du Bouddhisme, les occidentaux devraient approfondir leur propre tradition plutôt que de plaquer des concepts inadéquats sur une pratique qu’ils ne saisissent pas dans sa profondeur faute d’en partager la culture. De fait, on ne peut rencontrer réellement quelqu'un qu'en étant soi-même quelqu'un. On ne peut dialoguer qu'en cherchant la vérité.

De l’islamophobie à la réalité

Nos pays traversent une crise sans précédent. On épilogue sur la responsabilité des gouvernements européens et des USA relativement à l’origine de ces flux migratoires. On s’étonne de la contradiction d’un système qui bloque massivement l’immigration légale et accueille à bras ouvert toute entrée clandestine. On s’interroge sur la fuite de populations majoritairement jeunes, célibataires, compétentes et masculines qui abandonnent derrière elles des pays où ne restent que les pauvres et les plus vulnérables (cf. Article de Maxime Tandonnet). On discute des méthodes à employer pour faire face à l’arrivée massive de migrants ou sur les réponses militaires adéquates à la situation du Moyen Orient. Pourtant, force est de constater que ces problèmes sont subis sans que les populations aient quelque chose à dire. Les décisions semblent régies par des intérêts et des circonstances qui nous échappent. Le problème concret de tout un chacun n’en reste pas moins aigu : la question de la confrontation des cultures est devenue un aspect incontournable de notre quotidien.

Si l’on veut réellement respecter les personnes issues de l’immigration, il est certaines mesures de bon sens qu’on devrait pourvoir proposer sans tomber sous les coups des accusations manichéènnes. Par exemple le droit des hommes à rester dans leur pays comme le rappelait Benoît XVI (source), ce qui implique une protection des gouvernements imparfaits capables pourtant d’assurer un minimum de cohésion et de paix. Ou bien, s’il n’est plus possible de rester, le droit de refaire sa vie dans un environnement favorable et adéquat.

Cette question qui fait scandale chez nous lorsque deux maires français proposent de n’accueillir que des chrétiens  (Le figaro), n’est pas évincée par le monde musulman, si l’on en croit ce mouvement de jeunes activistes des pays du Golf. Pour ces musulmans, les pays du Golf « sont plus "légitimes" que l’Europe pour accueillir les Syriens. (…) L’hospitalité est une valeur reconnue en Orient (…), il faut surtout aider les Syriens au nom de l’islam. La notion de solidarité islamique a toujours été présente, notamment en Arabie saoudite où des réfugiés politiques islamistes avaient été accueillis dans les années 1970 » (France24). Ce qui est en jeu n’est donc pas le caractère islamophobe de telles positions (Michel Huellebecq : comment peut-on être islamophobe), mais la possibilité ou non de poser un regard sur des personnes réelles. En plus de la gestion de l’urgence humanitaire, les pays européens devraient s’engager fermement et sans tergiverser sur ce genre de voies.

La réalité de l’islam : une provocation

Il n’en reste pas moins que la présence des musulmans en Europe est un état de fait provocant : la culture musulmane, au delà de ses ambigüités liés à un radicalisme plus ou moins latent, fait montre de dynamisme, de fécondité, d’élan missionnaire. Elle est jeune et porteuse d'un certain nombre de valeurs que les démocraties occidentales ne tolèrent que par souci électoral, mais qu’elles récusent lorsqu’elles sont proposées par des chrétiens. Des populations africaines et du Moyen-Orient arrivent en Europe avec une vision plus traditionnelle de l’homme qu'on a réduite en occident à un légalisme abstrait. Légalisme, soit dit en passant, qui pourrait être remplacé par un autre plus brutal, s’il continue de ne s'appuyer que sur du vide.

Permettons alors de poser la question en ces termes : pourquoi une telle situation a-t-elle été permise par la Providence ? Outre les changements sociétaux que cela ne manquera pas d'engendrer, n’y a-t-il pas une véritable provocation pour l’Occident qui se contente d'une culture superficielle et s’enlise dans un cynisme diplomatique aux accents faussement solididaires ? Qu’auraient à gagner le monde musulman, outre l’islamisation de l’Europe, au contact de nos pays et de nos cultures dont les fondements s'enracinent dans une vision judéo-chrétienne de l'homme, de sa liberté, de l'histoire ? N’y a-t-il pas un sens à ce que ces populations soient massivement mises en contact avec l’Europe et son héritage ? Ne serait-ce pas une possibilité pour l'Occident de redécouvrir ce qui fait sa vie et sa légitimité, à savoir, non seulement ses racines chrétiennes, mais le Christ lui même ? Ces populations ne pourrait-elles pas aussi bénéficier de la proposition vivante d'un christinisme réel ?

Il ne s’agit pas de minimiser les enjeux ni les risques. On sait qu’une minorité de fanatiques peut emporter les foules, comme dans l’Allemagne des années 30 ou la Russie révolutionnaire. Mais la soif de liberté et de vérité, la capacité d'adhérer au Beau au Bien et au Vrai n'en reste pas moins une donnée positive de la nature humaine, un point de départ à partir duquel un chemin est possible. Le défi lancé par la chancelière allemande, même s'il constitue une vive remontrance face à des inquiétudes partagées par beaucoup, doit donc être pris au sérieux. 

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5 Commentaires

  1. CIément

    Laissez venir à moi les enfants, car le Royaume est à ceux qui leur ressemble (Mt 19,14)

    Merci Denis, pour ce texte qui sort des sentiers battus puisqu'il semble comode en ce moment de tout mettre sur le dos de Mme Merkel.

    Savoir d'où l'on vient pour que la rencontre soit vraie, voici une touchante illustration de ce fait dans la bouche d'un petit enfant. La caractéristique d'un enfant est cette conscience d'appartenir qui lui donne une capacité d'entrer en relation avec tout chose sans préjugé et avec le plus grand "réalisme". 

    A la question d'un journaliste sur la composition de son jardin d'enfant: "est-ce qu'il y a des étrangers?", celui répond sans le moindre instant de réflexion: "non, il n'y a que des enfants"

    Déjà plus de 2,5 millions de vue http://www.dailymotion.com/video/x31zl51

    1. Denis Cardinaux

      Merci pour cette référence, qui vient donner la note la plus juste. C'est avec un tel regard que l'on peut avoir l'audace de l'espérance. D'ailleurs il y a de bons passages dans l'interview de qui suit. 

  2. bekeongle

    Ce que j'aime bien chez vous, les gens de PC, c'est cette capacité à nous faire sortir de l'atmosphère parfois irrespirable des medias-système.

    En ce qui concerne Angela, qui porte un prénom bien connu des Napolitains …., elle a , malgré tout, été obligée d'abattre une des grandes …. conquêtes (mais j'enlèverai bien le suffixe -quêtes ……pour le remplaver par -nerie ! ) qui était la suppression des barrières frontalières.

    Ceci, joint à la directive Bolkenstein à laquelle il fallait quand même penser, a permis un entraînement irrésistible d'esclaves modernes vers l'espace européen, et ce depuis des années.

    Cela a bien servi nos amis d'Outre Rhin puisque nous, les Français, on ne tient plus la route ou presque plus, sur le plan économique …..

    Et voilà qu'Angela se fout comme d'une guigne de l'espace dit de Schengen et décide, unilatéralement, de fermer ses frontières à ce flot monstrueux dont on sait bien , désormais, qu'il est parfaitement orchestré, instrumentalisé, et que le "bétail" humain fait l'objet d'un marché juteux de type maffieux….

    Dernière nouvelle en date à savoir mais que la Presse-Système ne dévoile pas : ce que dit le Général Gomard qui bosse dans les renseignements français ! INSTRUCTIF POUR TOUS CEUX QUI CONTINUERAIENT A NE PAS VOULOIR SAVOIR !!!