Home > Eglise > Témoignage sur le célibat des prêtres : « ton cœur est libre pour moi ! »

Témoignage sur le célibat des prêtres : « ton cœur est libre pour moi ! »

Le "coming out" du père Charamsa surgissant à la veille de la reprise du Synode sur la famille, fait surgir de façon pressante la question du célibat et de l'équilibre affectif des prêtres. Voici le témoignage d'un prêtre du diocèse du Puy-en-Vellay, le p. Emmanuel Gobillard en mission à Madagascar.

"En entrant au séminaire, j’ai été attiré par la vocation sacerdotale et j’en ai accepté le célibat parce que je n’avais pas le choix. Si j’avais eu le choix, je me serais peut-être marié. Pour choisir, en vérité le célibat, il faut faire une rencontre authentique et bouleversante, il faut vivre un authentique coup de foudre. Souvent, avec Dieu, cette rencontre est progressive, faite de lumière mais aussi de nuits. Nous entrons progressivement dans le mystère de la rencontre avec Dieu parce qu’il ne force pas notre sensibilité.

Le geste par lequel nous nous engageons au célibat est significatif. L’évêque nous demande de faire un pas en avant pour « exprimer notre résolution ». Ce pas m’a toujours fait penser à l’épreuve infligée à Harrison Ford à la fin d’un des épisodes d’Indiana Jones. Il doit franchir un précipice en marchant dans le vide. Si mes souvenirs sont bons, la poutre apparaît à mesure que le héros avance ! La foi, c’est un peu cela : accepter d’avancer et de ne comprendre qu’à mesure qu’on avance. Ainsi donc, je peux dire, au risque de choquer certains, que le célibat, je l’ai choisi progressivement. Heureusement que l’Eglise ne m’a pas donné le choix, sinon je ne l’aurais pas choisi. Je n’en aurais pas goûté toutes les richesses et je n’aurais pas pu exercer mon ministère avec autant de bonheur. C’est d’ailleurs pareil pour le mariage. Les jeunes époux, le jour de leurs noces ne connaissent encore rien des exigences de la vie matrimoniale. Ils ne savent pas encore que leur amour devra être purifié au creuset de la souffrance, qu’ils devront être fidèles surtout dans les petites choses, dans ces petits détails qui peuvent rendre la vie insupportable. Seul le pardon et un amour qui nous dépasse infiniment peuvent venir à bout de notre égoïsme, de notre orgueil, de notre paresse.

Toujours est-il que je me souviens très bien du jour où j’ai à la fois compris et accepté mon célibat. J’étais déjà prêtre. C’était à l’hôpital Spallanzani, hôpital de phase terminale des maladies infectieuses où j’étais aumônier. Mario, auprès de qui je me trouvais, était en train de mourir du S.I.D.A. Un jour, me regardant bien dans les yeux, il m’a dit : « je crois avoir compris le célibat des prêtres ! » Du tac au tac, je lui ai répondu : « Eh bien explique-moi parce que moi, je n’ai pas tout compris ! » Il a réfléchi et paisiblement il m’a dit : « quand tu es là, je me repose dans ton cœur ! » Je n’avais toujours pas compris, alors je lui ai demandé des explications. Il a ajouté : « Quand les dames de la croix rouge viennent, ce n’est pas pareil ! Elles sont mariées, elles ont des enfants et des petits-enfants, et je suis content qu’elles prennent de leur temps pour venir me voir. Je les trouve généreuses. Quand toi, tu viens, je trouve cela normal ! Il n’y a personne dans ton cœur que tu dois aimer plus que moi lorsque tu es à côté de moi. Ton cœur est libre d’être pour moi tout seul, et c’est cela qui me repose. Quand tu viens, j’ai l’impression d’être vraiment important, je sais que, au moment où tu es dans cette chambre d’hôpital, il n’y a personne qui, pour toi, soit plus important que moi. Si tu étais marié, alors je saurais qu’il y a dans ton cœur quelqu’un de plus important que moi et ce serait normal. Pareil si tu avais des enfants. Toi, non seulement il n’y a personne dans ton cœur qui sois plus important que moi, mais en plus tu as choisi cette vie. C’est une situation que tu as voulue. Cela me rend heureux. »"

 

Lire le témoignage complet. 

Vous aimerez aussi
Romano Guardini et l’Église
Le culte en temps d’épreuves – Lettre du Cardinal Sarah ( I )
Entretien avec le Cardinal Sarah ( II )
« Ne nous prive pas de notre espoir, Ô Ami de l’Homme ! »

2 Commentaires

  1. MCD

    J'ai lu le témoignage du père Gobillard ! Désolée mais je ne saisi pas l'intitulé de la présentation de ce texte, où vous mettez sur le même plan le coming out d'un prêtre, le célibat des prêtres, et la Famille.Votre cheminement est le suivant: prêtre homo, trouve âme sœur, se marie , fonde une famille …en empruntant le ventre d'une mère porteuse..je suppose.Quel amalgame! 

      Au fait où sont les femmes là-dedans??    MCD

     

     

  2. CI

    Merci pour votre remarque. Je comprends l'amalgame que vous craignez. Cependant, si ce prêtre a décidé de faire une déclaration publique à la veille du synode sur la famille, ce n'est pas une chose anodine. Dans beaucoup de conversations, la plupart de ces thèmes (célibat des prêtres, ordination des femmmes, remariage des divorcés, reconnaissance du mariage homosexuel) arrivent à la volée comme s'ils allaient ensemble, comme si l'Eglise devait enfin faire son coming-out des valeurs et accepter les états de faits de notre société. Un témoignage n'est pas un argumentaire, mais celui du père Gobillard vient donner une lumière toute simple sur un mystère que le père Charamsa qui se fait le porte-parole de l'esprit du monde, ne veut pas voir.

Répondre à MCD Effacer la réponse