Home > Accueil > Les voeux de Dietrich Bonhoeffer ou la grande Allemagne face à la barbarie

Les voeux de Dietrich Bonhoeffer ou la grande Allemagne face à la barbarie

Le 19 décembre 2016, un terrible attentat frappe l'Allemagne. Le 19 décembre 1944, depuis sa geôle du camp de concentration de Flossenburg, le pasteur évangélique Dietrich Bonhoeffer écrit à sa fiancée, Maria von Wedemayer, une lettre intitulée « mes voeux de Noël pour toi, pour nos parents et leurs frères et soeurs ». Le contexte en est sombre : son frère est mort au front, un autre, avec ses deux beaux-frères, est en instance d’exécution pour conspiration contre Hitler, lui-même sera pendu le 9 avril suivant pour « affaiblissement de la puissance combattive de la patrie » du fait de son inlassable activité théologique et pastorale contre l’idéologie nazie.

Dietrich Bonhoeffer en 1939
 

Cette lettre contenait le poème suivant, devenu par la suite un des textes les plus chantés en Allemagne, que ce soit à l’école ou dans les églises de toutes confessions.

Von guten Mächten

 
Oh fidèle et silencieuse présence de puissances bienveillantes,
qui merveilleusement protègent et consolent,
c’est en elle que je veux vivre ces jours en votre compagnie
et entrer avec vous dans une année nouvelle.
 
Oh merveilleux secours de puissances bienveillantes,
en lequel nous attendons, confiants, ce qui adviendra.
Dieu est avec nous au soir et au matin
et très certainement à chaque nouveau jour.
 
Nos cœurs peinent encore sous un joug ancien,
pèse sur nous le fardeau des mauvais jours,
Ah Seigneur, donne à nos âmes effrayées
le salut pour lequel Tu nous as créés.
 
Et si Tu nous tends le lourd calice, l’amer
calice de la souffrance, rempli jusqu’au bord,
nous le recevrons, reconnaissants, sans trembler,
de ta main bonne et aimée.
 
Mais Tu veux nous réjouir encore une fois
à ce monde et à l’éclat de son soleil,
et nous voulons nous ressouvenir du passé,
pour T’offrir toute entière notre vie.
 
Fais s’élever aujourd'hui la flamme chaude et claire
que Tu as apportée dans nos ténèbres,
fais-nous nous rencontrer à nouveau, si cela peut être.
Nous le savons, ta lumière brille dans la nuit.
 
Lorsque fond sur nous le profond silence,
fais nous entendre ce plein accord du monde,
qui invisible s’élève autour de nous,
le chant de louange de tous tes enfants.

 

A lire ces lignes, on comprend la profondeur des ressources spirituelles d’un pays capable de générer une telle attitude face au déchaînement du mal. Profondeur spirituelle qui s’est manifestée au cours des siècles dans toutes les formes d’art, dans la philosophie, et par une confiance toute particulière en les capacités de la raison et en l’instauration de l’état de droit. Albert le Grand, Dürer, Gutenberg, Bach, Goethe, Novalis, Kant, Einstein, Bonhoeffer, Adenauer, von Weizsäcker, Benoît XVI, pour ne citer qu’eux, autant de visages providentiels qui ont apporté une lumière inégalable dans l’histoire européenne.

Face au geste barbare qui a frappé Berlin après Paris et Nice, comment ne pas souhaiter que l’Allemagne donne au monde à nouveau de tels visages, qui nous enseignent la noblesse qui fait resplendir Dietrich Bonhoeffer au ciel des martyrs.

On peut écouter ici un extrait interprété par le choeur des petits chanteurs de la cathédrale de Limburg :

Vous aimerez aussi
« Un dieu s’est renié, comme un homme enserré dans un monde mourant »
« Noël sous les décombres » en Palestine
Conduites par l’Etoile
Noël, la crèche, une évidence

3 Commentaires

  1. Claire

    Bonne année Points-Coeur, bonne année à chacun d'entre vous ! Que le secours des puissances bienveillantes vous soit apporté chaque jour pour vous assurer de la beauté de votre mission… Puissiez-vous rester comme vous êtes, c'est ainsi que s'élève le plein accord du monde qui, invisible, s'élève autour de nous. Points-Coeur je t'aime et je prie !