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« Le financement de la prochaine frappe américaine sur la Syrie sera de la poche des arabes »

« ‘Le chien qui aboie ne mord pas’, dit un vieux dicton libanais. Heureusement, serait-on tenté d’ajouter, car dans le cas contraire, nous serions à la veille d’un affrontement direct entre les États-Unis et la Russie ». C’est avec cette phrase que le journal libanais L’Orient Le Jour commençait un de ses articles [1]https://www.lorientlejour.com/article/1109909/frappes-occidentales-en-syrie-moscou-est-il-pret-a-riposter-.html le 12 avril dernier. Le dicton révèle, au lendemain de l’attaque en Syrie, le point de vue des peuples libanais et syriens face aux menaces de Trump et de ses alliés. 

Samedi matin, les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont lancé une attaque coordonnée en Syrie. Répondant à l’usage supposé d’armes chimiques par le gouvernement syrien, 105 missiles ont atteint des centres de recherches scientifiques et des bases militaires. Aucune perte humaine dans l’armée syrienne ou russes n’ont eté déplorées. Les  tweets et les discours de menaces de Donald Trump et de ses alliés, semblaient avoir préparé le terrain pour éviter une attaque frontale avec la Russie. Une telle perspective, en effet, aurait pu conduire à une escalade militaire difficile à contrôler.

La Russie se trouvait ainsi avisée de la frappe, et à travers elle, l’armée syrienne qui avait pris soin d’évacuer les lieux quelques jours auparavant. Tout semblait donc programmé. S’inscrivant dans un contexte extrêmement tendu, ces évènements ressemblaient fort à une mise en scène hollywoodienne ayant pour but de sauver la face de Trump et de ses alliés occidentaux, suite à des discours flous et à des menaces trop vite prononcées.

Si nous lisons les derniers évènements, tout semble conduire à cette hypothèse. Une importante victoire pour Assad avait été annoncée après que les derniers rebelles aient abandonnés la Ghouta. Après 7 ans de guerre, Assad semblait redevenir le maître de la presque totalité du territoire syrien. En Irak, en Egypte et au Liban, l’Etat Islamique avait été vaincu. L’Arabie Saoudite, les Etats-Unis et le reste de l’Occident semblaient digérer difficilement cette nouvelle, démontrant, si cela était encore nécessaire, que leur objectif n’était pas tant la lutte contre l’Etat Islamique que le renversement du régime soutenu par l’Iran et la Russie.

Il y a une dizaine de jours, Israël bombardait des bases militaires syriennes sans que personne ne s’indigne de cette violation du territoire syrien. Bien au contraire, c’est Assad qui sera accusé d’utilisation d’armes chimiques, Washington et ses alliés affirmant tenir des preuves sans jamais les montrer, ni même attendre les résultats de l’enquête que l’OIAC comptait mener.

A cela s’ajoutent différents évènements qui montrent que l’enjeu de ces attaques dépasse largement le cadre syrien et s’inscrit dans le cadre de cette guerre froide et des règlements de compte entre les grandes puissances. Au cours des dernières semaines, le Prince héritier Saoudien, Mohammad Ben Salmane, a visité successivement le Royaume-Uni, les États Unis, et la France. L’Arabie Saoudite (principale ennemie de l’Iran, et donc d’Assad et de la Russie), semblait appliquer la prophétie de Nabih Berry, président du Parlement libanais s’adressant cette semaine aux députés en disant : « le financement de la prochaine frappe américaine sur la Syrie, sera de la poche des arabes ».

Ces dernières semaines également, les relations entre l’Occident et la Russie se sont dégradées suite à l’affaire de l’ex-espion Skripal, empoisonné en Angleterre. Affaire qui, selon la Russie, est devenue un prétexte manifestant l’intention de l’Occident de renverser le régime syrien et d’isoler la Russie.

Espérons qu’une escalade militaire incontrôlable n’aura pas lieu, mais laissera la place au dialogue et au bon sens des dirigeants des grands pays, évitant de nouveaux drames au peuple syrien, au Moyen-Orient, et au monde entier.

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5 Commentaires

  1. Richard

    Merci d'oser… voici un lien (il y en a tellement d'autre) qui montre que le grand méchant loup est loin d'être là où on nous dit qu'il est… 

    L'émission date un peu puisque c'est de 2016 mais elle est donnée lors d'un débat dans un média "non aligné" quoique la tendance est quand même plutôt pro-occidentale et par un spécialiste qui n'est pas pro Russe:

    l'extrès intéressant pour la situation actuelle:  https://www.youtube.com/watch?v=gbtoELYCZPc

    et le lien pour toute l'émission: https://www.rts.ch/play/tv/infrarouge/video/syrie-notre-honte-?id=8086696&station=a9e7621504c6959e35c3ecbe7f6bed0446cdf8da