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La canonisation de Newman : un point de vue anglais

Au lendemain de la canonisation de St John Henry Newman, l’Eglise Britannique s’est réunie autour de Mgr Nichols, Archevêque de Westminster, pour rendre grâce. Une messe particulièrement belle dans la basilique du Latran, emplie de la joie visible des anglais et des chants angéliques du choeur de la London Oratory School.

 

Photo : © Enrico Salvatore

 

L’homélie a été prononcée par Mgr Robert Byrne, évêque d’Hexham et Newcastle et Oratorien, dont la communauté a été fondée par Newman. Il a notamment rappelé que Newman était le premier confesseur anglais canonisé depuis la Réforme”.

Voici quelques extraits de l’homélie prononcée par Mgr Byrne :

Pour toi, sois prudent en tout, supporte l’épreuve, fais œuvre de prédicateur de l’Evangile, acquitte toi à la perfection de ton ministère” ces mots de Saint Paul sont certainement des mots que Newman devait beaucoup apprécier et qui s’appliquent à lui aujourd’hui (…) nous pouvons remercier Dieu Tout Puissant pour la canonisation de John Henry Newman dans cette magnifique cathédrale de Rome de Saint Jean du Latran. C’est ici que Newman a été ordonné diacre. Cette cathédrale, qui est un témoignage en pierre de l’unité de l’Eglise, était pleine de sens pour lui.

Peut-être n’aura-t-il jamais la popularité d’un Padre Pio, de Thérèse de Lisieux ou de Mère Teresa. Il n’a pas fait de choses grandioses comme ont pu le faire de nombreux saints, il était avant tout le prêtre, engagé la plupart de sa vie dans les devoirs ordinaires de sa vocation. Mais en même temps, il avait des dons intellectuels qui lui permirent de travailler sur les problèmes théologiques et philosophiques de son temps. (…) Comme son père spirituel St Philippe Neri, nous ne pouvons pas mettre Newman dans une boîte, nous devons le laisser parler lui-même et il nous enseignera beaucoup.

Je suis sûr que personne ne serait plus surpris que Newman de se découvrir canonisé saint. Au cours de sa vie, on lui avait suggeré qu’il menait une vie sainte et il répondit : « Je n’ai rien d’un saint comme chacun sait et c’est une sévère et salutaire mortification d’en être pensé proche ». Et plus touchant, il conclua : « C’est assez pour moi de cirer les chaussures du Saint, si Saint Philippe utilise du cirage au Ciel ». Néanmoins l’Eglise en décida autrement après délibération et approbation de deux miracles intervenus par l’intercession du Saint.

Alors peut-être devrions-nous nous demander quel genre de saint il était et ce qu’il peut dire à l’Eglise aujourd’hui. C’est Paul VI qui disait de lui : « Guidé seulement par l’amour de la Vérité et la fidélité au Christ, il est arrivé à la plénitude de la sagesse et de la paix. » En d’autres mots, c’est sa recherche infatigable et héroïque pour la Vérité et la sainteté qui nous reunit ce matin.

Alors qu’il était encore à l’école de Ealing, le jeune John Henry mena ce qu’il appela plus tard sa première conversion. En 1816, il devint selon ses propres mots convaincu de l’existence du « moi et de mon créateur ». Ce n’était pas un simple raisonnement intellectuel mais une profonde conviction qu’il était le sujet d’une autorité divine et lié par un dogme. Il s’abandonna complètement à la volonté de Dieu et commença sa vie de recherche pour la Vérité et la sainteté. Il avait alors « cette vision de l’Invisible qu’est la vie chrétienne ». Il se sentit être la créature de Dieu et responsable devant Lui – appartenant à Dieu et non à lui-même. C’était sa première conversion.

Nous pensons souvent que le tournant de la vie de Newman a été son accueil dans la pleine communion avec l’Eglise Catholique en octobre 1845 mais ce n’était pour lui qu’une progression naturelle pour grandir dans ses idées. Il lui coûta beaucoup de renoncer à sa famille, ses amis, sa carrière pour rejoindre l’Eglise dont il ne savait rien, mais son mot d’ordre était « la sainteté plutôt que la paix » et c’est cette détermination qui fit de lui un saint. La recherche de la sainteté et de la Vérité était pour St John Henry la force directrice de sa vie. Nous voyons tout au long de sa vie comment il a défendu la cause de la Vérité révélée et son courage pour la proclamer, non seulement par ses nombreux écrits mais aussi par les œuvres qu’il a fondées.

Newman avait également un grand don d’amitié. Sa devise « le cœur parle au cœur » montre que, comme Saint Philippe, il a atteint ses fins aussi bien à travers ses amitiés que par la prière, en promouvant l’importance de la beauté dans l’art et la musique. Il y a ceux qui le voient comme un intellectuel froid en opposition au charisme et à l’humour de Philippe Neri. Toutefois, John Henry, qui était avant tout un fils de Saint Philippe, avait ce charisme de nouer des liens personnels avec les gens, avec une profonde finesse psychologique et un amour pour chacun, un amour du Christ qu’il voyait en chacun, et les amenait à une amitié plus profonde avec le Seigneur. »

Mgr Byrne rappela qu’en 1879, Newman fut créé cardinal et devint alors un père pour l’église catholique d’Angleterre, un « trésor national ». « Il a été enterré le 19 août 1890, 20 000 personnes sont descendues dans les rues de Birmingham pour lui rendre un dernier hommage. Le Times lui accorda une pleine page et des messages de condoléance du monde entier ont plu sur l’Oratoire de Birmingham. Un cadeau, une amitié était avec lui alors et demeure aujourd’hui. »

Mgr Byrne nous invite désormais à prier pour qu’il soit un jour reconnu docteur de l’Eglise, et dans cet humour dont nos voisins ont le secret, de finir Nous repartons donc ce matin, réjouis que Saint John Henry Newman soit enfin acclamé saint de la Sainte Mère Eglise et probablement déjà en train de cirer les chaussures de Saint Philippe”.

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