Home > Fioretti > L’Amour a le dernier mot

d'Anne-Sophie Comby        5 novembre 2011
Buenos Aires (Argentine), novembre 2011.

 

Chaque semaine, nous quittons le barrio pour aller visiter des enfants atteints du SIDA dans un hôpital spécialisé qui accueille des enfants de toute l’Argentine. Une joie vraie, surnaturelle et vivante s’échappe de la chambre où ils sont tous réunis, joie qui me transperce le cœur chaque fois que je franchis le seuil.

Nous arrivons avec quelques jeux tout simples et nous jouons avec eux. Ces enfants, pour la plupart sont nés malades et le resteront toute leur vie et pourtant ils dégagent tant de joie… Ils ne demandent qu’à voir quelqu’un qui joue avec eux, leur prend la main, leur fait un sourire.

À cette personne-là ils donnent leur amour dès le premier regard, pas besoin de se connaître plus, quelque chose ou quelqu’un d’infiniment plus grand nous réunit. Du haut de leur chambre d’hôpital, ces enfants chantent leur joie d’être en vie, de pouvoir aimer, de voir qu’on les aime et que leur vie a du prix à nos yeux.

Gaby… Ce petit bout d’homme de six ans dégage tant d’innocence et tant de souffrances à la fois… Son sourire devient cri lorsqu’on s’aperçoit qu’il n’a déjà presque plus de dents, ses yeux se remplissent de larmes lorsque son papa le quitte. Gaby a perdu sa maman il y a deux ans et son absence laisse un manque en lui, un p’tit cœur qui demande que l’amour maternel le remplisse et qui reste vide pour toujours… La maladie emporte les adultes encore jeunes et laisse beaucoup de ces enfants orphelins. Pourtant, c’est beau de voir le papa de Gaby venir chaque jour visiter son fils, au prix de gros efforts pour se déplacer alors que lui aussi est gravement malade. Il doit s’occuper seul de Gaby car personne ne l’accepte dans sa famille.

La maladie est quelque chose de trop difficile à admettre, à accepter. Ce ne sont ni les statistiques, les analyses ou les discours qui consolent Gaby. C’est l’amour. L’amour est le langage des enfants, celui qu’ils accueillent avec joie et paix. Elle est si belle ma mission lorsque, après l’avoir serré dans mes bras en priant pour lui, Gaby reprend ses jeux et que son sourire fait briller tout l’hôpital (et même le monde entier). Quand Gaby est heureux, toutes les souffrances du monde, toutes les maladies, les injustices, les incompréhensions s’ouvrent vers une petite lumière, une espérance universelle. C’est l’amour, la présence d’un ami qui ouvre les yeux. Le chemin de souffrance reste le même, mais il est vécu dans la joie, car un ami lui tient la main, car quelqu’un l’aime. À cet instant, l’enfance prime sur la maladie et la souffrance de l’abandon, la joie et l’innocence priment sur les seringues et les virus, l’Amour a le dernier mot.

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