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« De qui ne chante pas, l’âme pourra brûler »

Le concert ukraino-russe « Wer nicht singt, dem kann die Seele verbrenne » (« De qui ne chante pas, l'âme pourra brûler ») a eu lieu au Kammermusiksaal de la Philarmonie de Berlin dans le cadre d'une nuit de Koupala, à l'initiative de Monsieur Roger Willemsen. Deux artistes, l'Ukrainienne Mariana Sadovska et le Russe Sergey Strarostin, s'y sont retrouvés pour cette occasion. Cette rencontre était aussi le signe de l´union de la souffrance et de la destinée des peuples d'où sont issus ces deux artistes.

Dans une étroite coopération, Mariana Sadovska, Sergey Starostin, le Trio Kurbasy de Lviv et les trois contrebassistes des rangs du Philarmonique ont monté un concert surprenant qui ne suivait pas des routes prétracées.

Les deux artistes ont une prédilection pour la musique ancienne. Elle est la base de toutes leurs recherches et expérimentations : à partir d'elle, ils créent du nouveau. Ils font partie des plus importantes voix d´Ukraine et de Russie et nous ont offert une expérience peu commune de l´amour pour leur propre culture. Ils sont les gardiens du folklore. Tous les deux ont fait de nombreuses recherches dans leur propre pays pour trouver des textes et des mélodies qui ont influencé la vie quotidienne de leur peuple. A travers voyages et rencontres, ils portent ces chants partout dans le monde.   

Par la musique, nous avons participé à une soirée de remémoration et d´improvisation, associées à une connaissance profonde des traditions et au courage de travailler avec des éléments très anciens, cherchant les racines du présent et construisant des ponts vers le postmoderne. L´échange entre les musiciens d´Ukraine et de Russie était respectueux et plein d´émerveillement. Les deux artistes ont trouvé beaucoup de points d'attache et plus d´éléments unissant les cultures russe et ukranienne que d´éléments les séparant. N´est-ce pas la première recherche de vérité que de quêter les éléments d´unité dans la vie ?

Il s´agissait des chansons remplies d´expérience et venant de l´intérieur, tout en tendant vers la perfection. Le public a été convié au silence pour pouvoir accueillir la musique et porter le sort de l´Ukraine et de la Russie.

Ces cultures d´Europe de l´Est ont beaucoup de ressemblances et les traits d´une origine commune. Les chants des deux cultures traitent du courant de la vie et du cycle des saisons. Ils nous ont fait ressentir, de couplets en couplets, la nuit de Koupala. Il était grand temps qu'un tel concert ait lieu car pour beaucoup d´Européens de l'Ouest, la Russie et l´Ukraine restent des terres inconnues à cause des rapports politiques polarisés et surtout parce que ce sont des régions culturelles inconnues. Pourtant, elles recèlent d´une richesse de chants, de coutumes et de rites qui valent le coup d´être découverts. « Seuls ceux qui se connaissent davantage, peuvent se faire face avec respect » dit Mariana Sadovska.

Malgré un fort contraste entre les interprétations presque minimalistes de Sergey Starostin et le chant passionné, amplifié et souvent théâtral de Mariana Sadovska, celle-ci voit en son compagnon russe un frère d´âme, quelqu´un qui, comme elle, préserve l´esprit des chansons, sans obligatoirement rester esclave du moule préconçu et c´est ainsi qu´elle nous montre la véritable liberté.

Ces deux artistes nous montrent que la culture, la musique, les traditions ne doivent pas être détruites par l´idéologie et les crises car c´est un peuple qui les définit. Il faut les rechercher pour pouvoir les vivre et pouvoir les transmettre de génération en génération.

Chants du concert :

Sergey Starostin « Vysoko » :

« Au fond, au fond d´un puits est l´eau, mais plus au fond est ma tristesse.
Large, large, s´est étalé le fleuve, mais pas au-delà de la lumière de grâce.
Mon cheval est parti loin, mais encore plus loin est ma confiance.
Haut, haut a volé le faucon, mais encore plus haut est mon amour, ma foi. »

 

Alina Dmytrenko

Marian Sadovska « Drevo » :
Drevo signifie arbre, l´arbre de la vie. J´ai composé ce morceau dans les jours mouvementés de janvier 2014, où en Ukraine tous les membres de ma famille, mes amis et tous les gens que j´aime et je chéris, tout le peuple luttait pour la paix et la dignité humaine. C´est pourquoi c´est la chanson de la vie, c'est ainsi que je comprends Drevo. A cela est rattachée la prière « Otsche Nasch » le Notre Père.

 

 

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