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Cela vaut la peine d’assister à une béatification (II)

Je pense que nous avons tous entendu parler du cardinal Wyszynski, mais peu d’entre nous ont entendu parler de Róża Czacka… Un joli  « tour  » joué par Dieu : en raison de la pandémie leurs béatifications ont eu lieu le même jour. Coïncidence ? Je ne le pense pas. Les destins des deux bienheureux se sont entremêlés, et grâce à leur béatification commune, davantage de personnes ont entendu parler de Róża. C’est certainement un « clin d’œil » du Cardinal, son ami de longue date. Pour moi, Róża est la patronne de la transformation des limites en bien, de la compassion pour ceux qui sont dans la même situation, de la capacité à voir plus loin, du discernement, et enfin de la sérénité. Sa béatification a eu lieu à Varsovie le 12 septembre, en compagnie du cardinal Stefan Wyszyński. Sa commémoration liturgique est célébrée le 15 mai.

 

Bienheureuse Rosa Czacka

 

Bienheureuse Rosa Czacka – mère aveugle des aveugles

La mère Elżbieta Róża Czacka (1876-1961) est surtout connue pour avoir aidé les aveugles. À l’âge de 22 ans, elle perd la vue. Sur les conseils de son médecin, elle commence à agir en faveur de personnes dans une situation similaire, dont la situation dans le Royaume de Pologne était à l’époque très difficile. Avant la Première Guerre mondiale, à Laski, près de Varsovie, elle créée la « Société d’aide aux aveugles » – ouvre une école et une pension de famille, et adapte l’alphabet braille à la langue polonaise. Ainsi la tragédie de sa vie est devenue le début de sa mission et une grâce pour les aveugles.
Déjà aveugle, elle apprend les moyens modernes d’aider les aveugles au cours de plusieurs voyages en Europe. Elle est aidée par la bonne éducation et les compétences linguistiques qu’elle a reçues à la maison. En effet Róża est issue d’une famille aisée – elle est comtesse, et nombre de ses ancêtres se sont illustrés dans l’histoire de la Pologne. Après avoir perdu la vue, elle déclare : « Toute ma vie, on m’a appris à me donner de l’importance, et maintenant je dois apprendre à être humble ».

En réparation pour l’aveuglement spirituel du monde

Au cours de son travail social, elle découvre que la cécité spirituelle est plus aiguë que la cécité physique et que Dieu l’appelle à quelque chose de plus. Elle fonde la Congrégation des Sœurs Franciscaines Servantes de la Croix, dont la mission est de servir les malvoyants et de réparer devant Dieu la cécité spirituelle du monde. Elle doit surmonter la réticence initiale de la hiérarchie de l’Église, qui a déclaré : « une pauvre aveugle veut fonder son ordre religieux ». Elle prend le nom de Sœur Elizabeth de la Croix. Malgré la cécité de ses yeux, elle a un don pour discerner clairement toutes choses.

Laski devient également un pilier spirituel de l’intelligentsia de Varsovie. Des artistes, des prêtres et des hommes politiques y viennent (jusqu’à aujourd’hui). Dans le petit cimetière situé à côté de l’établissement, on trouve les tombes de personnalités, notamment celles du Premiere ministre Tadeusz Mazowiecki, du poète Jan Lechoń et de l’écrivain Zygmunt Kubiak. Le cardinal Wyszyński avait l’habitude de dire à propos de ce lieu : « Je me souviens combien la grâce de Dieu a été agissante ici, qui a pris les gens par le col et leur a appris à voler alors qu’ils arrivaient au 36ème dessous ». L’œuvre de Laski s’est développée avec le soutien d’aumôniers successifs et d’amis de Mère Czacka, dont le Père Władysław Korniłowicz, dont le procès de béatification est d’ailleurs également en cours.

Constamment devant la face de son Dieu

Toute la vie de Róża  est marquée par la souffrance : la perte de la vue, les deux guerres mondiales et le soulèvement de Varsovie, la maladie à la fin de sa vie et la nécessité de quitter l’œuvre de Laski. Malgré cela, on disait d’elle qu’elle était une personne très joyeuse, on avait l’impression qu’elle souriait toujours. Après une attaque cérébrale, elle confie la gestion du projet Laski à d’autres personnes et se consacre à la prière, passant les dix dernières années de sa vie dans une cellule près de la chapelle de Laski.

Le cardinal Wyszynski, avec qui elle était en contact permanent par lettre, l’a accompagnée dans les derniers jours de sa vie et à sa mort. À son enterrement, il a dit : « C’était une personne qui se tenait constamment devant la face de Dieu ; qui savait que Dieu est Amour, avant tout, Amour ! Une personne qui a puisé sans relâche à la source insondable de l’amour de Dieu ! C’est pourquoi elle a réussi à donner l’Amour et à en abreuver tant de personnes. »

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