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Entre proximité et éloignement

« Derrière cette obscurité impénétrable qui enveloppe le commencement de la foi se cache un mystère plus profond: La Foi est l’œuvre de Dieu. Tous ces efforts de pensée, ces épisodes de sensibilité, ces émotions causées par les valeurs religieuses, ces rencontres avec les saints sont les matériaux où le véritable artisan, Dieu, accomplit son œuvre. Devenir croyant est l’effet d’une action divine qui nous touche, nous transforme, nous illumine, nous attire, tout en restant enveloppée du mystère de la grâce. Aucune analyse psychologique, ni aucun raisonnement logique ne pénètre jusque-là.

 

© Anne Gallot

 

Croire, ce n’est donc pas concevoir quelque chose de fixe et d’achevé, qui se tiendrait en face de moi, mais c’est faire l’expérience personnelle d’une existence vivante. En croyant, l’homme qui est né, grâce à Dieu, à une nouvelle existence, prend conscience de lui-même au cœur de cette existence ; il prend conscience de Dieu comme celui qui dispense, conserve et mène à sa perfection cette existence. Il prend conscience du monde comme étant aux écoutes de son existence humaine, pour y trouver, selon l’Épître de Paul aux Romains, chapitre huitième, sa propre rédemption et son propre achèvement. Or cette existence ne se réalise que dans son accomplissement: elle gagne en intensité dans la mesure où advient cet accomplissement.

Elle n’est pas simple, l’image de Dieu qui se montre à nous, mais pleine de contrastes et de mystères. Pareillement, notre foi en lui est en même temps une appartenance intime et un effort pour surmonter notre dépaysement; désir nostalgique et résistance ; elle est une proximité et un éloignement, une connaissance et une ignorance. La foi est faite d’antinomies et chargée de risque, elle ne peut se ramener à un concept. Elle est ce que Dieu représente pour nous. Dans la mesure seulement où l’image de Dieu se simplifie et se précise, notre foi se simplifie et se précise également. Si notre image de Dieu se simplifie de plus en plus – en admettant qu’il s’agisse d’une authentique simplicité : plénitude contenue dans une unité vivante – notre foi se simplifie aussi. La foi de ceux qui ont mûri, qui se sont rapprochés de Dieu, qui sont sur le chemin de la sainteté, est tout à fait simple. Mais c’est l’unité de la lumière qui contient dans sa clarté toute la plénitude des couleurs: terme et non commencement ».

Romano Guardini, Vie de la foi, p19 et 25

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