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« Ô mon peuple, que t’ai-je fait ? »

Le Grand Vendredi comprend dans le rite byzantin l’office des Matines des 12 évangiles ou des Saintes Souffrances. Comme son nom l’indique, la principale caractéristique du service des Matines du Vendredi Saint est la lecture de 12 passages des évangiles de la passion de Jésus-Christ, ainsi que sa crucifixion et sa mort. En plus de lire les évangiles de la passion, le chœur chante (ou le psalmiste lit) des prières spéciales appelées antiennes. Ils révèlent la profonde signification spirituelle des événements de la crucifixion de Jésus-Christ.

 

Face du Christ, © Natalia Satsyk

 

Matines des XII Évangiles ou des Saintes Souffrances

 

Antienne X, t. 6

Celui qui se revêt de la lumière comme d’un manteau * devant ses juges est présenté sans vêtements ; * et des mains qu’il a créées * et il reçoit sur ses joues les soufflets ; * un peuple injuste cloue à la croix * le Dieu de gloire, son Seigneur ; * et le voile du Temple se déchire en deux ; * le soleil se couvre de ténèbres pour ne point voir * l’humiliation du Créateur * devant qui tremble l’univers. Prosternons-nous devant lui.

Alors que le disciple te reniait, * le Larron s’écria : * Souviens-toi de moi, Seigneur, * quand tu entreras dans ton royaume.

Donne au monde la paix, * Seigneur qui de la Vierge as daigné prendre chair * pour le salut de tes serviteurs, * afin que d’une même voix nous puissions te glorifier. 

 

Antienne XII, t. 8

Ô mon peuple, que t’ai-je fait ? dit le Seigneur, * en quoi t’ai-je contristé ? * À tes aveugles j’ai rendu la clarté, * j’ai purifié tes lépreux, * j’ai fait lever le paralytique de son grabat ; * ô mon peuple, que t’ai-je fait * et que me donnes-tu en retour ? * pour la manne, le fiel * et le vinaigre pour l’eau du rocher, * pour mon amour, tu me cloues à la croix ; * jamais plus tu ne seras mon élu, * j’appellerai les nations pour me glorifier * avec le Père et l’Esprit, * et je leur donnerai la vie éternelle.

En ce jour, le voile du Temple se déchire en deux * pour confondre les impies, * et le soleil cache ses rayons * en voyant le Seigneur sur la croix.

Le chœur des Apôtres crie aux docteurs de la Loi : * Scribes et Pharisiens, * voyez le Temple que vous avez détruit ; * voyez l’Agneau de Dieu que vous avez crucifié, * vous l’avez mis au tombeau, * mais dans sa puissance il est ressuscité ! * C’est lui qui dans la mer Rouge vous a sauvés, * c’est lui qui vous a nourris dans le désert, * c’est lui qui donne au monde la vie, la lumière et la paix.

Réjouis-toi, Porte sainte du Roi de gloire, * qui demeures scellée après le passage du Seigneur, * car seul y est passé le Très-Haut * pour le salut de nos âmes. 

 

Antienne XIII, t. 6

 

Seigneur, la foule rassemblée * exigea de Pilate que tu fusses crucifié * et, ne trouvant aucun grief contre toi, * elle fit libérer le criminel Barabbas * et condamner l’Innocent, * appelant sur elle le poids de ce crime en disant : * Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants !

Celui devant qui tremble toute la création * et que toute langue glorifie le Christ, Puissance et Sagesse de Dieu, * par les grands prêtres fut frappé, * ils l’abreuvèrent de fiel, * mais il accepta de souffrir * pour nous sauver de nos péchés * par son propre sang, * dans son amour pour les hommes.

Mère de Dieu qui as enfanté * ton propre Créateur * en recevant le Verbe ineffablement, * intercède auprès de lui pour notre salut. 

 

 

 

Antienne XIV, t. 8

Seigneur qui pour compagnon de route as pris le Larron * aux mains souillées de sang, * daigne nous prendre avec lui, nous aussi, * dans ta bonté et ton amour pour les hommes.

 

Sur la croix le Larron parla brièvement, * mais grande était sa foi ; * en un instant, il trouva le salut * et franchit le premier les portes du Paradis. * Seigneur qui acceptas son repentir, aie pitié de nous.

 

Réjouis-toi, qui par la voix de l’Ange as reçu la Joie de l’univers, * réjouis-toi, qui as enfanté ton Créateur et Seigneur, * réjouis-toi, qui fus digne de devenir la Mère du Christ notre Dieu. 

 

 

Antienne XV, t. 6

En ce jour est suspendu à la croix * celui qui suspendit la terre sur les eaux ; * d’une couronne d’épines le Roi des Anges est couronné, * d’une pourpre dérisoire il est revêtu, * lui qui revêt le ciel de nuées ; * celui qui dans le Jourdain a libéré Adam * accepte les coups et les soufflets ; * l’Époux de l’Église est percé de clous ; * d’une lance le Fils de la Vierge est transpercé. * Devant ta Passion nous nous prosternons, ô Christ, * devant ta Passion nous nous prosternons, ô Christ, * devant ta Passion nous nous prosternons, ô Christ * montre-nous ta sainte Résurrection.

Ne célébrons pas cette fête avec du vieux levain, * car le Christ, notre Pâque, est immolé pour nous ; * purifions-nous de tout péché * et d’un cœur sincère prions-le : * Lève-toi, Seigneur, et sauve-nous.

Ta croix, Seigneur, représente pour ton peuple * la vie et la résurrection ; * ayant mis en elle notre espoir, nous te chantons : * ô notre Dieu crucifié, prends pitié de nous.

Ô Christ, te voyant crucifié, * celle qui t’a mis au monde s’écria : * Quel étrange mystère je contemple, ô mon Fils, * comment peux-tu mourir sur le bois, * crucifié dans ta chair, * toi, le Prince de la vie ? 

 

Ikos

 

 

La Vierge Marie, voyant son Agneau conduit à l’immolation, * l’accompagnait avec les autres femmes et disait : * Où vas-tu, mon Enfant, et pour qui presses-tu le pas ? * Une autre noce est-elle célébrée à Cana ? * Est-ce là que tu te rends, pour changer l’eau en vin ? * Dois-je t’accompagner, mon Fils, ou dois-je attendre ton retour ? * Réponds-moi, ô Verbe, ne passe pas silencieux devant moi ! * Toi que j’ai mis au monde virginalement, * tu es en vérité mon Fils et mon Dieu.

 

 

 

 

Photos:

Antiennes X et XIV : © Olena Smaha – Do not cry upon me

Antiennes XIII et XV : © Olena Smaha – Plaies du Christ

Ikos: © Ivanka Dymyd – Chemin de Croix

 

 

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