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Qu’en est-il vraiment du réchauffement climatique?

Les formidables bouleversements climatiques qu’ont connus nos ancêtres il y a plus de 10’000 ans, à la sortie du dernier âge glaciaire, ont été les prémisses permettant à l’homme de développer la civilisation que nous connaissons aujourd’hui. Si depuis des temps immémoriaux l’homme n’avait de demeure que des abris provisoires, se déplaçant de site en site en fonction des migrations du gibier, capable de construire des structures en os de mammouth pesant des tonnes mais sans jamais rester sédentaire plus de quelques mois, un événement majeur vint perturber vers l’an 12’500 av. JC cette vie de nomade de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs : Le Bölling ! La planète se serait alors réchauffée de 14°C en 350 ans environ, soit de 2°C par période de 50 ans, plus ou moins ce que l’on constate à l’heure actuelle pour la France (mais 1°C pour l’ensemble de la planète grâce à l’effet atténuant des océans). La comparaison s’arrête là car cette hausse faisait suite à un minimum glaciaire alors qu’aujourd’hui nous nous trouvons déjà dans un maximum climatique planétaire à la veille d’une nouvelle ère glaciaire (les périodes de réchauffement interglaciaires ne durent en effet rarement plus de 10’000 ans).

 

Photo (Source)

 

Le réchauffement rapide de la planète à la sortie du dernier âge glaciaire a provoqué une montée des eaux de 4 à 5 cm par an (10x plus que le rythme actuel, sans doute parce que les glaces couvraient alors une grande partie de l’hémisphère nord ce qui n’est bien sûr plus le cas aujourd’hui) donc de 15m en 350 ans, progression qui s’est ensuite poursuivie à un rythme plus lent durant plusieurs milliers d’années pour se stabiliser vers 4’000 av. JC au niveau actuel (à 120m au-dessus du minimum glaciaire).

Ce réchauffement soudain a permis aux hommes du Proche-Orient de trouver une nourriture beaucoup plus abondante ainsi que des céréales à l’état sauvage dans certaines zones du Croissant fertile, conditions permettant à quelques communautés de se sédentariser (culture Natoufienne). Mais cette parenthèse climatique fut interrompue par une nouvelle chute des températures sur le continent européen dû sans doute à l’arrêt prolongé du courant marin appelé « Gulf Stream » qui apporte la douceur sur notre continent grâce à la remontée d’eau chaude en provenance des tropiques longeant l’Europe en direction du Groenland. Un apport trop important d’eau douce suite à la fonte massive de glace peut en effet provoquer l’arrêt ou le ralentissement de cette circulation thermohaline, amenant un brusque changement climatique sur notre continent et conduisant à un refroidissement rapide.

L’arrêt du Gulf Stream provoqua donc des bouleversements en Europe et toucha à moindre mesure le Proche-Orient. Certaines théories affirment que le climat se modifia suffisamment pour atténuer pendant plusieurs siècles l’abondance alimentaire des régions du Croissant fertile, provoquant ainsi une accélération du phénomène de la domestication des plantes (l’agriculture).
Quoiqu’il en soit, la fin de cette période fut caractérisée par une nouvelle hausse brutale des températures en Europe (10°C en quelques dizaines d’années suite à la reprise du Gulf Stream) apportant les conditions favorables permettant aux hommes de croître en nombre et de répandre l’agriculture qui servit ensuite de base au développement des premières civilisations.

Si l’ampleur de ces changements climatiques n’a plus eu son pareil depuis cette époque, les variations locales du climat furent souvent à l’origine de la disparition de civilisations ou à des changements de dynastie. Cela s’explique surtout par le rôle fondamental du climat sur l’agriculture et donc sur les famines et les épidémies, source d’instabilité et de révolte. La situation qui préoccupe aujourd’hui notre planète pourrait donc bien avoir des conséquences majeures sur la stabilité politique internationale. Mais qu’en est-il vraiment du réchauffement climatique actuel ?

Il règne en ce moment une grande confusion sur le sujet et les experts eux-mêmes se contredisent régulièrement, ne serait-ce que sur la façon de calculer cette hausse. De nombreux senseurs relevant les températures qui se situaient dans les campagnes il y a 50 ans sont de plus en plus englobés dans les villes. Or ces dernières sont des îlots de chaleur faussant la comparaison d’un même senseur avec le passé. Les données sont en partie corrigées mais la correction ne serait pas suffisante, selon certains scientifiques, alimentant ainsi la théorie d’un réchauffement accéléré. Il est certain que les chiffres sont facilement manipulables et ne sont donc pas totalement fiables.

Si l’ampleur de l’augmentation des températures fait l’objet d’un débat, tout le monde s’accorde à dire que le climat se réchauffe. La cause de ce réchauffement fait aussi l’objet de nombreuses théories, la plus soutenue étant l’activité humaine. Cette explication ne fait cependant pas l’unanimité. Les opposants s’appuient pour la plupart sur l’effet essentiel de l’activité solaire sur les variations que nous vivons.

Notre astre majeur est en effet déjà responsable des cycles glaciaires selon la théorie d’un mathématicien des années 1940, Milankovitch, qui a constaté que le climat de notre planète repose sur un modèle cyclique de longues glaciations et de courts réchauffements s’étalant sur des périodes de 100’000 ans. Or si la planète se réchauffe ou se refroidit par cycle, ce ne peut être que la conséquence d’une baisse ou d’une hausse de la quantité de chaleur reçue de notre plus important fournisseur d’énergie : le soleil.

 

Photo publiée par la Nasa du soleil avec des trous coronaux formant un visage souriant (Source)

 

Ces cycles glaciaires sont essentiellement dus à la combinaison de trois phénomènes eux aussi cycliques, la variation de l’inclinaison terrestre (cycle de 41’000 ans), la précession orbitale (23’000 ans) et l’excentricité de notre orbite (100’000 ans). Ces phénomènes, liés en partie à des changements orbitaux, influent sur la quantité des rayons solaires et donc de la chaleur que notre terre reçoit et qui peut ainsi varier de +/- 15%.

En dehors de ces longs cycles liés principalement à des questions d’orbite, le soleil influe profondément sur notre climat en fonction de son activité et de ses cycles d’éruptions. Il a été ainsi l’une des causes, avec l’activité volcanique, de ce qu’on a appelé le petit âge glaciaire qui a refroidit notre planète (de moins de 1°C) pendant plusieurs siècles, de 1300 à 1860 environ.

Aujourd’hui l’activité solaire continue d’influencer notre planète, mais la communauté scientifique reste divisée sur la réelle influence du soleil par rapport à la hausse actuelle des températures, influence qui ne dépasserait pas les 15%. Quelques experts, dont le physicien danois Svensmark et l’israélo-américain Shaviv, auraient apporté une nouvelle explication. Selon eux l’accroissement de l’activité solaire serait également à l’origine d’une augmentation de la couverture nuageuse amplifiant ainsi le phénomène de réchauffement. L’activité humaine ne serait alors responsable que d’un tiers environ de la hausse des températures actuelles.

Pour conclure je dirais ceci : l’actuelle crise climatique semble en effet porter à un accroissement rapide des températures qui, en dehors de la sortie du l’âge glaciaire, n’avait encore jamais été expérimenté par l’homme avec une telle ampleur. Les chiffres sont cependant à prendre avec des pincettes, les mesures effectuées n’étant pas tout à fait comparable sans un calibrage parfois compliqué et susceptible à manipulation. De même la forte hausse actuelle est encore trop récente pour en tirer des conclusions hâtives face aux multiples interactions possible et à notre connaissance encore réduite de tous les phénomènes naturels. L’homme joue sans doute un rôle non négligeable dans la situation actuelle liée à l’émission de CO2, reste à savoir dans quelle proportion. Or dans l’état actuel des recherches qui divise la communauté scientifique, il semble impossible d’apporter une réponse absolument fiable à la question.

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1 Commentaire

  1. Etienne R

    Merci pour cet article très intéressant qui remet en perspective la question du changement climatique et nous en rappelle la complexité inouïe. Il me semble que nous devons saluer à ce propos le travail considérable du GIEC, dont la mission est justement de faire l’inventaire des données et des publications scientifiques du domaine et de quantifier nos incertitudes. Par exemple, dans le rapport n°6-G1 (Summary for Policymakers) l’impact de l’activité humaine est estimée entre 0.8°C et 1.3°C, alors que le forcing naturel (Soleil et autre) est à 0.1°C. En France nous avons aussi la chance d’avoir des scientifiques de rang international sur la question, comme Valéry Masson-Delmotte qui travaille à la fois sur les climats passés et futures, et dont les interventions sont très pédagogiques.