d'Agnès Nebra 12 mai 2011
Après le Liban en 2007, voilà qu’il y a quelques jours, le Point-Cœur d’Alep en Syrie a dû fermer provisoirement ses portes. Le dernier petit point de lumière qui nous permet de rejoindre nos frères des Église orientales se trouve désormais en Europe de l’Est, à travers le Point-Cœur d’Ukraine.
Coucher de soleil au village d'Azer en Syrie © Points-Coeur
Dans l’attente de pouvoir retrouver le visage de nos amis, et en signe d’espérance, voici quelques lignes de la magnifique lettre apostolique de Jean-Paul II, Orientale Lumen.
Le Bienheureux Jean-Paul II y évoque la beauté de la liturgie orientale. Le fait que la liturgie est pour tout l’homme et pour tout le cosmos.
Pour tous les volontaires qui ont eu la joie de goûter cette expérience, pour tous nos amis évêques, prêtres, consacrés, pour toutes les personnes avec qui nous avons prié durant toutes ces années et avec qui nous voudrions tant nous trouver réunis, voici ces lignes de reconnaissance et de gratitude.
« … Dans l’expérience liturgique, le Christ Seigneur est la lumière qui illumine la route et dévoile la transparence du cosmos, tout comme dans l’Écriture. Les évènements du passé trouvent dans le Christ une signification et une plénitude, et le créé apparaît pour ce qu’il est : un ensemble de traits qui ne trouvent leur expression la plus complète, leur pleine destination que dans la liturgie. Voilà pourquoi la liturgie est le ciel sur la terre ; en elle, le Verbe qui s’est fait chair empreint la matière d’une potentialité salvifique qui se manifeste en plénitude dans les Sacrements : là, la création communique à chacun la puissance que lui a conférée le Christ. Ainsi, le Seigneur, baigné dans le Jourdain, transmet aux eaux une puissance qui leur permet de devenir le bain de la régénération baptismale.
Dans ce contexte, la prière liturgique en Orient montre une grande aptitude à engager la personne humaine dans sa totalité : le mystère est chanté dans la sublimité de son contenu, mais également dans la chaleur des sentiments qu’il suscite dans le cœur de l’humanité sauvée. Dans l’action sacrée, la corporéité est, elle aussi, appelée à la louange, et la beauté, qui est l’un des termes privilégiés en Orient pour exprimer la divine harmonie et le modèle de l’humanité transfigurée, se révèle partout : dans les formes du sanctuaire, dans les sons, dans les couleurs, dans les lumières, dans les parfums. Le temps prolongé des célébrations, l’invocation répétée, tout exprime une identification progressive de la personne tout entière avec le mystère célébré. Et la prière de l’Église devient ainsi déjà une participation à la liturgie céleste, anticipation de la béatitude finale. […] Á ceux qui recherchent un rapport de signification authentique avec eux-mêmes et avec le cosmos, encore si souvent déformé par l’égoïsme et l’avidité, la liturgie révèle la voie vers l’équilibre de l’homme nouveau et invite au respect pour la potentialité eucharistique du monde créé ; celui-ci est destiné à être assumé dans l’Eucharistie du Seigneur, dans sa Pâque présente dans le sacrifice de l’autel … » (Jean-Paul II, mai 1995, Orientale Lumen, n° 20)