de Jacques Bagnoud 27 mai 2011
Entretien avec Cyril Desreumaux, directeur de projets éoliens.
1. Quel est la situation de l'éolien en France et en Europe ?
Depuis les années 1990, la puissance éolienne installée en Europe augmente de 30% par an, pour atteindre aujourd’hui 84 000 MW, soit l’équivalent de vingt centrales comme FUKUSHIMA (4800MW). L’Allemagne et l’Espagne sont les deux leaders de l’UE pour l’utilisation de ce type d’énergie, cumulant en 2009 l’équivalent de dix fois la puissance de la centrale nucléaire nippone tristement célèbre.
La France, malgré son gisement en vent exceptionnel, n’est qu’au 4e rang européen en termes de puissance installée (5600 MW). Une grosse partie de la puissance éolienne autorisée dans l’hexagone fait l’objet de contentieux. Il y a en France plus d’éoliennes dans les tribunaux administratifs que dans nos champs ou nos forêts.
2. Quels sont les enjeux humains de l'énergie renouvelable et de l'éolien en particulier ?
Les enjeux humains de l’éolien s’articulent autour d’aspects économiques, environnementaux et géopolitiques.
1. L’électricité éolienne coûte cher et elle doit être subventionnée. Aujourd’hui, avec la flambée des coûts de l’énergie fossile, il arrive déjà en période de pointe, que l’électricité éolienne soit moins coûteuse que l’électricité produite conventionnellement. Par ailleurs le kWh/h carboné coûte de plus en plus cher (indexé au prix du baril) alors que le kWh/h d’Eole l’est de moins en moins (économie d’échelle). A l’avenir, l’électricité éolienne sera rentable indépendamment de tout tarif incitateur tant dénoncé.
D’un point de vue socio-économique, la filière éolienne compte au niveau national quelque 11 000 emplois directs. Ce secteur d’activité a investi plus d’un milliard d’euros par an ces 3 dernières années. Plus de 300 entreprises françaises travaillent dans le secteur de l’éolien, de façon directe ou indirecte.
2. L’énergie « verte » présente des avantages évidents pour l’environnement, car la pollution est bien moindre que les énergies carbonées. En revanche, la pollution dénoncée concerne le paysage, ce qui est moins le cas des énergies classiques centralisées. Globalement les Français sont très favorables à l’énergie éolienne, mais pas chez soi !
3. Enfin, d’un point de vue géopolitique, la question de l’indépendance énergétique est au centre de débat. L’actualité de ces dernières semaines montre une fois de plus que la carte localisant les conflits politiques et militaires se superpose malheureusement à celle localisant les ressources fossiles.
3. Quelles sont les perspectives d'avenir pour l'éolien ?
Lors de la présentation du dernier rapport du GIEC (groupe intergouvernemental d’expert sur l’évolution du Climat) à ABOU DHABI le 9 mai dernier, la pertinence des énergies renouvelables dans les besoins énergétiques de l’humanité a été une fois de plus soulignée.
L’origine des énergies renouvelables provient du rayonnement solaire sur la terre, à l’origine de la création des courants marin, du vent, de la pluie et de la biomasse. «En une heure, la terre reçoit du soleil plus d’énergie que l’humanité n’en consomme en une année entière», rappelle le GIEC. Selon ce rapport, l’avenir de l’éolien semble assuré, puisque 125.000 TWh/an peuvent techniquement être produit, de quoi tout de même éclairer et chauffer six planètes Terre.
En France, les lois Grenelle lancées juste après l’élection de Nicolas SARKOZY en 2007 confirment les engagements de la France dans l’éolien, puisque l’Etat a pris l’engagement d’implanter 500 éoliennes par an dans l’hexagone d’ici à 2025. D’un point de vue maritime, le gouvernement a lancé un appel d’offre en janvier 2011 visant à implanter 3000 MW d’éoliennes Off Shore en mer pour l’horizon 2015.
Les énergies renouvelables ne sont pas la réponse, mais une des réponses aux problématiques environnementales de notre siècle. KOFI ANNAN pourrait conclure en ces termes : « Protéger l'environnement coûte cher. Ne rien faire coûterait beaucoup plus cher.»
« Protéger l'environnement coûte cher. Ne rien faire coûterait beaucoup plus cher.» Tout à fait d'accord ; et je suis heureux que le coût financier soit de moins en moins considéré comme un obstacle à la mise en oeuvre du souci écologique.
Je trouve cependant la réflexion un peu courte en ce qui concerne le réel gain écologique de l'éolien (par rapport au solaire, ou même au nucléaire), et en ce qui concerne la perspective à moyen terme – c'est à dire dans vingt ans. J'aurais ainsi aimé voir mentionnées les questions suivantes :
– la durée de vie d'une éolienne – quinze à vingt ans ai-je lu ailleurs – et le coût de son remplacement (ou de son démantellement, ou de son abandon) ;
– le coût carbonne de sa construction, son acheminement et son élévation (1800 tonnes par éolienne, jusqu'à 200m de haut aujourd'hui en bout de pale…), en fonction de sa durée de vie.
– les coûts carbonne associés, comme celui des centrales thermiques qu'il faut maintenir en fonctionnement, car elles seules sont capables de pallier "à la demande" les variations de production éolien, le vent n'étant par définition pas maitrisable. A moins que l'on mette en place des infrastructures capables de répartir sur l'ensemble du territoire l'énergie éolienne produite en n'importe lequel de ses points – en espérant qu'il y ait toujours du vent en un point au moins, et suffisamment !
– l'étendue géographique du parc éolien à terme, et son impact environnemental et humain : bruit, mouvement permanent, fréquences et vibrations souterraines et aériennes parasites, faune, etc.
C'est en face d'une étude comme celle de Thierry Jacaud (2010, L'Ecologiste n°31, http://ventderaison.com/documents/connaissez-vous_vraiment_les_eoliennes.pdf) que j'aimerais que se place un professionnel pro-éole. Sans quoi je reste bête et je ne peux pas grandir…
Nicolas
Je me demande quelle objectivité peut avoir le discours d'un marchand d'éolienne….
Parle t'on de la m^me chose que cet extrait lu sur ce m^me blog ? "Pour l’instant, il n’y a pas d’alternative réaliste au nucléaire, le nucléaire est obligatoire aujourd’hui, non seulement en France mais partout, car il n’y a aucune technologie susceptible de fournir l’énergie nécessaire aux besoins de toute l'humanité. La seule alternative actuelle au nucléaire passe par une utilisation à outrance du charbon pour répondre aux besoins des pays émergents, ce qui pose des problèmes écologiques insolubles au niveau de l’émission de CO2. Si le charbon représente 40% de l’énergie mondiale, toutes les énergies renouvelables n’arrivent pas à couvrir 3% des besoins électriques."
Il reste une bonne marge avant d' "éclairer et chauffer six planètes Terre."
Bon courage….
Fréd