Haïti : janvier 2010, Chili : février 2010, Nouvelle Zélande : septembre 2010 et février 2011, Japon : mars 2011, Espagne : mai 2011… Les tremblements de terre font régulièrement la une des informations. Ils remplissent les colonnes des grands quotidiens, ils font les titres des journaux télévisés, etc. Ils sont abordés « en direct » avec des témoignages bouleversants et des images parfois terrifiantes. Rapidement, les conséquences sont évaluées : les nombres de victimes et de disparus sont proclamés, les dégâts matériels comptabilisés ; on parle des secours et des aides qui s’organisent…
Tremblement de Terre de 5,8 en Abruzzi (Italie), le 6 avril 2009 CC BY-NC luca.m
Les séismes sont alors analysés un peu plus profondément pour répondre aux inévitables interrogations que provoquent ces cataclysmes. Au niveau scientifique, les géologues et les ingénieurs civils expliquent, parlent de leurs recherches, de leurs découvertes. Au niveau politique, un débat se met en place, dans le meilleur des cas, pour proposer des règlementations responsables, mais bien souvent les discussions ne cherchent qu’à calmer l’opinion publique en quête de coupables…
Ces informations sont importantes, ses réflexions nécessaires mais elle sont insuffisantes. Elles apparaissent trop éloignées de l’expérience vécue, trop extérieures. Il manque quelque chose.
Il est tout à fait compréhensible d’informer sur ce qui se passe… Il est tout à fait légitime de travailler et réfléchir au « comment continuer », au « comment organiser », au « comment se préparer » après de tels événements. Mais que cela ne nous empêche pas d’essayer d’écouter, de chercher à reconnaître ce qu’intérieurement et personnellement signifie vivre un tremblement de terre. Que tout ce discours à propos des séismes ne soit pas fuir ce que cette commotion a bousculé au plus profond, a suscité d’interrogations profondes, a obligé à reconnaître de notre fragilité existentielle…
Peu comme Sénèque [les citations découvertes sur un site web d’ingénierie spécialisée en constructions antisismiques] ont su l’exprimer :
"Car où verrons-nous quelque sécurité, quand la terre même s'ébranle et que ses parties les plus solides s'affaissent, quand la seule base inébranlable et fixe qui soutient et affermit tout le reste, s'agite comme une mer ; quand le sol perd l'avantage qui lui est propre, l'immobilité ? Où nos craintes pourront-elles cesser ? Où nos personnes trouveront-elles un refuge? Où fuiront nos pas chancelants, si la peur naît du sol même, si ses entrailles nous l'envoient ? […] Mais quel asile s'offre à nos jeux, quelle ressource, si c'est le monde qui menace ruine ; si ce qui nous protège et nous porte, ce sur quoi les villes sont assises, si les fondements du globe, comme ont dit quelques-uns, s'entrouvrent et chancellent ? Que trouver, je ne dis pas qui vous secoure, mais qui vous console, quand la peur n'a plus même où fuir ? Quel rempart assez ferme, en un mot, pour nous défendre et se défendre lui-même ?"
Répondre à ces interrogations n’est pas aisée… Mais pourquoi tout de suite les étouffer par un flot de « bruits médiatiques » ?
Ne sommes nous pas appelés à laisser raisonner ces questions et reconnaître un peu plus que si la « terre s’ébranle c’est pour nous rappeler que ce qui ne bouge jamais et est éternel : c’est le Ciel. »
N’est-ce pas cette « information » si difficile à écouter pour nos contemporains que nous avons AUSSI besoin d’entendre ?