Cabral, en débarquant sur les côtes de ce qui plus tard s´appellerait Brésil, venait non seulement avec une grande soif d'aventure et de découvertes, mais aussi avec un héritage culturel qui restera ancré dans la mémoire et les traditions jusqu'à aujourd'hui.
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Dans les fêtes les plus importantes du calendrier brésilien, durant le mois de juin, il y a la fête de "São João Batista" (saint Jean Baptiste). Chaque année, avec beaucoup de fidélité, elle est fêtée dans le Nordeste, caractérisé pour être une région qui conserve avec plus de forces les traditions du vieux continent.
Le mois de juin commence avec la fête de saint Antoine de Padoue, plus connu ici – et défendu – comme saint Antoine de Lisbonne pour être le lieu où il est né. Il est le "Père des pauvres", qui assure le "pain quotidien" et il est vénéré comme le "plus grand saint des Brésiliens". Mais la fête de saint Antoine ne marque que le début des préparatifs d'une plus grande fête, située au milieu de l´année : la fête de "São João".
" Celui qui plante du maïs le jour la fête de saint Joseph, le récolte à la Saint Jean", dit le dicton populaire qui rappelle ainsi la générosité de cette terre qui voit une ou deux, voire trois récoltes par an.
Malgré le fait que ce soit une fête d'origine européenne, elle a acquis ses propres caractéristiques. Elle est d´abord la fête de la fin de la récolte. Elle veut ensuite mettre en valeur le peuple qui, par un travail quotidien, silencieux et souvent plein de difficultés, fait arriver à tous les biens de la terre.
Avec le temps, la fête de "São João" s'est enrichie de représentations culturelles propres. Aujourd´hui il y a une musique spécifique, une cuisine, des couleurs, des vêtements et des traditions propres. Une culture est née et s´est développée autour de cette fête.
De toutes les expressions culturelles, la plus significative est la musique. Elle exprime le sentiment d´appartenir à une terre. La terre comme le lieu qui nous nourrit, comme le lieu où l'on est né, comme le lieu auquel on appartient même en vivant à des milliers de kilomètres.
Cette musique, dont Luis Gonzaga fut l´un de ses plus importants représentants, est, aujourd´hui encore, très aimée et écoutée, parce qu´elle touche la fibre intime de tout le peuple brésilien : la famille, la terre et l´amour.
Une de ces chansons, appelée "asa branca" (l'aile blanche) est la synthèse parfaite de cette culture qui est née avec la fête de São João. Elle raconte l'histoire d'un travailleur qui doit laisser son pays en raison de la sécheresse qui ne lui permet plus ni de planter, ni de vivre. Comme l´oiseau qui s'appelle "asa branca", il laisse son amour "Rosinha" et sa terre pour aller à la recherche d´un travail. Mais la "saudade" (nostalgie) ne le laisse pas en paix et son désir est de retourner dés que les premières gouttes de pluie commenceront à tomber car il ne peut laisser plus longtemps ses deux amours.
C'est ce qu´exprime la dernière strophe de la chanson :
Quando o verde dos teus olhos,
se espalha na plantação, eu te
asseguro, não chores não, viu
eu voltarei meu coração
(Quand le vert de tes yeux
se répand dans la plantation,
je t´assure, ne pleure pas, non
je reviendrai mon amour)
Malheureusement, aujourd´hui, le carnaval veut devenir maître de cette fête et il est difficile dans certaines villes de voir la différence entre la São João et le carnaval que tous connaissent bien. Seulement dans les villes et les villages de l'intérieur, on peut encore voir des familles qui préparent leur maison, la décorent et fêtent ensemble la São João comme une fête pour les biens de la terre, mais aussi comme la joie de faire partie de cette culture que nous appelons, avec fierté, culture brésilienne.