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Claude Monet à la fondation Pierre Gianadda

La fondation Pierre Gianadda à Martigny propose jusqu'en novembre une exposition sur Claude Monet, rassemblant les œuvres du Musée Marmottan ainsi que les collections suisses.

Nymphéas, 1907, huile sur toile, 92 x 73 cm, Collection particulière

L’exposition est exceptionnelle pour plusieurs raisons. D’abord parce que 45 estampes japonaises de la collection personnelle de Monet sont exposées. Cela nous ramène à la guerre de 1870 et à l’exil du peintre qui découvrira en Hollande les estampes japonaises. Il fera connaissance en Angleterre avec le peintre américain Whistler et avec la peinture de Turner. La précision et la lumière flottante du Japon liée à la liberté de Turner inspirent les paysages de la Tamise sous le brouillard.

La fascination de Monet pour le Japon et l’Orient renouvelle profondément le traitement de la lumière qui devient flottante sur la toile. Lorsque l’on passe devant le tableau, il semble que les rayons du soleil ondoient. Ce flottement lumineux se fait à la fois à l’intérieur du tableau et par le passage devant la toile. La lumière ondoyante révèle la contingence des êtres, leur caractère changeant, le mouvement continuel de la vie. La lumière changeante nous invite aussi à entrer dans un regard toujours nouveau sur le réel, à adapter constamment notre point de vue.

Champ d'Iris jaunes à Giverny, 1887, huile sur toile, 45 x 100 cm, Musée Marmottan Monet, Paris. Legs Michel Monet, 1966, © Musee Marmottan Monet, Paris, France/ Giraudon/ The Bridgeman Art Library

Monet, comme fondateur de l’impressionnisme, a subi un profond mépris lors des ses premières expositions, car le public, habitué à regarder le détail et de près, ne voyait que des traits grossiers aux couleurs criardes et désassorties. L’immense parterre de la fondation Gianadda permet de contempler les Nymphéas en faisant des « zoom » arrière de plus de vingt mètres. Ce faisant, les « taches » de couleurs s’harmonisent d’abord en une unité empreinte d’une grande force, puis apparaissent les jeux d’ombre et de lumière, enfin la lumière des paysages se met à osciller pour « flotter » dans l’air. Cette utilisation du « zoom arrière », bien avant l’arrivée des pixels et de l’ordinateur éduque notre regard à contempler la réalité : nous devons trouver pour chaque être et pour chaque personne la bonne distance pour percevoir l’unité, la beauté, le génie. Le spectateur doit reculer et chercher la juste distance, le point où soudain le regard ne voit plus les différentes taches mais saisit une vie aussi précise qu’expressive. De trop loin, tout est flou et inintéressant, matière vide. De trop proche tout est chaos et taches, matière grossière. Trouver le lieu d’où le tableau commence à chanter est un exercice qui demande patience et humilité, il faut marcher. C’est alors que se dévoile le sens, la finesse et la finalité de la matière.

A la fin de sa vie, Claude Monet devient presque aveugle, suite à une opération ratée de la cataracte. Il peint alors ses magnifiques nymphéas : son jardin devient son lieu de méditation, de prière, d’émerveillement devant les couleurs qui brillent encore dans ses yeux fatigués.

Exposition : Monet au Musée Marmottan et dans les Collections suisses du 17 juin au 20 novembre 2011 à la fondation Pierre Gianadda

 

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