de Séverine Dubois 25 février 2012
Permanente Points-Cœur à New-York (Etats-Unis)
Anecdotes – Temps de lecture : 3 mn
Séverine, permanente Points-Coeur, nous parle de ses retrouvailles avec un ami du Bronx, Mr. Greg, et de l'invincible espérance qui l'habite.
En 2003, suite à un accident vasculaire Cérébral, Mr. Greg perd tout. Pendant plus de trente-cinq ans, il avait dirigé un Youth Group1 qui l'a rendu très populaire dans son quartier. Du jour au lendemain, il se retrouve handicapé, et pour ainsi dire, sans amis. Il déménage et l'adresse que nous avions est erronée, mais nous parvenons malgré tout à le retrouver. Même si la communauté n'a jamais cessé de le visiter, cela fait plus de cinq ans que je ne l'ai pas vu et je sais aussi l'importance de cette visite au moment de Noël. Il n'a pas changé si ce n'est quelques kilos en moins. Sa situation est la même : la moitié droite du corps paralysée et de très fortes difficultés pour parler et se faire comprendre. Mais sa cravate est belle et brille. Un petit détail qui pourrait paraître insignifiant mais qui chez lui saute aux yeux et en dit long.
Pourquoi lutte-t-il autant pour la vie ? Pourquoi est-il aussi persévérant ? Qu'est-ce qui lui donne le courage de se lever chaque matin et de ne pas sombrer dans la dépression ? Qu'est-ce qui lui donne l'envie de vivre sa journée sans fuir dans l'alcool ou tout autre compensation ? Qu'est-ce qui l'aide à affronter son effroyable solitude ? Pourquoi s'habille-t-il chaque jour comme s'il était sur le point de se rendre dans une banque de Wall Street ? Dans la pièce principale il y a un arbre de Noël, décoré. C'est une double lumière qui s'en dégage : celle de la guirlande électrique, et celle du signe d'espérance dont il est l'expression. Au pied de ce sapin, de nombreux paquets attendent les éventuelles et pourtant peu probables visites. Il a acheté des cadeaux, il les a emballés – et essayez d'imaginer le travail avec une seule main et il a ensuite attendu des jours durant, qu'ils trouvent preneurs. Qui attend-il ? Et jusqu'à quand ? Mais ne sommes-nous pas là, nous ? Je me rends alors compte que d'une certaine façon notre visite justifie son espérance. Heureux, il nous fait choisir notre cadeau.
Mr. Greg ne se maintient pas seulement en vie, il ne fait pas que survivre, il vit. Il vit seul, handicapé. Mais sa foi supplée sa déficience physique et semble même la transcender. Je voudrais lui demander son secret mais de peur de le mettre dans l'impossibilité de s'exprimer, je garde ma question, sûr, pour la prochaine fois. Une telle sagesse ne peut pas ne pas être partagée aux autres, un tel trésor ne peut pas ne pas être offert à ceux que la désespérance gagne au point parfois extrême d'y laisser la vie. Il nous montre aussi dans des éclats de joie et dans de discrètes larmes de gratitude les quelques mails qu'il a reçu pour Noël : son fils qui lui a écrit avec un jour de retard, mais qu'il défend, disant de lui que c'est un bon garçon ; Agnès et Cyril qui ont vécu au Point-Cœur. Ses yeux scintillent. Il est tout émerveillé, comme un enfant, tellement surpris que ces personnes, parties depuis plusieurs années à l'autre bout du monde, pensent encore à lui.
C'est au pied de sa propre croix que Mr. Greg se tient, mais plus que jamais debout et digne, dans une surprenante attitude de foi, dans une impensable espérance.
cette personne est vraiment formidable .m'est il n'est pas la piene daller si loing