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Faut-il tous s’appeler « Monsieur » ?

par Séverine Dubois     7 mars 2012
Société – Egalitarisme – Temps de lecture : 2 mn

Le 22 février, le premier ministre validait une mesure visant à « éliminer autant que possible » le terme Mademoiselle des « formulaires et correspondances » administratives, cette distinction ayant été jugée discriminante par les organisations féministes. C’est donc le « Madame », « pris comme l’équivalent de ‘Monsieur’ » qui seul demeurera désormais. Cette décision surprend. Vouloir gommer les différences pourtant réelles et objectives ainsi que souhaiter cacher sa situation matrimoniale rendra-t-il vraiment les femmes plus libres et plus elles-mêmes ? Qu’y a-t-il à la source d’une telle revendication ?

 
©madameoumadame.fr

Cette mesure se fonde sur au moins deux idéologies : celle de l’égalité et sur le fait de croire qu’éliminer un problème équivaut à le résoudre. On est rentré de plus en plus dans une société égalitaire, où l’on gomme les différences. Exister, en éliminant ce qui nous rend différent de l’autre. Plus de sexe, plus d’âge, plus de statut social. Pourquoi cette peur de la différence ? N’est-ce pas cela la véritable discrimination ? N’y aurait-il pas à la racine la peur d’être soi ? On cherche une uniformisation. Les pantalons unisexes qui s’affichent de plus en plus en vitrine de nos magasins en disent aussi long.

Mais pourtant ce qui permet une relation à l’autre, ce qui est à la base des échanges, ce n’est pas l’égalité mais bien la différence. Cette loi est inscrite dans la nature même de l’homme. Que l’on se penche sur un peu de physique et sur la « différence de potentiel » qui permet au courant de circuler ou de biologie pour constater que c’est une différence de concentration d’ions au niveau des cellules qui régit la loi de l’osmose. Qu’ai-je à transmettre à l’autre s’il est mon « égal » ? Qu’ai-je à recevoir de l’autre si j’en suis le portrait-robot ?

La vraie liberté ne consiste pas dans le fait de revendiquer quelque chose, comme si en plus notre identité dépendait d’une case à cocher sur un document administratif et notre bonheur de notre manière de remplir un formulaire de la CPAM. N’est-ce pas plus profondément accepter, accueillir ce que l’on est en vérité ? Pourquoi donc refuser d’être mademoiselle, d’avoir dix-huit ou trente-cinq ans et de ne pas être mariée… Ne se trompe-t-on pas de débat, de combat ? Le problème véritable n’est-il pas dans une vraie acceptation de sa situation, de son état, en somme de la réalité ? Pourquoi ne pas oser affirmer, dire, reconnaître, assumer qui l’on est. Car en revendiquant un droit n’en vient-on pas à en affirmer son contraire ?

Eliminer un nom ne fera pas pour autant disparaître la réalité. La nature humaine se laisserait-elle modeler par quelques mesures ministérielles ? N’est-elle pas plus grande ?

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1 Commentaire

  1. Bruno ANEL

    L'arrêté ministeriel ne concerne pas la vie courante, mais les formulaires administratifs, ce qui en limite la portée. Il faut remonter autour du XVe siècle pour trouver un équivalent masculin de Mademoiselle : Mon Damoiseau. Le terme disparait à la Renaissance, sans doute parce que les jeunes hommes jugeaient ce terme trop efféminé. Je ne sais pas s'il faut s'offusquer de cette disparition .

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