Le 23 mars se clôt au palais des Nations Unies à Genève une exposition photographique en hommage à Vaclav Havel.
Václav Havel
Les premiers panneaux sont des mosaïques de petites photos représentant Havel en compagnie de sa "promotion", c'est à dire toutes les personnalités politiques et intellectuelles de la deuxième moitié du XXème siècle. Certains visages réapparaissent avec Havel au fil de l’expo, sur une scène de meeting ou sur une scène de théâtre, devant la maison blanche ou devant une maison de brique rouge délabrée de la banlieue. Havel apparaît aussi seul, son visage portant les traces du demi-siècle qu'il a traversé. Une photo le présente comme un détenu de face et de profil à trois reprises, trois étapes de sa vie, trois étapes de l'histoire. Le seul ordre de cette exposition est cette Histoire qu’il a écouté, vécue, écrite.
Ainsi une photo le montre tenant fermement dans sa main une corde qui pend, à laquelle il s'accroche en regardant vers le haut, comme happé par quelque chose. En s'approchant un peu, la légende nous apprend qu'au bout de cette corde se trouve la cloche d'une église, qui a retenti pour la première fois après des décennies d'oppression communiste.
"J’ai été le témoin et le participant direct de nombreux changements radicaux dans notre pays, dans toute l’Europe et dans le monde entier. Je prends cela comme un immense cadeau du destin pour lequel je ne cesse d’être reconnaissant", disait-il en 2003 au moment de tirer sa révérence, alors que l’on reconnaît en lui l’un des rares présidents depuis des décennies à quitter le pouvoir avec tous les honneurs.
La deux pays de l’ancienne Tchécoslovaquie ont reçu la figure politique dont ils avaient besoin pour surmonter l’épreuve du communisme. L’avaient-ils mérité ? Les hommes exceptionnels n’apparaissent-ils que dans des circonstances exceptionnelles ? Il est difficile de trancher, il est difficile de comparer avec l’actualité récente. Mais cela ne nous empêche pas de continuer à regarder ce grand maître, modèle de liberté, de réalisme, de sens du devoir.
"Je ne suis pas, n’ai jamais été et n’ai jamais eu l’ambition d’être un politicien, ou un révolutionnaire professionnel. Je suis un écrivain, et si je m’engage d’une manière qui n’est pas littéraire, je le fais parce que je considère cela comme mon devoir naturel, humain et civique."