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« France, Fille aînée de l’Église » et contexte électoral

La France a été marquée par la foi chrétienne depuis l’aurore de son histoire. En effet, après la chute de l’Empire Romain, elle fut la première nation d’Occident à se déclarer : « fille aînée de l’Église », tel est son titre de fierté. Dans le contexte de nos élections, nous nous rappelons des célèbres apostrophes lancées par le pape Jean-Paul II lors de sa première visite sur le sol français en 1980.

Dès son arrivée à Paris, le 30 mai 1980, il interpelait les catholiques avec ces mots : « Reconnais, ô chrétien, ta dignité… Et moi, je vous dis à vous, mes Frères et Sœurs catholiques de France : reconnaissez votre dignité ! Soyez fiers de votre foi, du don de l’Esprit que le Père vous a fait !»

Ce même jour, dans le chœur de Notre-Dame de Paris, il faisait résonner cette question : « Aimes-tu ? » … « C’est la question qui ouvre le cœur et qui donne son sens à la vie. C’est la question qui décide de la vraie dimension de l’homme. En elle, c’est l’homme tout entier qui doit s’exprimer, et qui doit aussi, en elle, se dépasser lui-même… Qu’elle est extraordinaire l’éloquence de cette question du Christ : « Aimes-tu ? » Elle est fondamentale pour chacun et pour tous. Elle est fondamentale pour l’individu et pour la société, pour la nation et pour l'État… pour Paris et pour la France. […] Que cette question résonne et trouve un écho profond en chacun de nous ! L’avenir de l’homme et du monde en dépend… » Cf. Messe dans la Cathédrale Notre-Dame (Paris, 30 mai 1980)

Lors de la messe au Bourget, Jean-Paul II rappelle que l'histoire particulière de chaque nation est cachée au plus intime de l’homme. Elle est revêtue, d’une manière visible, des faits, des événements, des existences humaines, des individualités. « Que n’ont pas fait les fils et les filles de votre nation pour la connaissance de l’homme, pour exprimer l’homme par la formulation de ses droits inaliénables ! On sait la place que l’idée de liberté, d’égalité et de fraternité tient dans votre culture, dans votre histoire. Au fond, ce sont-là des idées chrétiennes. Je le dis tout en ayant bien conscience que ceux qui ont formulé ainsi, les premiers, cet idéal, ne se référaient pas à l’alliance de l’homme avec la sagesse éternelle. Mais ils voulaient agir pour l’homme. […] En abandonnant l’alliance avec la sagesse éternelle, l'homme sait de moins en moins se gouverner lui-même, il ne sait pas non plus gouverner les autres. Combien pressante est devenue la question des droits fondamentaux de l’homme ! »

Puis terminant son homélie, il apostrophe la foule avec cette question toujours valable aujourd'hui à l'heure des choix décisifs pour la vie de notre pays et la croissance de chacun : « Le problème de l’absence du Christ n’existe pas. Le problème de son éloignement de l’histoire de l’homme n’existe pas. Le silence de Dieu à l’égard des inquiétudes du cœur et du sort de l’homme n’existe pas. Il n’y a qu’un seul problème qui existe toujours et partout : le problème de notre présence auprès du Christ. De notre permanence dans le Christ. De notre intimité avec la vérité authentique de ses paroles et avec la puissance de son amour. Il n’existe qu’un problème, celui de notre fidélité à l’alliance avec la sagesse éternelle, qui est source d’une vraie culture, c’est-à-dire de la croissance de l’homme, et celui de la fidélité aux promesses de notre baptême ! Alors permettez-moi, pour conclure, de vous interroger : France, Fille aînée de l'Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? France, Fille de l'Église et éducatrice des peuples, es-tu fidèle, pour le bien de l’homme, à l’alliance avec la sagesse éternelle ? » Cf. Messe au Bourget (Paris, 1er juin 1980)

Cf. Le discours de Jean-Paul II à l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture à Paris (UNESCO)(France, 2 juin 1980)

 

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5 Commentaires

  1. Bruno ANEL

    Personnellement, je suis assez peu convaincu qu'une nation puisse être baptisée, car les civilisations évoluent et sont mortelles. Seules des personnes  sont. baptisées Certes, le christianisme fait partie de notre héritage commun. Il lui a même légué ce respect de la personne humaine au nom duquel chaque individu fait aujourd'hui primer sa liberté  sur la norme sociale dont la religion fait partie, au moins pour ce qui est de ses codes.Etrange retour des choses. Reste cette question fondamentale, la seule que Jésus ait réellement posée : aimes-tu ?

  2. Fréd

    Qu'il est bon de réentendre ces paroles du "grand Pape" qui a tant marché à la suite du Christ et a tant été à l'école de l'histoire,  de pouvoir simplement s'y reposer (également les laisser me réveiller) de pouvoir s'y appuyer comme l'on peut s'appuyer sur quelque chose d'objectif, de solide et de sûr. Rare, si rare sont les leviers qui ont ainsi le pouvoir de soulever le monde… Quelle chose cruelle de les banaliser !
    Je préfère, comme le suggère intelligement l'article, m'en servir comme lumière à même d'éclairer le choix de mon prochain vote… 

  3. Jean Paul 2 rappelle au moins l'origine chrétienne des principes d'égalité et de fraternité, qui ne paraissent plus vraiment à la mode à l'heure actuelle…

  4. Pierre Fische

    Merci beaucoup pour ces lignes, pour cet écho à la voix du père de toute une génération pas seulement de catholiques. La dernière citation est certainement une des plus audacieuses et mériterait d'être apprise par coeur:
    "France, Fille aînée de l'Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? France, Fille de l'Église et éducatrice des peuples, es-tu fidèle, pour le bien de l’homme, à l’alliance avec la Sagesse éternelle ?"
    "L'ALLIANCE AVEC LA SAGESSE ETERNELLE", c'est la tâche que s'est également fixé le magistère de Benoît XVI qui invite à redécouvrir la loi naturelle inscrite dans le coeur de l'homme comme signe et invitation à l'alliance avec la Sagesse Eternelle. C'est ce qu'évacue la réflexion de Bruno Anel, limitant l'action du christianisme à la propagation de valeurs humaines simplement, d'idées. Le Christ serait donc mort pour la propagation d'idées ? Appelons  Brassens à la rescousse: "mourir pour des idées, peut-être mais de mort lente !"… 
    Voici un link pour entendre la phrase en question de la bouche même de Jean-Paul II, ça prend les tripes: 
    http://www.dailymotion.com/video/xfegra_messe-le-bourget_news?search_algo=1   à la minute: 32' 35''

  5. Bruno ANEL

    C'est vous seul, Pierre Fishe, qui énoncez l'idée selon laquelle le christianisme pourrait n'être qu'une propagation de valeurs humaines. Moi, je crois au contraire qu'en Christ, Dieu veut faire partager sa vie à l'homme : c'est là le coeur du message chrétien. J'ai simplement souligné que l'appel divin s'adresse aux personnes, et non aux nations. Jean-Paul II est revenu sur son propos de 1981 ,  à Reims en 1996, en soulignant que le baptême de Clovis avait la même portée "que n'importe quel baptême": c'est un évènement qui fait date dans l'histoire d'une nation, ce n'est pas le baptême d'une nation. Le christianisme a vocation à se vivre en communauté, mais c'est autre chose que la nation. La foi chrétienne peut faire partie  des valeurs transmises pendant un temps par la culture d'une nation, mais cette transmission est alors soumise aux aléas de l'histoire culturelle . Comme le soulignait Josef Ratzinger en 1970, la foi dépend de la "libre décision" de chacun, non de son héritage culturel.

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