d'Anne-Laure Perret 2 mai 2012
Entre-aide, Vélo, Temps de lecture 3 mn
Traçant sa route entre discours et intentions, le secteur associatif reste cependant le plus concret et le plus innovateur pour proposer des solutions de tous les jours qui regardent au loin. Exemple de cette dynamique, l’association uN p’Tit vélo dAnS La Tête, adresse fétiche des cyclistes grenoblois, valorise l’utilisation du vélo en ville en combinant un souci de la nature avec la solidarité.
Photo sur le site P'tit Velo
L’association est née à Grenoble en 1994 pour promouvoir la pratique du vélo urbain et assurer son développement. Le but est de mettre en valeur ce mode de déplacement en créant un lieu d’accueil et de soutien pour tous, du débutant au plus expérimenté. Au-delà de la création de rencontres ou d’évènements, l’idée est de démocratiser le vélo en ville en rendant accessible sa pratique, tant pour trouver un vélo que pour l’entretenir, avec un atelier, des outils et des réparateurs, bénévoles ou salariés, à disposition. La solidarité est le maître-mot : l’atelier est fait pour que ceux qui savent enseignent à ceux qui ne savent pas encore ; il est ouvert à tous et notamment à ceux pour qui l’accès aux moyens de locomotion est difficile. Chacun peut trouver un vélo, venir faire ses réparations ou apprendre à les faire.
Le premier local ouvre sur le campus universitaire et se développe rapidement. Initialement constituée uniquement de passionnés bénévoles, l’association embauche maintenant des salariés pour assurer une ouverture plus large de l’atelier. Tout fonctionne donc grâce à l’engagement de chacun : adhérents, bénévoles et salariés. Un partenariat s’élabore avec une autre association grenobloise : uN p’Tit vélo dAnS La Tête partage alors les locaux et embauche des personnes en grande difficulté.
L’association dans son histoire fait face à de nombreux obstacles (expulsion, cambriolage, manque d’intérêt des services de la ville…) mais continue à se développer grâce à la conviction du bien-fondé de son action et la ténacité de ses membres, fruit de la solidarité générée par ses fondements mêmes. Dans les années 2000, l’écologie vient au premier plan de la scène politique et l’intuition de l’association est rejoint par la municipalité qui veut, comme dans toutes les grandes villes, développer le déplacement cycliste urbain. L’association peut ainsi développer son activité à un public plus large et accentuer la diffusion de toute une culture de la « vélonomie ».
Ce qui fait le magistère de cette association, c’est la cohérence d’une démarche à la fois écologique et solidaire, au service de tous. Défendant les vertus du vélo (non polluant, pratique et rapide), l’association défend aussi la réutilisation des matériaux, « l’heureux-cyclage »*, et le partage de connaissances. L’atelier est un lieu d’échanges et de rencontres.
Dans nos villes respectives, nous avons tous sous nos yeux des exemples comme celui-là : de petites entreprises, qui n’ont pas vocation de grandeur mais juste une passion commune, un souci de l’autre et un désir de contribuer positivement à la vie de la cité. C’est à travers de petites choses que l’on peut donner une cohérence à notre vie. Et là, c’est la passion de quelques-uns qui nous conduit à repenser le vélo, non plus seulement comme un mode de locomotion pratique et pas cher, mais vraiment comme un outil de solidarité, support d’une dimension de service et de gratuité.
Sur le site de l’association vous pourrez trouver cet intitulé : Le Vélo : le transport qui peut changer le monde ! Et entre autres arguments : Il rend souriant et heureux !
Alors … à vos vélos !
*ateliers d’heureux cyclages = accès gratuit à un stock de pièces détachées pour tous les adhérents