Ronan Le Gleut est le candidat investi par l’UMP pour les élections législatives françaises dans la 7ème circonscription des Français établis hors de France[1]. Alexis Dupuy l’a rencontré à l’issue de sa réunion publique d’information à Berlin.
Bonjour Ronan Le Gleut, et merci de m’accorder ces quelques minutes.
1. Quel est, selon vous, l’enjeu de cette élection législative ? Que pressentez-vous pour la France ? Quels sont les grands défis à venir ?
La France et l’Europe font face à une crise sans précédent, qui est une crise des dettes souveraines. On le voit tous les jours avec la situation que connaît la Grèce. La situation se dégrade aussi sérieusement en Espagne. La France avec ses 1 744 milliards de dettes n’est pas épargnée. Il s’agit d’un enjeu de civilisation européenne. Je considère que la maîtrise du déficit public doit être une priorité. Je suis favorable à ce propos que la France s’oriente sur le chemin de l’Allemagne.
2. C’est la première fois que seront élus des députés pour les diasporas françaises. Pourquoi cette nouveauté ?
Les Français établis hors de France avaient jusqu’à présent douze sénateurs des Français établis hors de France et des conseillers à l’Assemblée des Français de l’étranger. Notre système parlementaire est un système bicaméral, et à partir du moment où l’on a des sénateurs et pas de députés, nous ne pouvions pas être entendus correctement. Les amendements doivent passer à l’Assemblée Nationale et au Sénat. Nous ne marchions que sur une jambe.
3. Plus personnellement, pourquoi vous engagez-vous aujourd’hui dans cette élection ?
Je considère que servir les Français de l’étranger, c’est servir la France. Les Français établis hors de France ont des problèmes spécifiques dont il n’est pas assez tenu compte. De plus, nous avons une vision différente du monde, une compréhension différente des problématiques. Dans la mondialisation, la France a donc tout à gagner à ce que nous participions aux débats nationaux. Nous sommes une richesse, pas un coût. Les Français de l’étranger ne fuient pas la France mais ils la servent.
Et que signifie pour vous le fait de représenter vos électeurs ?
Ce serait un honneur et une lourde responsabilité. D’ailleurs, on ne représente pas que les Français de sa circonscription. Le député est député de la Nation tout entière. Il y a trois « France » : la métropole, l’outre-mer et les Français de l’étranger.
Pour moi le plus grand français de l’étranger, c’est le Général de Gaulle. Quand il fait l’appel du 18 juin 1940, il est à Londres, il est un Français établi hors de France. Et l’on voit avec lui la création des Forces Françaises Libres établies hors de France. C’est cet héritage-là qui est un moteur pour mon engagement.
4. Quels sont les points les plus importants que vous entendez personnellement défendre ? Dans quels domaines vous sentez-vous plus particulièrement compétent et pourriez-vous être sollicité par l’Assemblée si vous êtes élu ?
J’ai acquis à travers les nombreux entretiens que j’ai pu mener avec les acteurs du commerce extérieur de la circonscription une forme d’expertise. Je prône la création d’un Grenelle du Commerce Extérieur afin de réunir et mieux coordonner l’action des différents membres de l’équipe de France de l’export.
La rencontre des Français installés dans notre circonscription me pousse également à m’engager pour le droit de la famille en Europe, l’enseignement bilingue et français à l’étranger, l’accès aux médias français depuis l’étranger, la création d’un portail de l’emploi et enfin la création d’un consulat mobile.
Là où j’ai quelque chose de plus à apporter, c’est la connaissance de la relation franco-allemande. Etant moi-même un Français né en Allemagne et ayant habité à Münich puis à Berlin maintenant depuis douze ans, je dirais que je connais les deux Allemagne. Pour considérer l’Allemagne d’aujourd’hui, il faut connaître l’ancienne République Fédérale d’Allemagne, mais aussi la République Démocratique d’Allemagne. Le mur a été tel que, encore aujourd’hui, il y a encore un mur dans les esprits – pas chez les nouvelles générations bien sûr, mais chez les Allemands plus âgés. Ma belle-famille est originaire de l’Allemagne de l’Est, et je vois bien qu’après des années de séparation, nous avons une compréhension du monde qui est différente.
Les députés, quand ils parlent en Allemagne, doivent avoir une compréhension globale de ce qu’est notre premier partenaire. Il est fédéral, complexe et très divers. Ce n’est qu’en le considérant dans sa diversité que l’on peut avoir des relations de partenariat où l’on se comprend l’un l’autre.
Merci, Ronan Le Gleut.
[1] La septième circonscription des Français établis hors de France est l'une des onze circonscriptions législatives des Français établis hors de France. Créée en 2010 à la faveur d'un redécoupage, elle comprend les pays d'Europe de l'Est, d'Europe centrale et des Balkans, pour une population de 142 427 Français inscrits sur les registres consulaires
Pour la première fois, 12 députés vont représenter les Français de l'étranger. Mais le faible taux de participation de ces derniers (20 à 25 %, malgré la possibilité de voter par internet) sème le doute sur la représentativité des nouveaux élus. Une réforme de la loi électorale devrait être mise en chantier ces prochains mois, puisque François Hollande s'est engagé à faire élire 15% des députés à la proportionnelle. A peine élus, les "députés de l'étranger" risquent de passer à la trappe.