Il y a quelques mois, Jean-Marie m’a présenté une femme qu’il avait rencontrée à l’hôpital dans lequel il travaille, Sabine. Très vite elle m’a demandé de revenir régulièrement et peu à peu j’ai appris à la connaître. Cette femme d’à peine plus de 40 ans, a subi depuis sa naissance toute la souffrance imaginable, depuis la violence jusqu’à la maladie orpheline et incurable en passant par la mort de son enfant de trois ans.
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Aujourd’hui, elle n’a plus rien, son mari est gravement malade, ses enfants et ses amis ne comprennent pas sa maladie, son corps ne tient plus qu’à un fil et pourtant depuis que je la connais, en la suivant d’hôpital en hôpital, elle n’a cessé de se réjouir de ma venue ! Qu’est-ce qui fait que quelqu’un qui a tant souffert continue à se réjouir d’un bouquet de fleurs ou d’un ami qui frappe à la porte ? J’en connais beaucoup ici que la souffrance a refermé sur eux-mêmes, qui « sont trop vieux pour avoir des amis », « trop malades pour avoir de la visite »… Mais chez Sabine, rien de tout cela.
Un jour où les médecins lui avaient donné un répit et où elle était chez elle, elle m’appelle pour me demander si nous pouvons aller prendre un café. A l’heure dite je la retrouve, très pâle et le visage gonflé, elle me regarde et me dit : « Ça ne va pas très bien, j’ai mal à la tête… Mais je ne voulais pas annuler, j’étais tellement heureuse de te retrouver ». Cinq heures après notre café mon amie était de nouveau à l’hôpital. « Tu sais, m’a-t-elle dit un jour, je suis musulmane, je crois en Dieu depuis longtemps. Mais pour moi Dieu était toujours un peu abstrait. Mais depuis que je suis malade, depuis que j’ai vu l’amour des personnes qui m’entourent, je ne peux plus douter. C’est dans votre amour que j’ai découvert que Dieu est une personne. » Il me semble au contraire qu’avec sa simplicité, c’est bien elle qui m’a montré le visage de Dieu. Miracle de l’amitié.
Le récit de cette belle rencontre me rappelle les paroles d’une chanson du Père Aimé Duval: « Quand tu m’as dit, ma sœur, des choses aimantes, le Ciel n’était pas loin de nous ».
Un gros bisou à Sabine d’une » soeur » qui ne la connait que par la photo mise sur Facebook.
Un peu de soleil de Provence et toute ma communion de pensée pour lui remonter le moral j’espère! A toi aussi Suzanne mes plus gros bisous.