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Les larmes de Jésus et les larmes du père Ceyrac

Le père Ceyrac sj, a passé plus de cinquante ans en Inde et douze ans au Cambodge. Ayant fait sien le proverbe sanskrit : "Tout ce qui n'est pas donné est perdu", il n'a eu de cesse de se donner pour tous, en particulier pour les plus pauvres. Il aurait eu cent ans le 4 février 2014. A cette occasion, le père Francis, recteur du Loyola College de Chennai (Madras) – où vécut le père Ceyrac – a prononcé l'homélie suivante.


Père Pierre Ceyrac au Jardin de la Miséricorde, Inde ©Points-Cœur

La phrase la plus courte de la Bible est "Jésus pleura". Jésus a pleuré en face de Jérusalem. Il a pleuré pour les milliers d’habitants de cette ville. Il a souvent été ému, profondément ému de compassion. Devant les foules affamées pour lesquelles il a multiplié les pains. Devant la souffrance d’une famille accablée par la perte d’un être aimé. Jésus pleura.
Il y a 45 ans, j’étais étudiant et le Père Ceyrac est venu nous parler. Sa soutane était toute froissée et, comme d’habitude, il venait en courant. Il s’est assis et, après nous avoir parlé pendant quelques minutes, il s’est mis à pleurer. Il nous parlait de la souffrance de son peuple, des humiliations de son peuple. Leur souffrance était sa souffrance, leur tristesse était sa tristesse, leur faim était la sienne.

Ce n’est que récemment que j’ai compris que ses larmes, que son cri pour la justice étaient les larmes de Jésus, étaient le cri de Jésus pour la justice. Le cœur du Père Ceyrac révèle le cœur de Jésus. Un cœur débordant de compassion pour son peuple. Une miséricorde qui fait bouger les montagnes ! C’est de fait le cœur de l’Evangile : la compassion illimitée de Dieu. L’amour du Père Ceyrac était si grand, son espérance était si grande, sa foi était si grande. Prions pour que nous puissions aimer autant, espérer autant et croire autant !

A la fin de sa vie, il disait continuellement "Formidable". Vous lui parliez des étudiants en train de passer leurs examens et il disait : "Formidable". Il s’est cassé la hanche et a été opéré et il disait : "Formidable". Vous lui appreniez qu’un de ses vieux amis était mort. Il restait une minute en silence, puis s’exclamait : "Formidable" !

L’un de ses très bons amis qui ne pouvait pas être ici aujourd’hui m’a écrit hier en disant : "Pour moi, Père Ceyrac était la porte du paradis". Il a ouvert cette porte pour nous. Le Père Ceyrac nous regarde avec tant de bienveillance, de joie de nous voir réunis. Il demeure ce grand "passeur" qui nous redit avec Jésus : "Allons de l’autre bord". Ainsi aujourd’hui nous ne prions pas pour lui, mais plutôt avec lui. Nous le prions pour qu’il nous partage l’amour avec lequel il aimait, pour que nous puissions nous aussi être remplis du feu du cœur de Jésus. Et crier, crier pour que justice soit faite aux pauvres. Et Jésus pleura !

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2 Commentaires

  1. Bories

    Un grand merci, Bernard, pour cette brève et magnifique citation. Le P. Ceyrac avait parfois, entre deux de ses fréquents sourires, un vrai visage de crucifié. Je me souviens d’un instant à table où, entre la poire et le fromage, il m’a lâché sans prévenir : « Il y a des moments où on se demande si on n’a pas tout raté depuis le début ». Je suis resté interdit… et quelques instants plus tard il se mêlait de nouveau joyeusement à la conversation. P. Ceyrac, priez pour nous !

  2. BONANSEA Gabrielle

    La souffrance est amour! C’est dur à comprendre mais pourtant combien elle nous rapproche de Jésus.Père Ceyrac, priez pour nous afin que nous soyions capables d’ offrir nos souffrances en participation à celles de Jésus sur la croix par amour,
    pour nous les hommes!

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