En Irak, les chrétiens et les chiites sont expulsés ou tués. En Palestine, il y a eu plus de 1000 morts en une vingtaine de jours. Au cœur de toutes ces atrocités, des pépites d’or apparaissent, mélangées à la boue. Des pépites d’or qui sont ces rencontres, ces pas de communion entre chrétiens et musulmans, des signes d’espérance, même si elles n’enlèvent rien à l’absurdité de la souffrance de ces peuples d’Orient depuis des années. Voici quelques fioretti qui parlent d’eux-mêmes.
1. Dalia El Arydy, journaliste irakienne sunnite, porte la croix autour du cou pour exprimer son soutien aux chrétiens d'Irak.
Interview de la journaliste irakienne Dalia El Arydy par la chaîne de télévision libanaise (LBC) :
Question : Vous avez souhaité être en communion avec les chrétiens de votre pays, en portant la croix autour du cou, vous, l’Irakienne musulmane sunnite. Pourquoi avez-vous choisi de prendre cette initiative ?
Dalia El Arydy. C’est une initiative pour lutter contre ceux qui essaient d’enfouir la civilisation. Ce n’est pas uniquement une initiative religieuse, mais aussi civile et culturelle. C’est une grande douleur de voir que certains souhaitent « teindre » l’Irak avec une seule teinture, une seule couleur. Et moi, en tant qu’Irakienne, quelle que soit mon appartenance religieuse ou confessionnelle, je refuse d’appartenir à une seule couleur. La croix a été interdite à Mossoul, le chrétien même a été interdit à Mossoul. Notre réponse à cela n’est rien d’autre que de porter la croix autour de notre cou pour dire à tous les Irakiens : « Nous sommes tous chrétiens », et ceci jusqu’au retour de chaque chrétien à Mossoul même, et jusqu'à ce que la sécurité de chaque chrétien en Irak soit assurée.
Question : En prenant cette initiative, vous n’avez pas eu peur pour votre famille qui habite toujours à Bagdad ?
D. El Arydy. J’appartiens à une grande famille musulmane sunnite. Je suis désolée de me définir en tant que sunnite. D’abord et avant tout je suis Irakienne, au-delà de ma religion ou de ma confession. Je ne sais pas dire si j’ai vraiment peur, mais en tout cas les menaces sont bien présentes. Mais à la fois la persécution contre les chrétiens est une « cause » pour laquelle il faut lutter, et si moi je me tais, et les autres se taisent aussi…. « Celui qui reste sans rien dire pour défendre un droit ou une liberté, est un diable muet » (sourate du Coran). Non, même si c’est dangereux, menaçant, cette « cause » mérite qu’on affronte le danger pour la défendre.
Question : Comment pensez-vous continuer cette lutte ? En ce qui concerne vos amis, vous les invitez par exemple à faire la même démarche que vous : porter la croix autour du cou ?
D. El Arydy. Moi je les ai invités. Mon initiative a commencé d’une façon très personnelle : j’ai réagi, et j’ai été très surprise par la quantité d’amis et de gens qui ont appuyé mon initiative à travers facebook, twitter. Alors je les ai invités tous à me rejoindre. Nous avons un projet avec d’autres artistes, celui de concevoir des pin’s avec le dessin de la croix et du croissant ensemble, pour signifier que nous sommes une seule main, un seul peuple irakien. Daech ou l’Etat islamique, ce n’est pas l’islam que les Irakiens ont connu. Ce qui se passe actuellement à Mossoul nous a donné une seule teinture, nous a fait vivre la honte de dire que nous sommes musulmans, que nous sommes sunnites par exemple. C’est sûr que ce n’est pas cela l’islam.
Dalia El Arydy
2. Le secrétaire général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, prend position pour les chrétiens.
Le 25 juillet, à l’occasion de la journée mondiale pour la Palestine, le secrétaire général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah a défendu lui aussi les chrétiens d’Irak :
« L’Irak est entré dans le tunnel sombre. C’est une grande désolation de voir qu’au nom de l’islam, et au nom de la Kalifa musulmane, sont expulsées d’Irak des dizaines de milliers de familles chrétiennes. Pour nous, en tant que musulmans aujourd’hui, en tant que mouvement musulman, c’est un devoir de nous tenir ici, en cette journée mondiale pour la Palestine, pour proclamer notre condamnation de ce que les chrétiens d’Irak, ainsi que les chiites en Irak, subissent. »
3. Le soutien du Cheikh Amin Al Rifai aux chrétiens.
« Celui qui agresse l’Eglise, c'est aussi celui qui agresse la mosquée. Celui qui agresse le moine, c'est aussi celui qui agresse le cheikh. Notre protection à tous est une. Nous sommes dans un seul pays, et chacune de nos religions respectives ne nous invite pas à nous entretuer, mais à veiller les uns sur les autres, collaborant ensemble. »
4. L'appel du premier ministre libanais, Tamam Salam, sunnite :
« Les chrétiens ne sont sous la tutelle ou la protection de personne. Leur présence n’est pas accidentelle ou fortuite sur cette terre d’Orient, mais ils sont au contraire les seigneurs des lieux exactement comme les musulmans. A eux aussi appartiennent le sel de cette terre et sa parenté, tout comme aux musulmans. Je lance un appel à toutes les forces politiques, pour trouver une solution à la vacance présidentielle et se presser à élire un nouveau président de la république libanaise, unique président chrétien dans notre monde arabe. »
5. En Palestine, l'expérience d'un nouveau regard.
Le 27 juillet 2014, le journal libanais "L'Orient le jour" a publié le témoignage suivant de 500 réfugiés (chrétiens et musulmans) qui se retrouvent dans la même église (Saint-Porphyre) en Palestine, suite aux bombardements israéliens.
« Pour Mahmoud Khalaf, un habitant de Gaza, c'est une expérience pour le moins inhabituelle de se prosterner cinq fois par jour pour la prière musulmane sous le regard d'une icône de Jésus dans une église de l'enclave palestinienne. Mais depuis que l'armée israélienne a commencé à pilonner sa ville de Chaaf, dans le nord de ce petit territoire de quelque 360 kms carrés, il n'a pas eu d'autre choix que de se réfugier dans l'église grecque-orthodoxe Saint-Porphyre, dans le quartier du Vieux Gaza. "Ils nous laissent prier. Cela a changé la vision que j'avais des chrétiens. Je n'en connaissais pas vraiment avant, mais ils sont devenus nos frères", explique ce musulman palestinien de 27 ans. "L'amour entre les musulmans et les chrétiens grandit ici", témoigne-t-il.
Chaque jour, il se tourne vers La Mecque, le premier lieu saint de l'islam en Arabie saoudite, récite les versets du Coran et se prosterne, comme il le ferait dans une mosquée. Et les prêtres comme les paroissiens de Saint-Porphyre sont attentionnés pour leurs hôtes. "Les chrétiens ne jeûnent pas, bien sûr, mais ils évitent soigneusement de manger devant nous pendant la journée. Ils ne fument pas et ne boivent pas quand ils sont avec nous", observe Mahmoud Khalaf.
"Les chrétiens et les musulmans vont peut-être célébrer l'Aïd ensemble ici", avance Sabrine al-Ziyara, une musulmane qui travaille depuis 10 ans comme femme de ménage à Saint-Porphyre. "Mais cette année, ce ne sera pas la fête de la fin du jeûne, ce sera la fête des martyrs", dit-elle tristement.
L’expérience de subir ensemble les bombardements, renforce les liens. »
Très interpellant! Quel courage!
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Fraternellement à toutes ces personnes d’une grande noblesse de coeur! Avec ces belles pépites d’Or extirpées de la boue de la bêtise l’espérance renait !
N’en déplaise aux intégristes de toutes les religions. Les 3 grandes traditions juive; Islamique et chrétienne sont basées sur 2 dimensions. La première verticale reliant Dieu et l’Homme et la 2ème horizontale reliant les hommes entre eux. Au centre de ce croisement les juifs ont mis la Loi; les musulmans le Coran et les chrétien Jésus,
mais c’est bien la même croix d’amour du Créateur.