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La fidélité des choses, poème

Pour ces 25 ans, presque le silence. Presque rien. Presque tout. La fidélité à être là, quand il n'y a personne. Et pour nous, la fidélité "aux choses", aux choses reçues, aux choses qui se donnent. Et puis, la poésie, selon ce vers de Bonnefoy, ce "premier feu à prendre au bas du monde mort".   

 

 

 

"Comment te dire ma gratitude mon admiration
tu réponds toujours à l’appel des yeux
par ta grande immobilité tu signifies
à la pauvre raison: nous sommes réels —
la fidélité des choses nous ouvre les yeux à la fin"

 

(Zbigniew Herbert)

 

 

 

 

 

 

3 Commentaires

  1. Wladislaw

    Merci, très beau texte. Ecrit en Pologne dans les années 70 il me semble. Voici le poème entier.

    Le tabouret
    Zbigniew Herbert

    On ne peut cacher plus longtemps cet amour
    un petit quadrupède aux pattes de chêne
    à la peau rugueuse et si fraîche
    objet quotidien dénué d’yeux mais doté de visage
    où les rides des rainures marquent un jugement mûr
    petit âne gris le plus patient des ânes
    il a perdu son pelage suite à de trop longs jeûnes
    en le caressant le matin je ne sens sous la main
    qu’une touffe de copeaux de bois

    — tu sais mon chéri il y avait des charlatans pour dire
    que la main ment l’oeil ment
    au contact des formes qui ne sont que vide —

    c’étaient des gens mauvais envieux des choses
    ils voulaient prendre le monde à l’hameçon des réfutations

    comment te dire ma gratitude mon admiration
    tu réponds toujours à l’appel des yeux
    par ta grande immobilité tu signifies
    à la pauvre raison: nous sommes réels —
    la fidélité des choses nous ouvre les yeux à la fin.

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