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P. Jérôme : un phare dans la tempête

Il y a 30 ans, le 29 janvier 1985, le père Jérôme rejoignait pour toujours la compagnie sans durée de l'Ami qu'il avait veillé toute sa vie sous les voûtes de Sept-Fons. A cette occasion, Anne Bernet, auteur de nombreux essais historiques vient de publier une remarquable biographie sur cet incontestable maître : Père Jérôme, un moine au croisement des temps. Dans un contexte de crise, au milieu de tant d'épreuves, il sut transmettre à ses fils spirituels le chemin de la contemplation et rendit perceptible à d'innombrables personnes la saveur authentique de la prière et de l'Evangile. 

Avec l'accord de son auteur, nous publions l'intégralité de la préface du frère M.-Joaquim, moine de l'abbaye de Sept-Fons (Allier) : 

Comment cette biographie est-elle née ? Comme naît tout projet de livre, toute œuvre d’art, toute amitié. Outre un heureux concours de circonstances, peut-être providentiel, il faut une certaine acuité du regard, pour saisir le « bon moment ». On peut manquer la naissance d’un livre, l’éclosion d’une vocation, tout comme on peut manquer un train.

Père Jérôme est mort le 29 janvier 1985. Trente années déjà se sont écoulées ; bien des choses, bien des personnes ont passé, mais la crise de l’Église demeure. Père Jérôme, malgré les apparences, est un grand acteur de cette époque. Dans des situations semblables à celles d’aujourd’hui, il a su réfléchir, agir et enseigner. C’est pour cette raison précise que sa biographie est opportune. Madame Bernet est audacieuse. Le sujet est sensible. Faire métier d’écrivain sur la reine Brunehaut, Saint Jérôme ou Madame Elisabeth ne comporte pas de grands risques. Là, on peut déployer son art, son érudition, son imagination même, sans pour autant tomber dans le roman historique.

Mais, écrire sur une personne touchant de si près et sur des points si sensibles l’Église et son actualité, cela demande de la science, du courage et du talent. Madame Bernet a ces atouts. Il étayent son livre et servent Père Jérôme.

On pouvait redouter le contraire : s’en tenir à une stricte biographie, comme on classe des fossiles, faire revivre une époque et noyer Père Jérôme dans son temps, son enfance, son milieu familial ou monastique. Sa biographie tourne le dos à cette manière d’écrire ; elle a du souffle, elle est vivante, elle s’élève au-dessus des détails, sans les négliger. Elle présente clairement les situations, leurs causes et leurs conséquences.

Le monde des XXe et XXIe siècles, jusqu’au sein de l’Église, et même dans les monastères, fait penser à un torrent en crue. Pour naviguer juste et droit, Père Jérôme dut peser de tout le poids de son intelligence, de son attachement à Dieu, à sa vocation, à la prière.

À lire cette vie, on mesure combien elle a été exigeante et dure. Père Jérôme a connu des épreuves, plus que d’autres.

L’épreuve par excellence est celle qu’a vécue notre Seigneur, privé d’appui sensible sur le gibet de la croix ; sentiment de solitude, ne pas être entendu et soutenu par son Père, au moment même où il en éprouvait le plus grand besoin. Les épreuves des hommes de Dieu s’apparentent à celles du Seigneur, quand bien même on pourrait leur trouver des raisons plus humaines.

Père Jérôme a connu quelque chose de cette déréliction. Il ne s’en est jamais étonné, ni plaint. Or, au moment même où l’épreuve l’affaiblissait, il dut fournir un surcroit d’énergie pour continuer de vivre en moine dans un contexte de crise ; pour n’être pas emporté lui-même par les eaux impétueuses et folles qui se promettaient de tout balayer. Père Jérôme a tenu par grâce, par jugement et par conviction. Si quelque chose a pu l’étonner, c’est que son attitude ait porté des fruits qu’il n’eût osé espérer, tant il était habitué à l’austère dépouillement auquel sont soumis les amis de Dieu.

Mais l’intérêt principal de cette biographie se trouve peut-être ailleurs : si les épreuves ne manquent jamais aux amis de Dieu, un regard attentif découvre qu’au-delà de leur variété elles sont au fond toujours les mêmes. Une vie entièrement vouée à Dieu, à notre Seigneur et à la très Sainte Vierge, dans un attachement inébranlable au sacerdoce monastique et à l’Eucharistie, aux valeurs qui leur sont inhérentes, tout cela suscite, suscitera toujours étonnement, incompréhension, et même virulente hostilité.

Ce beau livre est un encouragement pour ceux qui luttent et auront à lutter encore. Car si la crise de l’Église finira par s’estomper, l’hostilité, elle, durera. Elle visera au premier chef des hommes tels que Père Jérôme. L’aventure spirituelle serait-elle simplement une impasse, un creuset, un chemin de désillusion ? Elle est tout le contraire ! Car les fruits de tant d’épreuves, paradoxalement, sont la paix du cœur et le bonheur des saints.

De tout cela, Père Jérôme est la parfaite illustration. À tel point que cet homme, que Dieu et la vie n’ont pas ménagé, suscite chez de jeunes disciples bien doués un grand intérêt.

 

 

Visiter le site de l'abbaye Notre Dame de Sept-Fons

 

Se procurer les livres (cliquer sur l'image) : 

 

Anne BERNET, Père Jérôme, un moine au croisement des temps (Cerf, 2015).

 

 

Père Jérôme, Notre coeur contre l'athéisme (Ad Solem, Paris 2014)

 

Père Jérôme, Les bonnes influences (Ad Solem, 2014)

 

Père Jérôme, Possibilités et mélodies (Ad Solem, 2011).

 

Père Jérôme, Que puis-je faire? (Ad Solem, 2011)

 

 

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