En attendant la nouvelle encyclique du pape François sur l'écologie, voici quelques mots du Bartholomée 1er, patriarche de Constantinople.
Un problème spirituel
"Au cours des trois décennies, le monde a été témoin d’une dégradation écologique alarmante, d’un échec croissant dans la mise en œuvre des mesures environnementales et d’un écart toujours grandissant entre les riches et les pauvres […]. La réponse à ces problèmes urgents n’est pas seulement d’ordre politique ou économique. Elle est fondamentalement d’ordre spirituel et moral […].
La terre et la vie intérieure
Notre conviction profonde est que la spiritualité et l’éthique, lorsqu’elles se désengagent du monde créé qui nous est extérieur, se désengagent également du mystère intérieur. La théologie et l’Église doivent s’attaquer aux racines du problème écologique, ce qui exige à la fois de la compassion et du sacrifice, et de cesser d’ignorer les pauvres qui sont le reflet le plus manifeste de l’être même de Dieu […] ; il s’agit de discerner notre vocation au service de la mission de l’Église dans le futur. Par des liens mystérieux que nous ne comprenons pas toujours (et que parfois nous choisissons d’ignorer), la terre nous rappelle notre vocation à être humbles et sensibles. Nous serons jugés, croyons-nous, sur la tendresse et la délicatesse que nous manifestons envers la nature, car elles reflètent la manière dont nous prions Dieu et traitons les êtres humains.
La voie de l'humilité
La voie de l’humilité est de marcher avec légèreté et douceur. C’est l’humilité qui nous relie les uns aux autres, tandis que l’orgueil nous sépare des autres et de la Terre. Celle-ci a l’humilité et le pouvoir de nous guérir tous, si seulement nous lui permettons de survivre […]. Notre péché réside en notre refus obstiné, en tant qu’êtres humains, de recevoir le monde comme un don de réconciliation avec la planète et comme un sacrement de communion avec le reste de l’humanité. Ainsi la crise à laquelle nous sommes confrontés concerne moins l’environnement lui-même que la façon dont nous envisageons et imaginons le monde […]. Nous traitons notre planète de façon inhumaine et impie parce que nous refusons de la considérer comme un don reçu en héritage […].
L'étincelle divine en toute chose
Avant de pouvoir commencer à agir de manière responsable, nous sommes appelés à nous tenir paisibles et à voir la merveille de Dieu dans la beauté de la création. Les théologiens cherchent souvent des réponses métaphysiques aux problèmes contemporains. La vérité est que nous avons besoin de plus de poésie en théologie et dans l’Église. Nous devons apprendre à discerner l’étincelle divine en toute chose. Souvenons-nous des mots du psalmiste : « Tout être vivant chante la louange du Seigneur. » Tout est rempli de la vie de l’Esprit. Le monde entier est « un buisson brûlant des énergies divines » (saint Grégoire Palamas).
La liturgie cosmique
Deux mystiques du septième siècle décrivent avec éloquence cette relation entre la nature, l’humanité et Dieu en termes de liturgie et de miséricorde. Saint Maxime le Confesseur parlait de célébrer une « liturgie cosmique », le monde étant à ses yeux un magnifique autel sur lequel les humains rendent gloire et action de grâces. Et Abba Isaac le Syrien écrivait sur la nécessité « d’acquérir un cœur miséricordieux, brûlant d’amour pour l’ensemble de la création : les humains, les oiseaux, les bêtes des champs. »
Si nous sommes coupables d’un gaspillage effroyable dans notre monde, c’est peut-être parce que nous avons perdu ce sens de la liturgie et cette spiritualité de la compassion."
(Bartholomée Ier, message à l’ouverture du colloque « l’avenir de la terre », 27/01/2009, Paris)
Source : sagesse-orthodoxe.fr
A lire également :
Discours de Bartholomée 1er à l'Institut Catholique de Paris (La vie – 31/01/2014)
Bartholomée 1er, le patriarche vert nous livre une belle leçon d'unité entre la vie et la foi. Merci.
Une encyclique sur l’écologie Laudato si (« Loué sois-tu ») du pape François annoncée pour le 18 juin, un sommet sur l’environnement et l’écologie intitulé « Théologie, écologie et Parole : un colloque sur l’environnement, la littérature et les arts » convoqué par le Patriarche Bartholomée du 8 au 10 juin, une session de négociation intermédiaire du 1er au 11 juin à Bonn (Allemagne) pour trouver les premiers compromis en vue d’un accord international pour limiter le réchauffement climatique à 2° d’ici la fin du siècle, la tenue en décembre à Paris de la conférence internationale sur les changements climatiques (Cop 21) : l’année 2015 est celle de l’écologie. Après une première initiative qui avait réuni 1700 personnes notre diocèse et La Vie lancent de nouvelles Assises chrétiennes de l’écologie qui se dérouleront au Parc des expositions à St-Etienne les 28, 29 et 30 août. Parce que les menaces d’ampleur qui pèsent sur notre planète ne peuvent laisser les chrétiens indifférents (Un chrétien qui ne prend pas soin de la Création, dit le pape François, est un chrétien qui n’attache pas d’importance au travail de Dieu), parce que nous avons besoin aussi de réponses spirituelles à la crise écologique, nous avons choisi de réunir les meilleurs experts et penseurs sur la question, mais aussi de montrer toute la diversité des initiatives de terrain. Rendez-vous sur rencontres écologie 2015 afin de trouver le programme de ces journées et pouvoir vous y inscrire. N’hésitez pas à diffuser ces informations autour de vous ! L’enjeu est de taille. Il nous faut plus que jamais dessiner ensemble les contours d’une société plus juste et plus respectueuse de chaque homme et de la création. Père Jean-Luc SOUVETON
Merci pour ces informations, et bon courage pour ce travail de fond.