Le drame des réfugiés qui arrivent en masse vers l’Europe, et dont nous sommes témoins quotidiennement ne cesse de s’amplifier. Ils essaient par tous les moyens de fuir la guerre, la souffrance, en risquant leur vie, payant tout ce qui leur reste comme argent pour vivre, quittant leur terre et leur famille. Tous ces sacrifices pour atteindre un « Eldorado », souvent européen, une terre où ils pensent trouver de l’argent, des conditions de vie meilleures, une belle vie.
C’est l’exemple d’Ahmed Taleb (syrien kurde), et de 200 syriens comme lui, qui sont rentrés en Europe en passant par l’Arctique. « Voyager par la mer est trop dangereux. Mais si j’achète un visa pour la Russie, il me suffira juste de payer et de partir. C’est plus facile et plus sûr comme moyen pour rejoindre l’Europe. J’ai regardé une carte du monde, et j’ai pris la décision de me lancer ! » dit ce jeune de 25 ans. Le grand départ de Kobani s’est fait en avion pour Moscou, ensuite de Moscou à Mourmansk en train, et de Mourmansk (Nord-est de la Russie) jusqu’en Norvège en vélo. C’est étrange, mais le vélo reste l’unique moyen pour pouvoir traverser le barrage de Storskog entre la Russie et la Norvège, dans des conditions climatiques assez difficiles. Même si la Norvège ne fait pas partie de l’Union Européenne, elle fait partie de l’espace Schengen qui permettra aux réfugiés de circuler librement en Europe. Ce voyage coute entre trois et quatre mille euros.
Pourquoi les réfugiés musulmans syriens rêvent-ils d’un eldorado européen plutôt que de rejoindre un pays arabe, comme les pays islamique du Golfe qui sont plus proches d’eux, géographiquement et culturellement ?
Le père Samir Khalil, (jésuite islamologue d’origine égyptienne, professeur à l’université Saint Joseph à Beyrouth) a donné le 11 septembre à Asianews deux réponses:
- Mieux vaut être refugié qu’esclave : « Les syriens musulmans savent que dans les pays arabes, les ouvriers sont traités comme des esclaves, comme une main-d’œuvre à bon marché. C’est le même modèle de société que veut appliquer l’Etat islamique. Les syriens savent qu’en Europe ils trouveront plus de travail et plus d’ouverture de cœur. Ils savent que dans les pays musulmans, dans les nations arabes riches comme l’Arabie Saoudite, le Qatar, il y a le concept des ‘classes’ qui se rajoute à celui des ‘différences sunnite/chiite’. Ils savent comment sont traités les immigrants pakistanais, indiens, philippins dans le monde du travail, dans ces pays là. La religion musulmane n’est plus quelque chose qui unit le Moyen-Orient, mais qui le divise».
- La question de la nationalité : « si en Occident, les immigrés, auront la possibilité de rester dans le pays qui les accueille toute leur vie et de pouvoir avoir la nationalité, ceci leur reste impossible dans les pays arabes, puisque ni l’Arabie Saoudite, ni le Qatar ne donnent la nationalité aux immigrés. Ils les maintiennent plutôt dans des conditions d’exploitation pour un certain temps. »
Avec quel regard l’Europe accueille-t-elle les réfugiés syriens, irakiens ou africains ? Sur quel critère s’est-elle appuyée pour décider d’ouvrir ses portes ou pas ?
Extraits traduits de l’italien depuis le site Tempi article paru le 11 septembre :
« L’Europe est en train de vieillir, et c’est pour cela que nous avons besoin de nouveaux talents, qui arrivent de partout dans le monde. » C’est un des arguments que Jean-Claude Juncker a utilisé à Strasbourg pour inviter, devant le parlement européen, les pays membres de l’union, à accueillir les milliers de migrants qui frappent à la porte du continent européen. La veille du discours de Juncker à Strasbourg, le journal Repubblica a lancé avec conviction ‘la thèse’ selon laquelle “l’Europe aurait besoin de 42 millions de nouveaux européens en 2020” et a vu que les européens ont pratiquement arrêté de procréer ces "nouveaux européens". Donc voici que l’arrivée en masse des migrants fera à l’Europe le plus grand bien. “Ce seront eux, écrit Maurizio Ricci, qui sauveront la situation en payant nos pensions”.
Mais l’éditorial du journal Il Foglio, rappelle de son côté, que sur ce sujet il peut se produire de graves « aberrations de jugement », surtout dans le fait de « traiter les immigrants comme de purs numéros, oubliant ce qui caractérise leur culture propre. Cela signifie ne pas respecter leur qualité humaine et créer une confusion sur la question complexe de l’intégration et du travail ».
Finalement, réfléchir à des projets concrets qui aideraient les immigrants à pouvoir rester chez eux, exploitant la richesse de leur propre pays, conservant leur culture et leur langue, ne pourrait-il pas être aussi une solution, une aide véritable à leur offrir ? Cette solution pourrait peut-être éviter les drames de la séparation des familles africaines, et celui de la reconstitution de la carte géographique au Moyen Orient…
Il faut quand même se rendre compte du poids terrible d'une phrase comme celle de Juncker …
"Nous avons besoin de nouveaux "talents" < ——–> "parce que nous vieillissons"
Ce paradigme a qqchose d'effarant :
1/ parce qu'il consacre l'épuisement démographique de sociétés qui n'ont couru qu'après les biens matériels en recourant à tous les artifices contraceptifs et abortifs
2/ parce qu'avec un cynisme prodigieux, on va dépouiller les autres pays que nous avons nous-mêmes plongés en enfer, pour pouvoir assurer notre économie, payer nos retraites et nous assurer des garde-maldes. Ces pays, justement, ils n'en ont pas besoin, eux, de nouveaux talents ??
C'est pour moi une terrible illustration de l'esclavagisme matérialiste, une nouvelle représentation des undermeschen que les nazis avaient si bien développé.