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« Jamais nous ne parlions d’Est et d’Ouest. C’était Alep, et c’est tout ! »

Pendant que les Russes et Américains entretiennent l'illusion que la « grande trêve » en Syrie reste en vigueur, la ville d’Alep (coupée en deux entre les rebelles et Assad) est ravagée depuis une dizaine de jours par des bombardements particulièrement violents. Chacun des deux camps s’acharne pour la récupérer. Ses femmes, ses enfants et ses personnes âgées paient le prix de l'échec des engagements des Etats-Unis et de la Russie à faire tenir la trêve. Plus de 270 personnes tuées en 12 jours.

 "Si la trêve tient c'est entre les Etats-Unis et la Russie, pas entre l'opposition et le régime. Si c'est ça leur trêve, je vous en conjure, ramenez-nous la guerre !", lance Saad Aliya, un chauffeur de taxi de 27 ans.

Mercredi dernier, l’hôpital al Kods d’Alep a été bombardé, 22 civils ont été tués, ainsi que deux médecins et trois infirmiers. Le docteur Mohammad Wissam Maaz, pédiatre très connu et apprécié à Alep, choisissant de rester pour sauver la vie des enfants, a été lui aussi tué dans ce raid. Mirella Hodeib, porte-parole à Beyrouth de Médecins sans frontières : « Al-Qods était le principal hôpital pour enfants et il était un important pédiatre. Il travaillait dans cet établissement depuis des années. Sa disparition est une terrible perte ».


Docteur Mohammad Wissam Maaz

Les médecins d’Alep ont lancé également un appel international par l’organisation Crisis Action : « Bientôt, il n’y aura plus de professionnels de santé à Alep. Vers qui se tourneront alors les civils qui auront besoin de nous ? Au moins 730 médecins ont été tués en Syrie en cinq ans [….] Nos hôpitaux sont près du point de rupture à cause de l'intensification des frappes qui ont fait certains jours près de quatre morts et plus de cinquante blessés toutes les heures ».

Du coté Ouest d’Alep, contrôlé par le régime, Fadi (chrétien aleppin) témoigne au journal libanais L’Orient le jour : « Jamais avant nous ne parlions d'Est et d'Ouest. C'était Alep et c'est tout ! Ma famille est au Liban. Mais je ne veux pas partir. C'est toujours mon pays, c'est toujours ma ville. On ne peut pas s'en aller comme ça. Il y a bien eu beaucoup de Libanais qui sont restés pendant la guerre, qui a duré 15 ans. Les habitants peuvent quitter la ville, mais ceux qui restent le font de leur plein gré ».

Mercredi, le conseil de sécurité des Nations Unies se réunit de nouveau, espérons que le cri des Aleppins résonnera plus fort que les intérêts politiques et économiques des grandes puissances, pour que la paix puisse régner, les syriens revenir à leur terre, et qu’on n’en parle plus d’Est et d’Ouest, mais à nouveau « d’Alep, et c’est tout ! »

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2 Commentaires

  1. Denis Cardinaux

    Merci de parler de ces évènements. à Vienne nous vivons avec un réfugié Syrien dont le cousin est décédé au cours de ces bombardements. Nous pensons également à tous les amis du Points-Coeur d'Alep qui sont dans cette terrible situation.