Home > Accueil > Bonne année de silence !

En cette période de vœux, le Cardinal Sarah apporte une touche originale en nous souhaitant une année de… silence ! Bernanos affirmait : « On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute vie intérieure ». L’ancien Archevêque de Conakry (Guinée), aujourd’hui préfet de la congrégation pour le culte divin, s’élève dans son dernier ouvrage – « La force du silence » – contre la dictature du bruit. Il rappelle que le silence est la toile de fond de toute relation à Dieu, la condition même de la vie intérieure, de l’amitié avec le Christ.

Saint Anne invitant au silence

 

Car 2017 a tout pour être une année bruyante…

Le vacarme des bombes qui continuent de tomber en Syrie…et le bruit tout aussi assourdissant de ceux qui tentent de « régler la question syrienne » après avoir déclenché ce conflit meurtrier.

Le brouhaha incessant des médias, qui surenchérissent dans la rapidité de publication des nouvelles, le flot de commentaire, le tsunami d’analyses sur le moindre événement sans importance ou déclaration de tel ou tel femme/homme public

Le bruit des élections qui s’annoncent en France, où tout le jeu n’est pas d’avoir raison mais de parler plus fort que les autres et de faire du bruit autour des gaffes de ses concurrents.

Les cris dans les stades pour les grands évènements sportifs (avec un magnifique tournoi des 6 nations qui s’annonce en rugby et les cris de joie pour l’arrivée prochaine du vainqueur du Vendée Globe !)

Le silence, une réponse au vacarme

Le Cardinal Sarah lance cet appel solennel, en réponse au bruit qui déjà monte après le silence de la nuit de Noël : «Entrez dans le silence, apprenez le silence ! Même l’Eglise aujourd’hui est trop bavarde, nous les prêtres et les évêques parlons trop… l’avenir de l’Eglise dépend de notre silence. Notre mission est d’être des hommes de prière et donc des hommes de silence, car Dieu est silence. Jésus a passé 30 ans de vie dans le silence de la Sainte Famille à Nazareth, auprès de Notre Dame du Silence et du silencieux saint Joseph ; puis il a commencé son ministère public par 40 jours de silence ;  il emmenait ses disciples régulièrement à l’écart des foules, pour retrouver le silence.  Et le mystère de la croix est un grand mystère de silence ». Dans son ouvrage Dieu ou Rien, il poursuit : le bruit n’est pas seulement ce que nous entendons à l’extérieur, il est aussi en nous, apprendre le silence c’est aussi apprendre à se taire « Il est terriblement important d’apprendre à ne pas parler sans raison. Dans le bruit, le prêtre (le chrétien) perd son temps. Le brouhaha est une pluie acide qui vient abimer notre méditation. Le silence de Dieu devrait nous enseigner quand il faut parler et quand il faut nous taire »

Un combat pour la « virginité du cœur »

« Le silence ne vient pas naturellement ; il est pourtant vital, à tout instant de notre vie : pour dormir ? Il nous faut du silence ! Pour lire un beau texte, écouter une belle musique ? Il nous faut du silence ! Pour écouter quelqu’un, avoir une conversation profonde ? Il faut un fond de silence, on n’écoute personne, on ne rencontre personne dans le vacarme. Le silence est un combat ne l’oublions pas ! « La dictature du bruit » est puissante et envahissante : dans les rues, les supermarchés, le téléphone dans notre poche, les multiples sollicitations que nous recevons à tout moment… Il faut du courage pour être un homme de silence aujourd’hui ! Mais c’est vital, c’est un combat nécessaire pour la survie de notre vie intérieure et la survie de l’humanité. Apprenez le silence ! Si nous ne le trouvons plus naturellement facilement, il faut le chercher, apprendre à le trouver ».

Dans « Dieu ou rien », le cardinal appelle cette recherche du silence la virginité du cœur. Il nous invite à avoir un cœur qui retient et médite à l’image de la Vierge Marie : « Il nous faut apprendre que le silence est le chemin de la rencontre personnelle et intime avec la présence silencieuse mais vivante de Dieu en nous (…) pour vraiment prier, il faut cultiver et sauvegarder une certaine virginité du cœur, autrement dit il ne faut pas vivre et grandir dans le brouhaha intérieur ou extérieur, dans la dispersion et les distractions mondaines » (p.175)

La liturgie, un lieu qui nous éduque au silence

« Un lieu où nous apprenons le sens du silence, où nous apprenons à goûter le silence, c’est la liturgie ! La liturgie nous est donnée pour entrer dans le silence. Elle est le lieu de notre relation à Dieu, un lieu unique de rencontre avec Dieu, le lieu du silence de Dieu. La liturgie n’est pas quelque chose qui m’appartient, ni à moi, ni à aucun Evêque ni à aucun prêtre, je ne peux pas faire ce qui me plait car elle est avant tout un don de Dieu. Les changements, évolutions dans la liturgie ne doivent pas être le fruit de nos réflexions, de notre volonté d’adaptation, ils doivent nous êtres indiqués par Dieu. La liturgie est un héritage que nous recevons et que nous ne pouvons pas dilapider comme nous le voulons. Le silence est essentiel dans la liturgie, il doit garder une place de premier ordre ».

A l’heure des résolutions de début d’année (une habitude dont on peut sourire mais qui n’est pas vaine pour autant !) nous pouvons être particulièrement attentif  à l’appel du cardinal Sarah, de croire en « la force du silence ». Le silence peut alors, plus qu’une passagère résolution, être un critère pour vivre cette année 2017 : « Dans ce monde affairé, où le temps n’existe ni pour la famille, ni pour soi et encore moins pour Dieu, la vraie réforme (résolution) consiste à retrouver le sens de la prière, le sens du silence, le sens de l’éternité » (Dieu ou rien, p.216)

(Les propos qui ne sont pas tirés de livres ont étés recuillis au cours d'une intervention orale du Cardinal Sarah le 4 janvier dernier. Elle sont reprises à partir de notes et ne peuvent pas être d’une précision parfaite. Le rédacteur de l’article c’est permis d’ajouter quelques mots, liaisons, pour essayer de mieux rendre le discours du cardinal Sarah.)

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1 Commentaire

  1. Bruno ANEL

    Je suis pleinement d'accord avec le cardinal Sarah sur la nécéssité du silence. A la demande de mon curé et en accord avec l'évêque, j'anime certains dimanche des assemblées dominicales dans des villages de montagne. J'invite les fidèles à prendre un instant de silence aprés l'homélie , aprés la prière universelle pour les inviter à confier leurs intentions personnelles au Seigneur, avant ou aprés la communion pour lui demander de nous configurer à Lui.