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Relation France-Afrique : enfin du nouveau !

Et la nouveauté est africaine et a pour acteur le président du Ghana Nana Akufo-Addo. 

Début décembre lors de la visite du président Macron dans son pays peu s’attendaient, et sans doute moins que quiconque le président français, à un discours d’une pareille hauteur de vue. Ce dernier en effet effectue un enterrement de première classe à 60 ans de coopération franco-africaine sur le thème de l’aide économique et financière direct. Le président du Ghana le martèle dès le début de son discours : « cela ne marchera pas, cela n’a jamais marché et cela ne marchera jamais ». Avec délicatesse, les efforts de la France et des autres pays occidentaux sont appréciés et remerciés mais c’est aussitôt pour affirmer que « c’est désormais l’Afrique qui doit prendre en charge son propre destin ». Il ne s’agit ni plus ni moins de « dissocier l’Afrique de son image de mendiant du monde ». 

Fini le discours sur les cicatrices indélébiles de la colonisation, le président remarque que la Corée du sud, la Malaisie et Singapour ont eux aussi obtenu leur indépendance il y a 60 ans et sont passés durant ce temps de pays en voie de développement à pays pleinement développés. La conclusion tombe comme un couperet : « Nous ne pouvons plus continuer à dépendre de la générosité des contribuables européens pour satisfaire nos besoins les plus élémentaires » ; mais aussi, elle sonne comme une espérance « il est possible de faire comme eux ». Une des chemins est simplement d’arrêter cette « mentalité de la dépendance ».  Et le président du Ghana d’énumérer les atouts de l’Afrique : « 30% des ressources naturelles de la planète, de vastes espaces, une population jeune ».  

Autre surprise enfin : la question migratoire. Là encore le président ne se perd pas en accusation mais cite sans détour la raison : « l’absence d’opportunités là où vous vivez vous contraint d’aller ailleurs ». « La solution c’est donc de leur offrir ici même les opportunités ». Et s’il salue « ceux qui font preuve de tant de courage et d’ingéniosité pour partir et traverser la Méditerranée », c’est aussitôt pour conclure : « nous voulons que ces énergies travaillent dans notre pays » et « nous voulons que les jeunes africains restent en Afrique ! »

En conclusion, l’on s’attendait à un énième discours de type « argent contre démocratie », à une énième leçon de morale occidentale et l’on a eu un discours surprenant d’un chef d’une nation qui revendique avec maturité la nécessité de se prendre en main sans assistance paternaliste. Peut être le début d’une vraie décolonisation, d’une véritable affirmation de la vocation spécifique de l’Afrique au sein des nations. Un discours qui sans aucun doute fera date. Rarement on avait entendu une phrase comme celle-ci : « compte tenu de ses ressources, c’est l’Afrique qui devrait faire des dons aux autres pays ! ».

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