Ce dimanche 14 octobre 2018, le pape François vient de canoniser son prédécesseur, Paul VI, ainsi que Mgr Oscar Romero, l’archevêque de San Salvador assassiné alors qu’il célébrait la messe en 1980, Nunzio Sulprizio mort à seulement 19 ans, les prêtres italiens Francesco Spinelli et Vincenzo Romano et deux religieuses, l’Allemande Maria Katharina Kasper et l’Espagnole Nazaria Ignazia de Sainte Thérèse de Jésus. Au cours de son homélie, il encourageait les fidèles à suivre leurs exemples, en retournant « aux sources de la joie, qui sont la rencontre avec Jésus » et faire « le choix courageux de prendre des risques pour le suivre » en ayant « le goût de quitter quelque chose pour embrasser sa vie ».
Giovanni Battista Montini est né le 26 septembre 1897 à Concesio, près de Brescia en Italie, et mort le 6 août 1978 à Castel Gandolfo. Il fut élu pape le 21 juin 1963 sous le nom de Paul VI.
Ses enseignements ont nourri la spiritualité de Points-Cœur. Dans cet article, il est proposé un florilège de citations mises en parallèle avec la Charte de Points-Coeur, laquelle décrit le style de vie des Amis des enfants, les volontaires de cette oeuvre catholique. Les extraits de la Charte sont en caractères gras, ceux de Paul VI en Italique.
Une œuvre catholique
Les Amis des enfants [1]Nom donné aux volontaires de Points-Coeur essaieront de vivre dans la plus parfaite communion, ne formant qu’un seul cœur. Notre plus grand désir est que l’Œuvre Points-Cœur soit facteur d’unité dans l’Église.
« L’esprit de catholicité, c’est un immense désir allant jusqu’à l’anxiété : dilater le territoire du Royaume du Christ. » (Épiphanie 1960)
« La communion est comme la circulation du sang dans un homme vivant et sain… le ciment qui unit et rassemble les différentes parties de l’édifice Église. » (28 juillet 1976)
« Notre cœur s’élargit aux dimensions du monde, comme s’il avait les proportions infinies du Cœur du Christ. » (Jeudi saint, 26 mars 1964)
Une œuvre contemplative
Dans leur oraison quotidienne, les Amis des enfants contempleront particulièrement le Seigneur Jésus à la crèche et à la croix où, plus qu’à aucun autre moment de son existence, Il se montre petit et misérable.
« Aujourd’hui encore, le corps du Christ est crucifié. […] Mais nous sommes certains que cette longue passion est consolée par notre compassion. Par la croix du Christ, à laquelle elle est offerte et par laquelle elle est soufferte, cette passion sera source de grâces pour le monde entier. » (27 mars 1964)
« Il est une parole qui nous fait entrevoir le cœur du Christ devant les foules. Devant les multitudes, devant le peuple, devant la foule des gens anonymes et inconnus, Jésus est pris d’un sentiment de sympathie et de compassion. Ce sentiment se traduit en lui par le désir d’atteindre par les merveilleux dons de sa bonté chacun des apôtres qui composent la masse du troupeau humain. »
Souvent , les Amis des enfants se rassembleront dans leur coin-prière, […] confiant à Dieu tous les enfants et les détresses qu’ils pourront rencontrer, mais aussi les enfants et les détresses du monde entier…
« Les besoins du monde ! Cette question donne le vertige tant ces besoins sont étendus, multiples, sans mesure… » (Noël 1963)
« Je ne viens pas avec le prestige de la richesse, ni avec la puissance des moyens techniques. Tous ceux qui pleurent, quelle que soit leur religion, je les assure de mon instante prière au Père de tous les hommes : qu’Il leur donne la douceur de son amour miséricordieux. » (27 novembre 1970)
Les Amis des enfants feront tout leur possible pour participer chaque jour à la messe : c’est là qu’ils recevront la grâce de se livrer sans compter au Père présent en chacun de ceux à qui ils sont envoyés.
« L’Église a son cœur dans l’eucharistie… Il n’est rien de plus doux sur terre. » (Mysterium fidei, n° 3 et 7)
« L’Esprit Saint qui accordera ses lumières dans la prière permettra de découvrir sans tâtonnement les vrais besoins de ceux qui entourent les Amis des enfants. » « Notre dévotion à l’Esprit devrait être la première entre toutes. » (17 mai 1967)
Une œuvre de compassion
L’œuvre de Points-Cœur, une œuvre de compassion et de consolation…
« Vous devez porter dans votre cœur cette souffrance de l’Église et être ainsi crucifiées, comme le seigneur est crucifié dans toutes ces âmes qui, pour sa gloire et pour son nom, souffrent la passion du monde. » (Aux moniales camaldules de l’Aventin, 23 mars 1966)
« Pour nous la solution, c’est l’amour,
non pas l’amour faible et rhétorique,
mais l’amour que le Christ nous enseigne dans l’eucharistie.
L’amour qui se donne,
l’amour qui se multiplie,
l’amour qui se sacrifie. »
(Bogotá, 21 août 1968)
« L’art d’aimer se change souvent en art de souffrir. » (14 septembre 1965)
« Celui qui souffre avec le Christ… est le bienfaiteur de ses frères. » (30 août 1967)
« Elles [certaines consacrées] souffrent tellement ! Mais si on leur demande ce qu’elles sont, elles disent qu’elles sont heureuses. Elles sont si fidèles, si généreuses, extraordinaires… on voit l’Esprit, les fruits de l’Esprit. » (Tre Fontane, 28 septembre 1973)
« Oh oui ! Ils [les pauvres] nous offrent, eux, et tant d’autres comme eux, la vision de l’Église souffrante, que nous pourrions bien appeler la véritable Église des béatitudes évangéliques, la véritable Église de la réalité vécue, l’Église patiente dans le drame de l’histoire, l’Église qui aspire dans les larmes à la vie promise à ceux qui auront porté leur croix avec le Christ…
L’Église […] n’est pas une société d’assurance contre les maux de la vie présente : au contraire, si on observe bien, elle est une société où les souffrances humaines trouvent un accueil préférentiel. Oui, l’Église est tout entière tendue à soulager les maux de l’homme, le péché tout d’abord, puis la douleur, la misère, la mort. Elle a pitié de toutes les déficiences humaines, et c’est pourquoi une profonde sympathie règne entre l’Église et l’homme qui souffre…
Voilà pourquoi elle aime se donner le titre humble et glorieux d’Église des pauvres, et se proposer comme programme la pauvreté. La première béatitude du Sermon sur la montagne résonne toujours dans le cœur de l’Église. » (3 août 1966)
Les Amis des enfants vivront d’une foi vive, en reconnaissant en chacun de ceux qu’ils approcheront le Seigneur présent « sous les espèces de l’enfant ».
« Allez au-devant du pauvre Lazare qui souffre faim et misère. Faites-vous son prochain pour qu’il reconnaisse dans votre regard celui du Christ qui l’accueille et dans vos mains celles du Seigneur qui répartit ses dons. » (Message de carême, 22 février 1978)
« Heureux sommes-nous si nous savons découvrir dans la petitesse de Jésus Enfant, demain crucifié, le premier-né de toute créature, le frère de tous, le défenseur des pauvres, l’ami des petits, le compagnon de ceux qui souffrent, le rédempteur des pécheurs, en un mot notre Sauveur. » (Noël 1975)
« Peut-être vous arrive-t-il de penser : « Personne ne m’aime, tout le monde me regarde avec des yeux qui m’humilient et me fortifient. » Eh bien ! si vous avez ces tristes pensées, rappelez-vous que moi, en venant ici, je vous regarde avec une profonde compréhension et une grande estime. Je vous aime vraiment parce que je découvre toujours en vous l’image de Dieu. J’observe en vous – avec peine, mais j’y parviens, sachez-le bien – l’image qui fait l’objet de ma recherche, qui est tout le secret de mon ministère, de ma mission et que j’espère pouvoir un jour contempler au paradis avec ces mêmes yeux qui, en ce moment, sont ouverts sur vous. » (9 avril 1964)
« Du berceau à la tombe, tout être humain, même le plus faible et le plus dépourvu, diminué ou laissé pour compte, possède un élément de noblesse qui est l’image de Dieu et la ressemblance avec lui. Et Jésus a enseigné à ses disciples que dans la personne de ces pauvres et de ces petits est représentée, avec une évidence particulière, sa propre personne. » (14 janvier 1978)
On demandera aux Amis des enfants d’essayer d’aimer les enfants comme Dieu les aime.
« Fais que ton cœur soit […] immense, capable […] d’aimer tout le monde, le bon parce qu’il est bon, le méchant pour le guérir, le petit parce qu’il doit être compris comme tel, le grand pour sa vraie grandeur, mais tous dans un même principe : l’amour. » (Mercredi saint 1961)
Les Amis des enfants respecteront infiniment chaque enfant, lui manifestant ainsi sa dignité d’homme et de fils de Dieu.
« Nous gardons au cœur l’inébranlable confiance de redonner un aspect humain à tout visage qui porte le reflet de celui de Dieu. » (À propos des drogués, 21 octobre 1971)
« Le renoncement est destiné à donner au visage humain la splendeur du Christ ressuscité. Tel est notre humanisme : il panse les plaies. Il sèche les larmes que la souffrance a fait couler sur le visage de l’homme. » (24 juillet 1968)
Pour les Amis des enfants, l’essentiel ne sera pas de faire. Il y a des écoles, des hôpitaux, des orphelinats… Les Points-Cœur ne seront rien de cela. Ils seront plus simplement des foyers en rien spécialisés, où les enfants sauront qu’ils peuvent toujours venir pour être écoutés, aimés, compris.
« Le bien qui compte le plus, c’est l’aide apportée par des voies humbles et souvent inconnues, à secourir de petites détresses trop souvent oubliées dans les grands projets de réforme sociale. »
« Nous constatons que la société se hâte sagement d’élever des digues devant les conséquences du mal social causé par le péché. Que d’orphelinats, d’hôpitaux, de centres de redressement ou de rééducation ! Combien d’art prodigué pour la régénération de l’homme ! Et pourtant, le monde se garde bien de remonter à la source. Sa prophylaxie, quand elle existe, ne sort pas des sphères naturalistes et sanitaires… Nous faisons l’impossible pour qu’il n’y ait pas de délinquants et, dans ce but, nous construisons des prisons…
Autre tendance inquiétante : le monde est souvent incapable de pardonner et se borne à punir… On exaspère la blessure restée béante au flanc du délinquant… Pas question d’apporter un véritable remède, capable de régénérer… Le monde […] confine sa lutte au plan de l’hygiène, au plan social, à l’assistance et, débordé par tous ses problèmes, ne dépasse pas le stade du provisoire et de l’improvisation… » (Mercredi saint 1959)
Il s’agira pour les Amis des enfants d’être un cœur paternel, maternel et fraternel à la fois ; un cœur attentif, compatissant et accueillant.
« Sur le chemin de la croix, nous apprenons à soigner, à servir la souffrance, quelle qu’elle soit… Le chemin de croix est une école de compassion… Le cœur chrétien, au rythme de celui du Christ, apprend à battre en harmonie avec celui qui est dans le besoin, dans la douleur, dans le malheur. » (Vendredi saint 1975)
Cette expérience risque de bouleverser ceux qui y consacreront un moment de leur vie et leur permettra sans doute de découvrir l’essentiel et d’envisager la suite de leur existence d’une façon radicalement nouvelle.
« Par un charisme secret mais infaillible de l’Esprit Saint, ceux qui se mettent au service de l’Évangile avec un cœur simple et généreux connaissent une métamorphose psychologique et orale caractéristique qui transforme les difficultés en stimulants, les dangers en attraits, les échecs eux-mêmes en titres de mérite et donc de paix sereine. » (12 janvier 1977)
« Le mystère de ces enfants, signe d’une présence divine blessée, transcende les recherches, les techniques, si louables soient-elles. Ce mystère exige un respect absolu non moins qu’une délicatesse extrême dans l’art de communiquer avec eux, par la simple présence, le regard, le silence ou le langage approprié. Les chrétiens au service de l’enfance meurtrie sont appelés à une continuelle dépossession d’eux-mêmes qui les conduit à la contemplation du visage souffrant de Dieu dans les pauvres. Ceux qui ont fait semblable découverte ne peuvent plus vivre qu’avec eux. Les jeunes de notre temps nous semblent capables de donner leur vie à cette merveilleuse « pédagogie de résurrection ». À cette jeunesse, il ne faut pas craindre de proposer un tel idéal. Ce sont vos travaux mieux coordonnés, intelligemment vulgarisés qui feront reculer la peur, le mépris ou l’indifférence face à ce monde de « l’innocence souffrante » porteuse de richesses humaines et spirituelles attendant d’être libérées. » (4 octobre 1973)
« L’Esprit Saint parle au cœur de celui qui a ouvert son cœur à la souffrance de ses frères ! » (28 septembre 1966)
« Nous nous faisons l’écho des plaintes de tant de victimes innocentes. Nous faisons nôtre la voix d’une population épuisée par les massacres et les ruines. Nous poussons le cri de l’humanité civilisée ayant foi dans la justice et dans l’amour […] pour supplier ceux qui peuvent et doivent discuter et délibérer : cela suffit. » (9 juillet 1972)
Sur la croix du chapelet que recevront les Amis des enfants sera gravé un cœur qui rappelle l’essentiel du message évangélique et la mission de chacun des Amis des enfants : « Être un cœur, tout un cœur, rien qu’un cœur. »
« Notre humble amour, il faut le donner généreusement. Tel qu’il est, en donnant tout, sans rien attendre en retour. Il nous a tous aimés, sans distinction et sans exclusive. Nous aussi nous devrons aimer avec un cœur largement ouvert, avec un cœur catholique, avec la volonté d’élargir et non de restreindre la sphère de notre ministère… » (25 février 1961)
« Nous ne sommes pas isolés du monde qui nous entoure, troublé par tant de problèmes, tant de conflits, tant de souffrances. Nous traversons des moments graves et difficiles dans tant de parties du monde. […] Et nous, au centre de l’Église, nous sommes comme un manomètre, un instrument sur lequel se répercutent les pressions, les plaies du corps du Christ, disons plus : de l’humanité. »
Les Amis des enfants iront vers les enfants avec le cœur de Jésus qui l’a conduit à se mettre à genoux devant ses disciples et à leur laver les pieds.
« On ne sauve pas le monde du dehors ; il faut comme le Verbe de Dieu qui s’est fait homme, assimiler en une certaine mesure les formes de vie de ceux à qui on veut porter le message du Christ ; sans revendiquer des privilèges qui éloignent, sans maintenir la barrière d’un langage incompréhensible, il faut partager les usages communs, pourvu qu’ils soient humains et honnêtes, spécialement ceux des plus petits, si l’on veut être écouté et compris. Il faut avant même de parler, écouter la voix et plus encore le cœur de l’homme ; le comprendre et, autant que possible, le respecter et, là où il le mérite, aller dans son sens. Il faut se faire le frère des hommes du fait même qu’on veut être leurs pasteurs, leurs pères et leurs maîtres. Le climat du dialogue, c’est l’amitié. Bien mieux, le service. Il suppose l’état d’esprit de celui qui sait ne plus pouvoir séparer son salut de la recherche de celui des autres. De celui qui s’emploie continuellement à mettre ce message dont il est dépositaire en circulation dans les échanges des hommes entre eux. » (Ecclesiam suam)
Une œuvre où se vivent la joie et la disponibilité
Les Amis des enfants tâcheront d’accueillir pour eux et d’apporter aux enfants, en toutes circonstances, la joie de l’espérance.
« Le christianisme, c’est la joie. La foi, c’est la joie. Rappelez-vous ceci, ô hommes, mes fils, mes frères, mes amis : le Christ, oui, c’est la joie, la vraie joie du monde ! » (Pâques 1969)
« Le chrétien peut connaître en même temps deux expériences différentes et opposées qui deviennent complémentaires : la souffrance et la joie ; avoir deux cœurs, l’un naturel, l’autre surnaturel. Rappelez-vous par exemple la merveilleuse expression de saint Paul : “Je déborde de joie dans toutes mes détresses.” » (26 juin 1974)
« Si nous sommes vraiment chrétiens et catholiques, nous devons baigner dans une joie toujours nouvelle et toujours vraie, la joie qui nous vient de la grâce de l’Esprit Saint et qui doit naître d’un double effort de renouveau et de réconciliation. » (26 juin 1974)
Les Amis des enfants s’estimeront et s’encourageront dans le Seigneur.
« La joie naît toujours d’un certain regard sur l’homme et sur Dieu. “Si ton œil est sain, ton corps tout entier est aussi dans la lumière” (Lc 11, 34). Puissions-nous rejoindre ce meilleur qui est dans l’âme de notre frère et cette présence divine si proche du cœur de l’homme ! »
« Le pauvre est notre tourment si nous le fuyons. Si nous nous en préoccupons, il est notre joie. Notre maître à bien vivre, si nous écoutons sa leçon silencieuse. Il est le compagnon de voyage qui, en définitive, est toujours à nos côtés. » (Carême 1963)
References
↑1 | Nom donné aux volontaires de Points-Coeur |
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