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Vénézuela : un hymne pour les exilés

Une voix s’élève au milieu de la crise humanitaire qui touche les vénézuéliens contraints de partir en exil. Par sa chanson, « Me fui », Reymar Perdomo rejoint la souffrance de milliers de personnes : « Je forçais mes yeux à ne pas voir la réalité… Mais je suis partie ». 

Une crise politique

Le 11 janvier dernier, le président du Venezuela Nicolas Maduro prêtait serment pour son deuxième mandat à la suite d’une réélection qui fut amplement dénoncée à sein du pays comme à l’extérieur comme une fraude électorale.

Le pays est désormais de plus en plus isolé politiquement. Des pays de la communauté européenne, des États-Unis, et des membres du « groupe de Lima », composé de 13 pays d’Amérique Latine, et du Canada se sont réunis pour trouver une solution à la crise vénézuélienne. Ils ont annoncé qu’ils ne reconnaitraient pas la légitimité du nouveau mandat de Nicolas Maduro.

De même, l’assemblée nationale du pays, contrôlée par l’opposition a approuvé, 3 jours après, que le président soit déclaré usurpateur.

Une crise économique et humanitaire

Cette crise politique nait de la crise économique et humanitaire dans laquelle le pays plonge depuis son prédécesseur Hugo Chavez.

Les deux hommes politiques ont présidé au fiasco financier de ce qui fut, il y a moins de trente ans, le pays le plus riche d’Amérique Latine. Ces dernières années, la vie quotidienne des vénézuélien est devenue méconnaissable. Il y a quelques années encore, le gouvernement construisait des logements, des centres de soins et des écoles. Aujourd’hui, c’est la lutte quotidienne pour subvenir aux nécessités de bases.

Le système de santé est en en déroute, les magasins sont vides et la faim est une réalité omniprésente. Le FMI anticipe une inflation de 10 millions de pour-cent pour 2019, devenant ainsi le pire cas d’hyperinflation de l’histoire moderne !

Dans ce contexte partir devient, pour beaucoup, l’unique alternative. Ainsi plus de 3 millions de personnes ont fui le Venezuela depuis 2015 selon l’agence des Nations Unies, engendrant une crise régionale dont les conséquences se répercutent sur les pays voisins. Pour 2019, ce chiffre devrait atteindre 5,4 millions.

Une voix dans cet exode contraint

Mais partir, quitter les siens et sa terre sans savoir ce que l’on trouvera, est un choix déchirant, un chemin bien souvent dramatique et dangereux que beaucoup ont dû vivre non sans souffrance.

C’est cette réalité que Reymar Perdomo raconte dans la chanson qu’elle a composé « Me fui » (je suis partie). Alors qu’elle chantait dans les bus de Lima un passager l’a enregistré puis a mis la vidéo sur internet ce qui fit le buzz immédiatement. La vidêo compte plus de 2 millions de vues. Elle a émue aux larmes la diaspora vénézuélienne.

Je forçais mes yeux à ne pas voir la réalité

Je cherchais des excuses pour ne pas écouter

Je me protégeais, et ne réagissais pas

Mais tôt ou tard je devais partir

C’est sa maman, raconte-elle, qui a du la convaincre de fuir. Alors elle « a pris sa guitare » et «  plein  de doutes dans la tête…  elle est partie ». «  Elle a traversé 4 pays en cinq jour… parlant peu, pleurant silencieusement ».

Le reggae de Reymar nous comte tout son odyssée. Depuis lors, il est devenue l’hymne non officiel des vénézuéliens qui ont fui la crise de leur pays.

Pour cette ancienne professeure de musique, ce succès a transformé un peu son existence. Elle est désormais sollicitée dans des concerts ou des programmes de télévision. Malgré tout cela, sa réalité demeure fragile, et elle continue sa lutte, tout comme les vénézuéliens en exil, qui n’aspire qu’à une chose : la fin de la crise de leur pays pour pouvoir y revenir.

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