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Cardinal Sarah: “Un homme à genoux fait trembler l’orgueil de Satan” ( II )

Voici la deuxième partie de l’article traduit de l’italien d’une interview publiée le 25 septembre 2019, par le journal italien La Nuova Bussola Quotidiana du Cardinal Sarah mettant en garde l’Eglise : “Manipuler le Synode sur l’Amazonie serait une insulte à Dieu.”

 

Pas de liturgie “égocentrique”, Dieu doit être remis au centre

Le Cardinal Guineano utilise les mots et les images les plus forts au sujet de la liturgie. « Si dans la liturgie nous ne mettons plus Dieu au centre, nous ne le mettons même pas au centre de l’Eglise« . Et en parlant de la messe : « Nous en avons fait une célébration plus qu’humaine et égocentrique, une assemblée amicale qui s’exalte d’elle-même« . Sarah défend les documents de Vatican II qui soulignent le caractère sacré du rite : « Ce n’est donc pas le Concile qui doit être remis en cause, mais l’idéologie qui a envahi les diocèses, paroisses, pasteurs et séminaires dans les années suivantes … nous pensions que le sacré était une valeur obsolète. Pourtant, c’est une nécessité absolue dans notre cheminement vers Dieu. En ce sens, la banalisation de l’autel, de l’espace sacré qui l’entoure, a été un désastre spirituel. Si l’autel n’est plus le seuil sacré au-delà duquel Dieu réside, comment trouverions-nous la joie de l’approcher ? Un monde qui ignore le sacré est un monde uniforme, plat et triste. En pillant notre liturgie, nous avons désenchanté le monde et réduit les âmes à une simple tristesse. »

La personnalisation de la célébration par les prêtres fait l’objet de la réflexion du Cardinal Sarah : « Enfin, si la liturgie est l’œuvre du Christ, il n’est pas nécessaire que le célébrant présente ses commentaires. Ce n’est pas la multitude de formules et d’options, ainsi que le changement continu des prières et l’exubérance de la créativité liturgique qui plaisent à Dieu, mais la metanoïa, le changement radical dans nos vies et nos comportements, gravement pollués par le péché et marqués par l’athéisme liquide.”

Interdire l’ancien rite? oeuvre diabolique

Sur l’interdiction par certains de la messe dans l’ancien rite, Sarah a des mots très durs. Lorsqu’on lui a demandé s’il est vrai que beaucoup de jeunes d’aujourd’hui préfèrent assister aux célébrations dans le vieil ordo, c’est-à-dire selon la « forme extraordinaire » relancée par le Summorum Pontificum de Benoît XVI, le cardinal a répondu : « J’en suis témoin. Et les jeunes m’ont confié leur préférence absolue pour la forme extraordinaire, plus éducative et plus insistante sur la primauté et la centralité de Dieu, sur le silence et sur le sens de la transcendance sacrée et divine. Mais surtout, comment comprendre, comment ne pas être surpris et profondément choqué par le fait que ce qui était la règle hier est aujourd’hui interdit ? N’est-il pas vrai que l’interdiction ou la suspicion de la forme extraordinaire ne peuvent être inspirées que par le diable qui désire notre suffocation et notre mort spirituelle ? »

Le préfet du culte divin voit une coexistence fructueuse entre les deux formes de Messe. « Quand la forme extraordinaire est célébrée dans l’esprit du Concile Vatican II, elle révèle toute sa fécondité : comment s’étonner qu’une liturgie qui a apporté tant de saints continue à sourire aux jeunes âmes assoiffées de Dieu ? « Comme Benoît XVI, j’espère que les deux formes du rite romain s’enrichiront mutuellement. Cela implique de sortir d’une herméneutique de rupture. Les deux formes ont la même foi et la même théologie. S’y opposer est une profonde erreur ecclésiologique. C’est détruire l’Église en l’arrachant à sa Tradition et en lui faisant croire que ce que l’Église considérait comme saint dans le passé est maintenant faux et inacceptable. Quelle déception et insulte à tous les saints qui nous ont précédés ! Quelle vision de l’Église! »

Le transhumanisme naît du rejet de Dieu

Enfin, une réflexion sur ce qui, selon le cardinal, produit des effets néfastes sur notre société. « Dans ce livre, j’insiste sur le fait qu’au cœur de la pensée occidentale moderne, il y a un refus d’être enfant, un refus d’être père, qui est essentiellement un refus de Dieu. Je discerne dans les profondeurs des cœurs occidentaux une profonde révolte contre la paternité créatrice de Dieu. Nous recevons de Lui notre nature d’hommes et de femmes. C’est devenu insupportable pour les esprits modernes. L’idéologie de genre est un refus luciféral de recevoir une nature sexuelle de Dieu. L’Occident refuse de recevoir ; il n’accepte que ce qu’il se construit. Le transhumanisme est l’avatar extrême de ce mouvement. Même la nature humaine, puisqu’elle est un don de Dieu, devient insupportable pour l’homme occidental. Cette révolte est dans son essence spirituelle. C’est la révolte de Satan contre le don de la grâce. »

Le synode de l’Amazonie ne devient pas “une manipulation”

Sur le Synode de l’Amazonie, qui débutera le 6 octobre à Rome, Sarah a beaucoup de perplexités : « Je crains que certains occidentaux ne confisquent cette assemblée pour réaliser leurs projets. Je pense en particulier à l’ordination des hommes mariés, à la création de ministères pour les femmes ou à la juridiction des laïcs. Ces points concernent la structure de l’Église universelle. Ils ne peuvent pas être discutés dans un synode particulier et local. L’importance de ces thèmes exige la participation sérieuse et consciente de tous les évêques du monde. Pourtant, très peu sont invités à ce synode. Profiter d’un synode particulier pour introduire ces projets idéologiques serait une manipulation indigne, une tromperie malhonnête, une insulte à Dieu, qui guide son Église et lui confie son plan de salut. De plus, je suis choqué et indigné que la détresse spirituelle des pauvres en Amazonie soit utilisée comme prétexte pour soutenir des projets typiques du christianisme bourgeois et mondain ».

La prière fait trembler Satan

Et enfin, un appel à l’humilité dans la prière : « Un homme à genoux est plus puissant que le monde. C’est un rempart imprenable contre l’athéisme et la folie des hommes. Un homme à genoux fait trembler l’orgueil de Satan. Vous tous qui, aux yeux des hommes, êtes sans pouvoir et sans influence, mais qui savez rester à genoux devant Dieu, n’ayez pas peur de ceux qui veulent vous intimider. »

Lien vers l’article original. Traduction de l’italien par S.M

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2 Commentaires

  1. Nicolas

    Quel discernement chez cet homme de foi! Un véritable réconfort que d’avoir des âmes de cette envergure dans les temps présents de l’Eglise.

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