Le 7 octobre dernier, les députés ont refusé d’étendre le diagnostic préimplantatoire (DPI) à la trisomie 21. Décision qui a remis au centre de tous ces débats la personne humaine et sa dignité.
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Le pape Benoit XVI rappelait déjà en 2007, dans son discours aux participants à l’Assemblée Générale de l’Académie Pontificale pour la Vie, que “la qualité d’une société se reconnaît à son rapport à ceux qui souffrent. (…) Dans les pays les plus développés croît l’intérêt pour la recherche biotechnologique plus pointue, en vue d’instaurer des méthodes subtiles et étendues d’eugénisme, allant jusqu’à la recherche obsessionnelle de l’enfant parfait, avec la diffusion de la procréation artificielle et de diverses formes de diagnostic visant à assurer la séléction. (…) Le chrétien est donc constamment appelé à se mobiliser pour faire face aux multiples attaques auxquelles est exposé le droit à la vie. Il sait qu’il peut compter en cela sur des motivations qui ont leurs racines profondes dans le droit naturel et qui peuvent donc être partagées par toute personne ayant une conscience droite.”
Vincent Thiébaut, député LREM, a expliqué devant l’Assemblée nationale vendredi 4 octobre, les larmes aux yeux et en s’appuyant sur son expérience personnelle, pourquoi il était contre l’élargissement des diagnostics pré-implantatoires :
“Je pense que c’est la différence de ce que j’ai vécu, de mes enfants, qui font ce que je suis aujourd’hui. Mes enfants sont absolument extraordinaires. Et à travers leur handicap, j’ai appris des choses extraordinaires. Ils m’ont ouvert les yeux sur les choses que je n’aurais pas pu imaginer. Attention à ce que nous faisons, où nous allons aller. Parce que là se pose la question, réellement philosophique, de quelle société humaine nous voulons demain. La souffrance, la douleur, la culpabilité qu’on peut avoir, fait partie de notre humanité. N’ouvrons pas la boîte de Pandore de l’harmonisation, de la standardisation. (…) Je pense que c’est la différence de ce que j’ai vécu, de mes enfants, qui fait ce que je suis aujourd’hui.”.
Vidéo du député Vincent Thiébaut
Le 8 octobre 2019 est paru sur le site de la Fondation Jérôme Lejeune un article à ce sujet. Voici l’intégralité de cet article:
Dans la nuit de lundi à mardi, les députés ont refusé d’étendre le diagnostic préimplantatoire (DPI) à la trisomie 21. Ils ont dit non au tri d’embryon en éprouvette sur leur caractéristique chromosomique. Agnès Buzyn, ministre de la santé, donnait déjà un bon signal en refusant de porter ce choix collectif de sélection et de tri, « qui nous emmènerait vers une société eugéniste sans le vouloir » expliquait-elle lors de son audition devant la commission spéciale bioéthique début septembre.
Mais il n’était pas certain que la majorité suive la position du gouvernement tant la pression des députés MODEM, appuyée par quelques députés LREM et socialistes, était forte. Leur objectif : empêcher toute naissance d’enfant trisomique conçu par FIV avec DPI. Leur argument repose sur la surenchère du dépistage de la trisomie 21 qui s’effectue durant la grossesse en France depuis 20 ans et de son résultat : 96% des bébés diagnostiqués trisomiques 21 sont éliminés. Le raisonnement est eugéniste : ils considèrent que la vie d’une personne trisomique ne mérite pas d’être vécue.
Mais hier soir, cette logique eugéniste, pour une fois, n’a pas eu gain de cause. Hier soir, le tout diagnostic n’a pas gagné. Hier soir, c’est l’humain qui s’est révélé, dans un débat, un vrai débat qui a pu libérer la parole pour une vraie inclusion des personnes fragiles : celle qui commence avant la naissance comme l’a si bien dit Thibault Bazin (LR – Meurthe-et-Moselle) : «La vraie inclusion je pense c’est de reconnaître pour ces futurs enfants plus ou moins déficients […] la valeur de leur vie avant leur naissance. De les accueillir et de les accompagner, en tous cas accompagner les familles qui accueillent ces enfants»
La cohérence de la politique d’inclusion des personnes handicapées a prévalu. Daniel Fasquelle (LR – Pas de Calais) l’a exprimé : «Qu’est-ce que je vais dire à la maman de la petite Hélène qui est une enfant trisomique et qui se bat pour que sa fille, au-delà du primaire, aille au collège et cet enfant est aujourd’hui acceptée et ça se passe très bien […] Ca ne sert à rien de faire des grands discours sur l’inclusion à l’école et de se battre sur l’inclusion des enfants handicapés à l’école si ce soir on a un débat pour faire un tri absolument épouvantable pour faire en sorte qu’un jour il n’y ait plus d’enfant handicapé».
C’est la puissance de l’humain qui l’a remportée pour le respect des plus vulnérables et particulièrement des personnes trisomiques 21. Blandine Brocard (LREM – Rhône) l’a exprimé avec force : «A partir de quand on considère qu’on a le bébé parfait attendu ?» puis : «On n’est pas dans la science, on n’est pas dans la rentabilité […] On n’est pas dans l’expérimentation, on n’est pas dans le bidouillage […] Pardon, on est en train de parler de l’humain».
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Or comme l’a relaté Mme Bénédicte Pételle (LREM – Haut de Seine) : «En voulant supprimer toutes formes de fragilité et de faiblesse, on sacrifie ce que nous avons de plus beau, notre humanité». La puissance du marché n’a pas eu gain de cause hier soir comme l’évoquait Monsieur Brindeau (UDI – Loir-et-Cher) : «Ce procédé médical nous permet quelque part de faire des économies [mais] il est parfaitement incohérent sur le plan philosophique et de l’humanisme». Les personnes trisomiques et leur famille ont été reconnues hier, et considérées. Leur droit au bonheur a été souligné : «Il y a des souffrances, mais c’est aussi […] du bonheur, des sourires» décrit Mme Firmin (LREM – Seine Maritime). La représentation nationale, dans toutes ses variantes politiques a dit NON à la «fabrique sur mesure, qui ouvre la porte à toutes les démesures» comme l’a mentionné Dominique Potier (socialiste – Meurthe et Moselle), a dit NON «à ces amendements qui sont finalement eugénistes» comme l’a conclu Patrick Hetzel (LR- Bas Rhin)
Merci beaucoup pour cet article
L’intervention est d’autant plus émouvante qu’elle vient d »un député LREM, quelqu’un qui n’est pas du sérail, pas encarté à droite, ce qui aurait pu lui valoir une étiquette de catho-facho, conservateur, rétrograde qui élude le débat.
C’est frappant aussi de voir les différents commentaires qui ont suivi la publication de la courte vidéo de Vincent Thiébaut sur la chaîne parlementaire. Frappant car en effet on sent que la question dépasse les clivages politiques ou religieux. Ce n’est pas le blogueur conservateur contre le blogueur progressiste qui se livrent bataille, c’est le réel et l’humain contre cette forme de légèreté de pensée que l’on retrouve si souvent à l’heure actuelle et qui introduit un tel sujet dans l’agenda législatif des députés : je ne prends pas le temps de regarder, d’écouter, de réfléchir, mais j’ai un avis sur tout.
Il est réjouissant de penser que lorsque l’on retourne au réel (parfois forcé par ces handicapés qui nous font sortir de notre monde virtuel), les idéologies mortifères ne tiennent pas.
Merci pour cet article plein d’espérance! Puissent les autres pays s’inspirer de cette décision française tellement nécessaire parce que tellement humaine!
Ce que je trouve assez incroyable c’est parler de la FIV comme si c’était une manipulation aussi courante qu’un éternuement un matin de printemps. Alors que la FIV n’est autre qu’une PMA entre parents. C’est cocasse ces nouveaux discours. On ne se surprend même plus d’une telle manipulation. C’est malgré tout une prémisse à l’eugénisme sous couvert d’un bon sentiment de pallier à la souffrance des couples. Au delà de la magnifique expérience du handicap qu’il évoque et pour laquelle, malgré une FIV, ils ont su faire preuve de beaucoup de courage, je me laisse penser que les français sont complètement paumés dans leur tête. La boîte de Pandore a déjà été franchement ouverte et cela depuis belle lurette. On a l’impression d’un homme qui se réveille pour la première. La souffrance l’a fait réfléchir. Tant mieux, c’est un très bon exercice. Puisse ses petits copains partir aussi de leur expérience et de réfléchir à partir de celle ci. Pour terminer sur une note plus positive le professeur Lejeune doit être content de cette mesure car c’est une petite victoire, mais c’en est une.