Depuis quelques jours, d’intenses combats se concentrent le long de la frontière entre la Syrie et la Turquie. Le nombre de civils tués en Syrie est passé à 37 personnes, et environ cent mille personnes se sont déplacées, fuyant les combats. La Syrie est bombardée, mais cette fois-ci, ce sont les kurdes qui sont visés.
Photo : Nizar Ali Badr (source: Facebook)
Le peuple Kurde se bat depuis plus de 2000 ans pour obtenir une terre, ou tout simplement pour se défendre des attaques de ses voisins. En visant les Kurdes par ses attaques, la Turquie cherche à prendre le contrôle de la bande entre Ras al-Aïn et Tal Abyad, longue de 120 kilomètres et profonde d’une trentaine de kilomètres, afin d’éloigner de la frontière l’essentielle milice kurde syrienne, les Unités de protection du peuple (YPG). Principal acteur de la défaite de l’Etat islamique et soutenues par les Occidentaux, les YPG sont cependant considérées comme une organisation terroriste par Ankara. La Turquie dit à travers cette offensive vouloir créer une zone de sécurité où pourra être installée une partie des 3,6 millions de réfugiés syriens vivant sur son sol. Il s’agit donc encore ici de l’argument du soi-disant bien du peuple syrien. Après 8 ans de guerre en Syrie, un nouveau désastre humanitaire risque d’être déclenché, impliquant plusieurs grandes puissances régionales et internationales.
Au coeur de ce conflit et loin des discours et des enjeux politiques, surgit le cri de douleur d’un pasteur souffrant pour et avec son peuple, mendiant profondément pour lui la paix véritable. Le site AsiaNews a recueilli le témoignage de l’archevêque maronite de Damas, intitulé : « Que les enfants viennent à moi… ». À travers son message, Mgr Samir Nassar nous amène à regarder les enfants, qui sont toujours les premières victimes de tout conflit. Comme le rappelait souvent le Pape Benoit XVI, la qualité d’une société ne se reconnaît-elle pas à son rapport à ceux qui souffrent, aux plus petits?
Message de Mgr Samir Nassar, Archevêque Maronite de Damas:
Un regard inquiet
“Le drame syrien apparaît dans toute son ampleur dans le regard des enfants qui reflète une expérience si dure et amère. Ces enfants, nés et élevés pendant la guerre, nous racontent beaucoup de choses sur la dure épreuve qu’ils ont dû endurer sous la pression. Depuis neuf ans maintenant, avec peu ou pas d’aide. Avant le début des violences en 2011, les enfants syriens regardaient la vie avec beaucoup de joie et d’espoir : maintenant les mêmes visages expriment l’angoisse, l’amertume et la préoccupation. L’angoisse face à la mort des parents, des amis et des voisins. La déstabilisation continue de la vie quotidienne et les vagues incessantes d’exode forcé. L’angoisse face à l’énorme violence sans pitié et l’instabilité quotidienne. Amertume dans les yeux des enfants, face à l’indifférence du monde entier, à l’oubli, à l’abandon. L’absence totale de solidarité, face à la misère et à l’énorme pauvreté. L’amertume pensant aux écoles en ruines, à l’effondrement du système éducatif qui étouffe les rêves de ces enfants. Préoccupation face à l’extrême incertitude pour l’avenir, au manque de perspectives, à la multiplication des problèmes sociaux qui brisent des familles déjà fragiles et affaiblies par la crise économique, à l’absence de perspectives d’avenir. Pour la marginalisation de ceux qui sont parmi les plus pauvres de la terre. Que reste-t-il de leur avenir ?
Photo : Nizar Ali Badr (Source : Facebook)
Que pouvons-nous faire pour redonner le sourire à ces enfants ? Comment pouvons-nous guérir leurs blessures et permettre à ces cœurs purs d’oublier les cauchemars d’une guerre aussi cruelle ? Peut-être devrions-nous leur dire de faire mourir l’espoir, pauvres âmes innocentes ? Cette question devient une priorité que toutes les personnes de bonne volonté doivent affronter et tenter de résoudre. A cela s’ajoute une véritable pédagogie du pardon, pour assurer une réelle réconciliation et le pardon entre tous les partis. »
« Que les enfants viennent à Moi… » Mt 19:14.