« Découvrir le mystère de l’amitié, c’est-à-dire ce moment où le Christ nous a appelé « ses amis » (…) je ne pense pas que ce soit une question parmi d’autres de la vie chrétienne, mais la question centrale qui est pour nous essentielle. Chez nous (société post-soviétique), rien ne grandit, non parce qu’il y a un manque de gens talentueux, ou parce que Dieu nous aurait oubliés, mais parce que jusqu’à maintenant, nous ne nous sommes pas ouverts au don, au mystère de l’amitié.
La question de la paternité est très proche de celle de l’amitié. (…) Le père, c’est la personne qui me donne le courage de courir vers les choses qui me rendent vivant. C’est le témoignage d’une personne adulte qui, par sa propre vie, témoigne que la vie vaut la peine d’être vécue. (…) Il y a une belle image dans la Divine Comédie de Dante. Dans la Divine Comédie, la figure de Joseph n’apparaît jamais. Francesco Nembrini s’est intéressé à cela : comment cela se fait-il qu’il y ait des hymnes à la Mère de Dieu, un livre sur les femmes … mais nulle place donnée à Joseph ? Où est le père ? Et soudain dans le 33ème cantique, dans l’hymne à la Mère de Dieu, on découvre dans l’acrostiche, le mot JOSEPH AV (Joseph Ave). Il est là, mais caché. Nembrini dit que c’est une très belle figure de la paternité, et que nous devons comprendre que nos enfants ne sont pas nos enfants. La meilleure chose que je peux faire, c’est d’aider mon enfant à comprendre que ma paternité est le premier pas pour découvrir qui est son véritable père. Et donc la plus belle chose qu’un père peut découvrir dans sa vie, c’est être témoin du jour où son fils prononce les paroles du « Notre Père ». Et ainsi, il rencontre son vrai père. Le père doit « disparaître » comme les mots cachés de Joseph Av dans l’hymne. »
Alexandre Filonenko, extraits d’une interview publiée sur Terre de Compassion.
Photo : Première visite de Mishal avec son ami Ritiv au Point-Cœur de Chengalpet – Inde