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Dieu n’a rien perdu de son incompréhensibilité

« Est-il un Dieu plus mystérieux et plus incompréhensible que le Dieu des chrétiens, précisément parce qu’il est un Dieu non seulement lointain, mais proche également, un Dieu qu’il ne faut pas chercher au-delà des nuages et adorer à une distance insurmontable, mais qui s’entretient avec nous comme un homme, et même en tant qu’homme, sans cesser pour autant d’être vraiment Dieu, le Tout-Autre, l’Éternel, l’Immortel et le Tout-Puissant ?

Dans le mystère de la Nativité, ce Dieu n’a rien perdu de son incompréhensibilité, il est au contraire devenu encore plus incompréhensible. Nous pressentons seulement maintenant l’étendue réelle de la toute-puissance divine : elle peut aller jusqu’à être un enfant impuissant. Et nous ne pouvons-nous détourner de ce Dieu sous prétexte qu’« on n’y comprend plus rien » – à savoir si Dieu, en définitive, est véritablement Dieu ou bien seulement un homme –, nous sommes au contraire irrésistiblement renvoyés à sa présence parmi nous, que depuis la naissance de Jésus nul ne peut plus ignorer.

À peine nous tournons-nous que déjà la figure de Jésus vient à nous de l’autre côté. Que nous devenions marxistes, ou bouddhistes, nous ne lui échappons pas. L’histoire du monde, depuis la Nativité, est devenue autre. Il n’y a plus dorénavant qu’un oui et un non à ce Dieu devenu concret dans le Christ. Il n’y a de véritable athéisme que depuis la Nativité. Et il ne peut plus y avoir d’adoration plus profonde que l’adoration chrétienne, dès lors qu’elle est authentique. »

 

 

Extrait: Hans Urs von Balthasar, Nativité et Adoration, Ed. Communauté Saint Jean, p.8

Photo : © Terre de Compassion

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