Le réalisateur Iranien, Hadi Mohaghegh, nous offre ce film « l’odeur du vent ». Un petit bijou sorti en France ce 24 Mai dernier. Alors que l’actualité du pays est difficile et nous montre régulièrement des scènes de violence, liées à la dure réalité de ce pays que l’on ne doit pas nier, nous pouvons par ce film en voir aussi la beauté, qui reste là, moins assourdissante mais bien là.
L’histoire se déroule dans un Iran rural, isolé et montagneux, dans des paysages d’une beauté incroyable. Un homme s’occupe de son fils handicapé, et un jour le transformateur tombe en panne. L’électricien qui vient pour le réparer va faire son travail au-delà de ce qui est attendu et faire plusieurs rencontres pour aider ce père.
Hadi Mohaghegh dit qu’il n’utilise pas « d’idées » pour faire ses films mais plutôt des « souvenirs » (l’histoire est inspirée d’une rencontre qu’il a faite avec un électricien au même cœur que celui du film).
Le réalisateur iranien est en 1979 à Dehdasht, dans le Sud-Ouest de l’Iran (beaucoup de ses films garde la langue de sa région). Il a étudié la mécanique automobile puis à 23 ans est parti à Téhéran pour étudier le cinéma. Il a d’abord été acteur et metteur en scène de théâtre. Bien avant de réaliser des films, il avait en tête une méthode de travail cinématographique personnelle, voyant le cinéma dans un style tranquille, « au service de la vie et de son rythme » dit-il. Il est dans la lignée de Kiarostami, qui est un maitre pour lui, qui montre la société iranienne avec intelligence et sans slogan.
Le rythme du film est lent, les personnages sobres, il faut entrer dans une dimension un peu différente. Le vent qui souffle, avec douceur ou intensité rythme ce film, élément invisible et pourtant présent. Il est difficile de décrire pour ne pas réduire la beauté qui en découle. Et ce serait dommage pour notre réalisateur qui dit que ses films s’inspirent de la nature et de sa propre nostalgie. Il dit ne pas aimer délivrer de messages, qui passent toujours pour des conseils.
Dans la scène lorsque l’homme aveugle que notre électricien a trouvé sa route et décidé d’aider lui demande « peux-tu me couper un bouquet de fleurs ?», il y a alors toute la poésie, la tendresse et la fraicheur d’un petit Prince demandant « dessine-moi un mouton ».
Les personnes dans ce milieu si beau et difficile rayonnent d’une dignité à la fois cachée et resplendissante, les jeux de lumière dans la nature, les paysages, les couleurs du ciel, il émane de ce film quelque chose de la Vie. La Vie en vérité, celle qui est silencieuse, d’une Bonté incroyablement belle et attirante, sous des abords tellement simples et pauvres que cela en est déconcertant. Si l’on accepte d’entrer dans un rythme différent, on en ressort avec une douce joie.