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L’amitié de deux saints : Grégoire de Naziance et Basile de Césarée

En cette fête commune de Grégoire de Naziance et de Basile de Césarée, nous publions un extrait de l’homélie funèbre prononcée par Grégoire suite à la mort de celui qui fut son grand ami Basile. Ils étaient tous d’eux originaires de Cappadoce mais les circonstances de leur naissance divergent. Basile venait d’une famille de grand propriétaire terrien évangélisée il y a trois générations par Grégoire le Thaumaturge (lui-même disciple d’Origène) et vivant à Césarée de Cappadoce. Cette famille a « la sainteté dans le sang », on y compte de nombreux saints à chaque génération. Grégoire lui était le fils de l’évêque de la petite ville de Naziance qui fut conduit de l’idolâtrie au christianisme grâce à sa femme Nonna. Césarée et Naziance étant proche, les deux saints se connaissaient. Mais leur amitié commença véritablement à Athènes où ils furent envoyés pour étudier la philosophie. C’était en 350 et ils avaient tout les deux 22 ans. Basile arriva le premier et accueillit par la suite son ami Grégoire dont il fut le guide. Ils y restèrent quatre ou cinq années avant de partir pour suivre leur appel respectif à occuper les plus hautes places de l’Eglise : Basile sur le prestigieux siège de Césarée de Cappadoce et Grégoire comme patriarche de Constantinople avec la noble mission de conduire le Concile qui, en 381, consacrera la reconnaissance de la divinité du Saint-Esprit et intégrera dans la théologie officielle de l’Eglise la pensée trinitaire de son ami Basile. Voici comment Grégoire décrit la naissance à Athènes de l’amitié de ces deux géants de l’Eglise universelle.

 

 

Homélie de Saint Grégoire de Nazianze pour la mort de Saint Basile

 » Nous étions ensemble à Athènes. Comme le courant d’un fleuve, à partir d’une source unique, se divise en plusieurs bras, Basile et moi, nous nous étions séparés pour aller chercher le savoir dans des régions différentes. Mais nous nous sommes retrouvés comme à la suite d’un rendez-vous, alors que c’était Dieu qui nous menait. Non seulement je portais personnellement à mon grand Basile beaucoup de respect parce que je voyais en lui une conduite sérieuse et une parole avisée, mais j’essayais aussi d’inspirer le même sentiment aux autres, qui n’avaient pas eu l’occasion de le connaître. Car pour beaucoup il était déjà digne de vénération, parce que sa réputation l’avait devancé. Le résultat de cela ? C’est qu’il fut à peu près le seul, de tous ceux qui venaient étudier à Athènes, qui échappa à la loi commune en jouissant d’une estime supérieure à celle qui revient à un nouveau venu. Ce fut le début de notre amitié ; de là est née l’étincelle qui nous a unis ; c’est ainsi que nous avons reçu la blessure de notre amitié mutuelle.

Au bout d’un certain temps, nous nous étions avoué notre passion commune pour la philosophie : nous n’avions d’ardeur que pour elle. Alors nous fûmes tout l’un pour l’autre, ayant même toit, même table, même vie, même horizon, unissant chaque jour notre commun désir avec plus de chaleur et plus de force. Nous étions conduits par les mêmes espérances envers la richesse la plus enviée : la science. Mais il n’y avait entre nous aucune envie, nous ne cherchions que l’émulation. Il y avait lutte entre nous deux, non pas à qui obtiendrait la première place, mais comment chacun la céderait à l’autre. Car chacun considérait l’éloge obtenu par l’autre comme étant le sien.

On aurait cru que nous avions à nous deux une seule âme, responsable de deux corps. Et s’il ne faut pas croire ceux qui prétendent que tout est dans tout, il faut nous croire quand nous disons que nous étions l’un dans l’autre et l’un auprès de l’autre. Nous n’avions tous deux qu’une seule affaire : la vertu, et notre vie était dirigée vers les espérances futures, pour nous préparer à quitter ce monde en y renonçant déjà. C’est dans cette perspective que nous organisions toute notre vie et notre manière de faire. Nous nous laissions conduire par la loi de Dieu, en nous stimulant mutuellement à l’amour de la vertu. Et si ce n’est pas trop me vanter que de le dire, chacun de nous était pour l’autre une règle et un modèle permettant de distinguer le bien et le mal. Chacun porte un surnom qui lui vient de ses parents ou de son propre fonds, d’après ses goûts particuliers ou ses occupations. Mais pour nous, la grande affaire et le grand nom, c’était d’être chrétiens et d’en porter le nom. »

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