Le Musée International de la Réforme à Genève propose actuellement une exposition temporaire intitulée « Rembrandt et la Bible. Gravure divine. ». L’exposition rassemble une collection d’environ 70 gravures du célèbre peintre hollandais, l’occasion pour le visiteur de s’émerveiller de ces scènes illustrant des récits bibliques, notamment de la période de Noël. Des œuvres qui invitent à la contemplation et à la prière…
Il est intéressant de noter que les autorités calvinistes interdisaient à l’époque de Rembrandt les représentations visuelles des Saintes Écritures. Néanmoins, si cette interdiction était strictement appliquée dans les églises, les collections privées d’œuvres d’art n’étaient pas concernées. Ainsi Rembrandt a-t-il pu créer ces magnifiques gravures, illustrations des textes bibliques qu’il lisait quotidiennement. La lecture de la Bible occupait une place très importante dans sa vie. La majeure partie de son œuvre découle de sa prière et de la méditation des Textes Sacrés. D’ailleurs, à son décès, un seul livre est retrouvé chez lui : une Bible.
Les personnages représentés sur les gravures sont si humains, avec des visages et des postures presque familiers… Les scènes sont ancrées dans la vie quotidienne : à côté de Marie, Rembrandt représente un chat ; il dessine la Vierge en train d’allaiter son Enfant, le passage d’un gué lors de la fuite en Égypte, … Ainsi, son art offre une version très incarnée de l’Écriture Sainte, qui peut parfois paraître éloignée, voire abstraite, comme un conte devenu irréel à force de lecture et de relecture. Ainsi, les gravures du Maître deviennent un véritable support de prière et de contemplation, un support qui confère à l’Histoire Sacrée un caractère réel et immédiat.
Les eaux-fortes ont été réalisées au XVIIème siècle sur des presses de l’époque. Et pourtant, elles sont d’une actualité frappante, capable de toucher le visiteur d’aujourd’hui. Tout en reconnaissant aisément le style en clair-obscur de Rembrandt, qu’il rend ici par de subtils contrastes de la densité des traits, on pourrait s’imaginer les dessins naissant sous la plume d’un artiste de notre temps.
Par le réalisme de ses gravures, Rembrandt manifeste une grande compassion tout à la fois à l’égard du peuple (à notre égard et probablement à son propre égard !), en l’introduisant très concrètement dans « l’écoute » et la contemplation de la Bible, et à l’égard des personnages qu’il représente dans leur humanité et leur indigence, avec une grande tendresse.
Dans la continuité de la Fête de l’Incarnation, voici quelques gravures issues de l’exposition :
L’Adoration des bergers avec la lampe, dit aussi La Nativité (vers 1654, Eau-Forte ; état I ou II/III)
« Lorsque les anges les eurent quittés pour retourner au ciel, les bergers se dirent les uns aux autres : « Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivée, ce que le Seigneur nous a fait connaître. » Ils se dépêchèrent d’y aller et ils trouvèrent Marie et Joseph, ainsi que le nouveau-né couché dans la mangeoire. » [1]Luc 2, 15-16
L’Adoration des bergers, la nuit (vers 1657, Eau-forte, pointe sèche et burin ; état VIII/VIII)
La Fuite en Égypte, le passage d’un gué (1654, Eau-forte, pointe sèche et burin ; état unique)
La Sainte Famille (vers 1632, Eau-forte ; état unique)
La Sainte Famille, dite La Vierge au chat (1654, Eau-Forte ; état I/IV)
References
↑1 | Luc 2, 15-16 |
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