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Zaho de Sagazan: une sensibilité qui se dit en musique

Zaho de Sagazan, jeune artiste de 24 ans, reçoit quatre récompenses aux Victoires de la musique 2024 : Révélation scène, révélation féminine, album de l’année et chanson originale pour la Symphonie des éclairs.

 

 

Zaho se met au piano à l’âge de 15 ans. Dès lors, elle sait qu’elle ne le quittera plus, elle passe d’un « ennui à mourir à jouer 5h par jour au piano » [1]https://www.youtube.com/watch?v=xUm2dcXX75g&t=64s . Elle y déverse ses pleurs, ses émotions et toute la sensibilité qui la traverse. Une des rencontres musicales déterminante pour elle  a été celle de Tom Odell, chanteur Britannique : à son écoute elle vit un « coup de foudre » qui lui ouvre la porte d’une nouvelle expression à travers la musique. La symphonie des éclairs est, dit-elle, cet album « d’une adolescente qui découvre la vie et la musique en même temps » [2]https://www.youtube.com/watch?v=xUm2dcXX75g&t=64s .

C’est un long chemin parcouru, même si son minois n’en dit pas tant,  celui d’une adolescente, qui a écouté chaque corde qui vibrait en elle, chaque émotion. Elle n’a pas cherché à les faire taire, ou à les classer de juste ou de pas juste, elle les a écoutées, les a laissées vibrer, elle a voulu aller au bout de chacune d’elle, et c’est peut-être ce qui nous touche, nous aussi : ce rapport vrai face à soi-même. « Moi ce qui m’intéresse c’est aussi la tristesse et le travers des autres, et nos doutes, nos manques de confiance…J’ai l’impression qu’on découvre le plus les gens et qu’on se découvre soi-même aussi, qu’on apprend le plus l’humain qui est devant nous. » [3]https://www.youtube.com/watch?v=xUm2dcXX75g&t=64s Les thèmes de ses chansons sont, somme toute, universelles : l’amour, la  tristesse, le doute, le corps…

 

 

 

C’est le contraste qui marque cette artiste. Souvent douloureux à vivre au quotidien, elle en fait son terrain de jeu. Sa voix élevée et rauque, vibre déjà de ce contraste, qu’elle approfondira en alliant la rudesse et la froideur de l’électro à la poésie. Il en ressort une certaine liberté qui peut passer d’une ballade au piano à des sons envoûtants et de transe. « Contraste très similaire à ce que j’ai en moi. Cette envie d’électro  dure et froide, ferraille, brutaliste et bétonnée et en même temps ce côté poésie que je retrouve plutôt dans la chanson. Dans la symphonie des éclairs,  y a un entre-deux entre la poésie et le brut, et il y a beaucoup de cela à St Nazaire (ville natale de Zaho), car on est dans une base sous-marine vue sur mer. Toutes ces férailles…et en même temps cette mer qui relie les deux. Je trouve que cela nous représente bien. » [4]https://www.youtube.com/watch?v=xUm2dcXX75g&t=64s

 

 

Sa musique connaît de multiples inspirations, qu’elle considère comme une grande richesse. Les chanteurs français, comme Barbara, Brel, Aznavour, Gainsbourg, Michel leGrand, lui ont « donné envie de raconter des histoires » [5]https://www.youtube.com/watch?v=RJ_yos_0PDo . La rencontre avec l’électro lui a « ouvert un pan de la musique », avec notamment Cold way. Elle dit : « J’aime m’inspirer de plein de styles différents car je crois que c’est comme ca qu’on fait des trucs un peu originaux. C’est quand on s’ouvre toutes les portes possibles ». [6]https://www.youtube.com/watch?v=RJ_yos_0PDo  Mais son inspiration vient aussi de ses rencontres : « Je suis très inspirée par les gens en général, par les discussions avec les gens, et j’aime beaucoup parler avec mes amis longuement en fin de soirée, de ce qu’il y a dans la tête profonde, des problèmes… Je suis principalement inspirée par les gens en général et puis après par les images, parce que j’aime beaucoup les nuages, les éclairs… » [7]https://www.youtube.com/watch?v=RJ_yos_0PDo. L’une de ses chansons s’inspirera du poème de Charles Baudelaire « la fontaine de sang » à laquelle elle en donnera le titre et confèrera son interprétation unique.

 

 

Sa voix et sa musique nous envoûtent. Zaho et ses compagnons, Tom Geffray, batteur, Pierre Cheguillaume et Alexis Delong aux arrangements, nous font entrer dans leur univers aux dimensions cosmiques, comme elle dit « nous aimons le cosmos« . Pour transmettre, rejoindre, faire du bien, elle ne trouve rien de mieux que la musique. Elle aurait voulu aider par le soin, en étant psychologue ou soignante, mais elle comprit que la musique devait prendre toute sa vie, qu’elle devait aller au bout de son désir, et qu’ainsi elle pourrait faire du bien. «  A partir du moment où on prend beaucoup de plaisir à faire quelque chose, y a rien de plus joli que de se dire qu’on va en faire toute notre vie. » [8]https://www.youtube.com/watch?v=RJ_yos_0PDo