Home > Société > Philippine, qui étais-tu ?

Élève modèle et brillante, sœur “parfaite”, fiancée à 19 ans, amoureuse des arts littéraires et de la poterie, d’équitation ; discrète, accueillante, douce et lumineuse, quelle force se cachait au fond de toi ? Quelle était cette foi que tu sembles avoir eu accrochée au cœur et au corps ?

Personne n’est jamais prêt à mourir de la mort qui fut la tienne, personne n’est prêt à laisser partir une personne aimée de la sorte. Mais pourtant, en toi, j’ai l’impression de voir la Grâce qui rend le ciel accessible à tout instant. Tu avais des combats sans aucun doute, personne n’est parfait, mais ta manière de traverser la vie m’indique une réelle union avec le Christ.

 

 

Tu aurais pu te laisser faire et sauver ta vie, personne ne t’aurait blâmée pour cela et tous t’auraient légitimement soutenue, mais les choses semblent s’être passées différemment. Tu as sûrement fait un autre choix et, devant choisir dans l’instant, il a dû te paraître impossible de faire autrement, comme si tu ne pouvais accepter ou mentir, comme si une vérité plus grande t’habitait. Comment accepter que l’on te vole ce que tu avais de plus précieux, ce que seul un écrin d’amour peut offrir ?
Tu as choisi la vérité dans ta lutte jusqu’à la mort, (sans calcul.)

Auras-tu eu le temps de lui pardonner ? La justice n’a pas pu t’être rendue. Ce sont les tiens qui seront appelés avec force et courage, dans la main de Dieu et sur la croix, à affronter ce chemin.

Le sang des martyrs est semence de chrétiens.
Mystérieusement, Dieu laisse parfois partir les meilleurs. Il a d’ailleurs laissé partir Son propre Fils, nu sur une croix. Mais cette mort fut aussi un don pour que l’histoire ne s’arrête pas là, pour que tous se convertissent et aient La vie éternelle, tous.
Comme le Christ, tu es morte d’une mort absurde et scandalisante. Tu as résisté pour préserver autant que possible ce temple de l’Esprit qu’est le corps. Tu entres ainsi dans la grande cohorte de tous ceux qui pour cela ont donné leur vie. Avec eux tu témoignes.

Il y avait foule, Philippine pour te dire à Dieu.
Celui-là même qui pleure avec tes parents, tes frères, tes sœurs, tes amis, ton fiancé et tous les français émus par ton départ.
Quel témoignage tu as donné au monde, de partir dans ce silence empli de grâce lors de ton enterrement, entourée de ta famille, digne, debout. Tu peux être fière des tiens !

Et toi Taha? Qui es-tu ?
Prends-tu conscience qu’on ne parle pas de toi au passé ? As-tu conscience de la grâce de ce que cela signifie ?
Beaucoup semblent désirer pour toi la mort. Si elle n’est pas physique, elle demeure sociale ou psychologique, beaucoup veulent réduire à néant ton avenir.

Dans quelles souffrances est partie ta victime ? Il n’y a que toi qui pourras dire ce qu’avec Dieu seul, tu sais.
Couvert d’ignominie, auras-tu à ton tour le courage d’affronter la vérité, comprendre et accepter que justice soit rendue ? Auras-tu le courage de la donner à ceux qui restent et qui l’ont tant aimée ? Ils l’ont accompagnée jusqu’à la tombe avec tant de dignité et la savent en paix.

Auras-tu à ton tour la force de regarder en face le mal commis, et vouloir quitter l’homme ancien qui en fut l’auteur ? Là seul est le chemin vers la miséricorde et la paix.
Comprends-tu que la foi de celle que tu as cherché à réifier, déshumaniser, et à qui tu as ôté la vie, lui aurait fait désirer que tu rencontres Celui qui était la source de sa joie ? Elle se savait aimée autant que toi. Oseras-tu y croire ?

Aujourd’hui tout laisse à penser que tu n’en es pas capable, mais une âme au ciel, j’en suis sûr, priera pour toi.

Philippine, avec tant d’autres je prierai pour toi, pour les tiens, pour ton agresseur. Mais toi surtout, puisque je le crois et telle est mon espérance, tu es auprès du Père, prie pour nous. Prie pour lui et prie pour moi cette prière de Saint Giuseppe Moscati :

« Aime la Vérité, montre la personne que tu es, sans feinte et sans peur, sans aucun ménagement.
Et si la Vérité te vaut la persécution, toi, accepte-la, si elle t’apporte le tourment, toi, supporte-le.
Et si pour la Vérité, il te fallait sacrifier toi-même et ta vie, sois fort dans le sacrifice ».

Répondre