Au théâtre de la Ville, à Paris, 3 jours du 24 au 26 Octobre 2024, deux grands chorégraphes, Crystal Pite et Christian Papadopoulos sont au service de la troupe phare Nederlands Dans Theater. Retour sur des moments de grâce et introduction à un chorégraphe surdoué !
Christos Papadopoulous
Christos Papadopoulous, le « surdoué d’Athènes », salué comme une nouvelle voix indispensable de la chorégraphie contemporaine, nous emmène dans une pièce unique.
Christos Papadopoulos est né en 1982 dans un petit village du Péloponnèse. Il découvre le théâtre lors de ses études de sciences politiques et se forme au National Theater of Greece Drama School, avant de se tourner vers la danse : « J’ai découvert que la danse et le mouvement me parlait plus que le langage et la vie m’a montré ce que j’aimerai faire »
Diplômé de la School for New Dance Developement d’Amsterdam, il rentre en Grèce en 2004. Suite à sa participation à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, il intègre la compagnie de Dimítris Papaïoánnou avec lequel il collabore étroitement pendant 12 ans. En 2016, il crée sa première pièce, Elvedon, qui lui vaut une reconnaissance internationale immédiate.
Avec « Ion » puis « Mycelium », il continue à explorer et passe maître dans l’observation de la nature. Il transcrit dans ses oeuvres une communion organique dans le mouvement, comme les vols d’oiseaux, les bancs de poisson ou les fils des champignons. La musique est également clé pour lui, une musique qui « pulse » comme des battements de cœur qui alimentent le corps entier, les cellules. Il travaille toujours de pair avec un compositeur et la composition musicale évolue avec les danseurs. Il décrit d’ailleurs la musique plus comme une vibration qu’une mélodie, quelque chose qui guide la totalité du mouvement.
Le rythme minimaliste et presque monotone insiste sur ce processus de la vie, comme un ralenti du rythme vital inscrit dans la nature, qui se développe poussée par cette soif de vivre. Selon les mots mêmes du chorégraphe, c’est un processus « où la décision individuelle se soumet au bien commun. Cela donne la beauté mais la beauté n’est pas le but visé ».
Les danseurs ne se regardent pas, font toujours face au public. Ils doivent trouver une autre communication, un autre regard. Il n’y a pas ou peu de toucher. Ils maintiennent en permanence une distance entre eux, comme un espace de respiration, de respect qui permet la circulation du corps entier, lui permet de se déployer et de se déplacer.
Un nouveau pas est franchi avec « Ties unseen » (liens invisibles) : sur la composition musicale électro envoûtante est de Jeph Vanger, Christos a été inspiré notamment par les grandes foules de l’art byzantin « qui demandent toutes la même chose mais de manière différente ». Il se dit « fasciné par les grands nombres d’individus qui se retrouvent pour un même but […] comme par exemple la société humaine, dont le but de nous tous ensemble est de souffrir notre vie et de rendre notre vivre-ensemble plus facile et plus joyeux ».
Le mouvement quasi-hypnotique des danseurs évolue avec la musique : la recherche initiale quelque peu saccadée et unitaire se développe en une harmonie organique, un déploiement dans le mouvement, dans l’occupation de la scène, mue tout à la fois par chacun et par quelque chose de plus. Le rythme évolue lentement en une courbe ascendante puis descendante sur les 35 minutes de ce long ballet, dont la longueur même est une provocation à la contemplation. Le spectateur entre dans l’émotion de chercher cette force invisible qui fait grandir le corps dans l’harmonie et la cohésion selon l’énergie qui est à la mesure de chaque membre. [1]Eph, 4-16
« J’aime à penser à la chorégraphie comme une force naturelle qui fait vibrer et guide l’ensemble et laisse chacun libre. C’est pourquoi je demande aux danseurs, d’abord de comprendre et de le faire parfaitement et ensuite d’être libre d’effacer et de modifier et alterner de la manière dont ils veulent la chorégraphie. »
Trailer
References
↑1 | Eph, 4-16 |
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