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Notre-Dame de Paris : Un Phare du Patrimoine et de la Foi

Depuis des siècles, Notre-Dame de Paris a transcendé son rôle de monument-cathédrale pour devenir un symbole universel. Sa majesté, son élégance, sa finesse a inspiré des générations et a marqué le patrimoine français, l’histoire et même le rayonnement international de la France.

 

 

Avant et après l’incendie : un lien personnel et collectif

Pour de nombreux visiteurs, fidèles ou touristes, Notre-Dame de Paris représente bien plus qu’une prouesse architecturale. Elle est le reflet d’une histoire personnelle, familiale ou spirituelle. Avant l’incendie tragique d’avril 2019, elle était pour beaucoup un lieu de prière, de recueillement, ou simplement une escale incontournable lors d’une balade sur l’île de la Cité. Avant l’incendie, elle n’était pas une destination naturelle pour moi. Je la considérais comme une église à forte densité touristique qu’il ne fallait pas côtoyer.  Cependant, après ce feu destructeur et ces années de reconstruction, cette relation intime est devenue de plus en plus forte, grâce à mon engagement de guide bénévole pour Notre-Dame de Paris. Chaque pierre restaurée, chaque élément replacé est devenu un témoignage de résilience et de respect pour notre héritage commun. Notre-Dame est devenue une espérance forte pour notre pays, une transcendance retrouvée.

Une icône du patrimoine et de l’histoire

Notre-Dame de Paris n’est pas seulement un monument d’architecture : elle est un symbole du génie, des aspirations spirituelles et de la culture française. À travers les siècles, elle a traversé des périodes de gloire et d’adversité. Sa place dans le patrimoine français est incommensurable.

Elle a été et sera toujours l’épicentre de grands événements historiques. Elle a accueilli la première réunion des Etats généraux du royaume de France sous l’initiative de Philippe le Bel en 1302. Elle a marqué l’ouverture du procès de réhabilitation de Jeanne d’Arc en 1431. Elle s’est enrichie sous Louis XIV de l’autel du vœu de Louis XIII en 1738. Elle a entendu la consécration de Louis XVI et de sa famille au Sacré Cœur, quelques mois avant leur assassinat. Le sacre de Napoléon en 1804 et la messe d’enterrement de mon ancêtre en 1842, Ferdinand duc d’Orléans, fils ainé du roi Louis Philippe se sont déroulés dans une cathédrale abimée et transformée en temple de la Raison pendant la Révolution, avant sa grande restauration par l’architecte Eugène Viollet-le-Duc à partir de 1845. En aout 1944 les cloches sonnèrent la libération de Paris et un Magnificat fut chanté en présence du général de Gaulle et du général Leclerc. La cathédrale a aussi accueilli la venue des papes Saint Jean Paul II en 1997 et Benoit XVI en 2008.

La cathédrale Notre-Dame de Paris raconte l’histoire de la France, notre histoire. Son influence dépasse les frontières : des millions de visiteurs du monde entier y voient à travers ce monument le sommet de la représentation de l’art médiéval et de la spiritualité européenne. C’est pourquoi sa destruction a ému le monde entier.

 

 

La réouverture : un message d’espérance

La réouverture de Notre-Dame, que nous avons vécu en direct ce 7 et 8 décembre 2024, et les premières messes ont été attendues avec ferveur. Pour les chrétiens, c’est une renaissance. C’est un appel à revenir à nos racines, à redécouvrir la puissance de la foi et de la communion. Pour l’Église, c’est aussi l’occasion de réaffirmer son rôle dans une société moderne parfois éloignée de ses valeurs spirituelles. Comme l’a dit le pape François dans son message : « Puisse donc la renaissance de cette admirable église constituer un signe prophétique du renouveau de l’Eglise en France. J’invite tous les baptisés qui entreront avec joie dans cette Cathédrale à ressentir une légitime fierté, et à se rapproprier leur héritage de foi. »

Un lien fort avec la royauté française

Les racines chrétiennes, notre héritage, sont représentées dans la galerie des rois de Juda de la façade occidentale de la cathédrale. C’est la généalogie du Christ. Elle est aussi symboliquement celle des rois de France. Double dynastie, unique filiation ? en tout cas intimement liée. C’est pourquoi ils ont été décapités à la Révolution française.

Plus bas sur la façade, un roi et un évêque entourent la Sainte Vierge. C’est le portail de Sainte Anne et son tympan. Le roi est à genoux. L’évêque se tient debout et un notaire écrit assis. Après chaque sacre à Reims, les rois de France venaient prêter serment sur la bible et à genoux devant l’évêque de Paris à Notre-Dame, serment de protection de l’Eglise et des chrétiens. Ce serment est intimement lié à la vocation de notre pays, plongé dans les eaux du baptême à Reims, lorsque Clovis décide d’embrasser la Foi chrétienne avec l’ensemble de ses francs, faisant de notre pays, la fille ainée de l’Eglise. Sur ce tympan, le notaire enregistre ce serment millénaire. Oui la France a pour vocation de défendre l’Eglise et les Chrétiens depuis son baptême à Reims. C’est inscrit dans notre ADN, quoi qu’on fasse.

 

Ostension de la Sainte Couronne sous la garde des Chevaliers du Saint Sépulcre

 

L’association CASA : gardienne de l’âme des monuments

En étant bénévole de l’association CASA (Communautés d’Accueil dans les Sites Artistiques) qui œuvre depuis des décennies pour valoriser le patrimoine religieux et accueillir les visiteurs, j’ai trouvé un engagement humble à hauteur d’hommes, accessible pour tous. Fondée sur des principes de bénévolat et d’engagement spirituel, CASA Notre-Dame réunit des passionnés d’histoire, d’art et de foi. L’implication des bénévoles de CASA va bien au-delà de Notre-Dame. L’association CASA fait visiter et fait découvrir d’autres trésors cachés, évoquant des lieux à travers la France moins connus mais tout aussi riches en histoire.

Mes anecdotes et moments marquants sur Notre-Dame

Je souhaite partager deux souvenirs particuliers. Le premier est lié à l’incendie en 2019. Alors que nous étions à Paris, informés par notre réseau d’amis du début d’incendie, nous avons rejoint en début de soirée l’ile de la cité, qui était déjà très encombrée par l’intervention des pompiers et par la foule qui convergeait vers Notre-Dame. Nous avons été marqués par la ferveur, l’émotion et le silence ému des Parisiens. Beaucoup étaient à genoux en train de prier, récitant le chapelet en chantant, d’autres pleuraient. Dans une séquence du film de Jean Jacques Annaud : « Notre Dame brule », qui me fait encore frissonner, la caméra suit les pompiers volontaires qui veulent sauver au péril de leur vie le beffroi nord, dernier élément susceptible de faire tomber définitivement la cathédrale. Les pompiers racontent qu’ils entendaient le chant de prières monter vers eux et vers le ciel du haut des 30 mètres du beffroi. Ces « Je vous salue Marie » les ont portés dans le combat contre le feu.

Le deuxième souvenir est lié à une photo exceptionnelle prise lors de l’entrée des premiers journalistes dans Notre-Dame la nuit de l’incendie. Cette photo montre la Croix dorée au-dessus de l’autel, au fond du chœur de la cathédrale, alors que les débris de bois noircis par le feu tombent de la voute effondrée et que la fumée envahit la nef. La Croix du Christ est debout, au fond de la nef. Elle est Glorieuse. Elle brille alors qu’il n’y a pas de lumière, alors que tout est sombre. Cette Croix reste solidement ancrée, tandis que les pierres se fendent. Cette Croix demeure, dressée sur Paris, plantée dans notre terre de France depuis le baptême de Clovis. Elle est glorieuse malgré l’épreuve du feu et de l’eau des pompiers inondant la charpente. La Croix est glorieuse au cœur des épreuves que traversent la France actuellement.

Ces deux anecdotes illustrent la richesse et la profondeur de l’attachement que suscite Notre-Dame. Mais au-delà de l’émotion du partage, elles montrent de manière visible et invisible une situation nouvelle pour notre pays, comme Lazare sortant de la torpeur de la mort, enveloppé de bandelettes. Heureux ceux ont vu et qui ont cru.

 

 

Une nouvelle étape pour Notre-Dame, ses visiteurs et chacun d’entre nous

Alors que Notre-Dame a commencé à réouvrir ses portes à tous, notre cathédrale incarne une nouvelle renaissance. Pour nous, bénévoles de CASA et les quinze millions de visiteurs attendus, Notre Dame reste notre phare dans la nuit : un lieu où l’histoire rencontre la foi, où le patrimoine dialogue avec l’avenir et l’espérance, un signe d’une nouvelle ardeur de la foi capable de soulever les âmes vers Celui qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie ». Il aura fallu ces flammes et cette eau salvatrice des pompiers, coulant comme l’eau du baptême, pour qu’un élan soudain renforce l’unité d’un peuple autour de ses racines chrétiennes.

Entrons alors d’un pas assuré dans la cathédrale de Dieu, vénérons les saints qui se trouvent dans les chapelles, tombons à genoux devant notre Dieu qui nous attend au tabernacle et vénérons-le devant sa Sainte Couronne, renouvelons notre profession de foi, promettons-lui de nouveau notre fidélité la plus parfaite.  Allons devant Notre-Dame du Pilier et prions-la dans l’expression la plus simple « Ô Marie, obtenez moi d’aimer Votre adorable Fils jusqu’au dernier jour de ma vie ». Et comme le dit Pie XII « soyez sûrs que, ce faisant, vous répondrez à votre vocation d’hommes, de chrétiens, de Français ».

 

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